Contenu du sommaire : Politiques étrangères de l'URSS et des démocraties populaires depuis 1945 ? I

Revue Relations internationales Mir@bel
Numéro no 147, automne 2011
Titre du numéro Politiques étrangères de l'URSS et des démocraties populaires depuis 1945 ? I
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Introduction - Antoine Marès, Marie-Pierre Rey p. 3-5 accès libre
  • Le 9 mai contre le 7 novembre : concurrence commémorative et nouvelle légitimité internationale de l'URSS - Jean-François Fayet p. 7-18 accès libre avec résumé
    Conscients de l'importance des commémorations pour enraciner un régime dont la légitimité était contestée, les communistes russes se sont attachés dès leur arrivée au pouvoir à la construction d'une nouvelle mémoire collective par la réorganisation du temps autour de l'acte fondateur : la révolution d'Octobre. Après 1945, la légitimité du régime est totalement renversée, et ce changement de statut sur la scène internationale n'est pas sans conséquence sur l'équilibre interne du pouvoir et sur sa représentation symbolique. À l'inverse des commémorations du 7 novembre, qui confortent la légitimité révolutionnaire du régime, c'est-à-dire le Parti, le 9 mai, jour de la victoire, est une mise en scène de l'armée et du sacrifice de la population. Le 9 mai contre le 7 novembre c'est l'histoire de la concurrence de deux légitimités et de la façon dont les équipes dirigeantes successives se sont efforcées d'en gérer la mise en scène.
  • Avril 1952, la conférence économique de Moscou : changement de tactique ou innovation dans la politique extérieure stalinienne ? - Mikhail Lipkin p. 19-33 accès libre avec résumé
    Cet article analyse les causes, la signification et les conséquences de la Conférence économique internationale de Moscou qui s'est déroulée du 3 au 12 avril 1952. Fondé sur de nouveaux témoignages en provenance des Archives d'État russes d'histoire politique et sociale, il montre que l'objectif majeur de cette réunion était de transformer par le commerce la logique de guerre froide en coexistence pacifique. Ce fut la première tentative d'ouvrir le rideau de fer et d'inaugurer la détente. Une des réussites majeures de la Conférence a été l'entame de discussions secrètes, en août 1952, avec les principales industries ouest-allemandes en vue d'établir des relations commerciales. Mais la Conférence ne déboucha pas sur des résultats immédiats en raison du virage opéré par Staline lui-même à la fin de l'année 1952 : elle a pourtant enrichi la politique étrangère soviétique de nouvelles idées qui devinrent le noyau de la stratégie soviétique de l'ère Khrouchtchev et Brejnev.
  • Des frontières s'ouvrent et se ferment. La mise en place d'un espace socialiste derrière le rideau de fer, 1953-1970 - Sabine Dullin p. 35-48 accès libre avec résumé
    La mort de Staline entraîne un vent de réformes : parmi elles, des mesures d'ouverture des frontières internes au bloc socialiste. Impulsées par Beria en 1953 et mises en place dans les années 1955-1966, ces mesures assouplissent les règles de voyage et de séjour entre les citoyens soviétiques et ceux des pays de l'Est. Comme en témoignent les interviews menées sur la frontière ukraino- slovaque, les retrouvailles entre familles séparées par la frontière depuis 1946 datent de ce moment. Ces réformes révèlent aussi dans un jeu complexe d'ouverture/fermeture le nouvel espace socialiste qui s'est créé à l'ombre du rideau de fer et du mur de Berlin. Espace de coopération policière et militaire dont la répression collective du Printemps de Prague est le point d'orgue, il est cependant miné par la circulation des biens et des idées que le dégel a favorisée.
  • Une offensive cinématographique soviétique en France ? Les enjeux du retour du cinéma soviétique sur les écrans français dans l'après-guerre - Pauline Gallinari p. 49-58 accès libre avec résumé
    Dès la Libération, les films soviétiques sont de retour sur les écrans de cinéma français. Jusqu'en 1947, le cinéma soviétique semble bénéficier d'une visibilité inédite en France en circulant d'une part dans les réseaux d'exploitation commerciale et d'autre part dans les circuits de l'exploitation non commerciale. Peut-on pour autant considérer qu'il y a eu une offensive cinématographique soviétique en France dans l'après-guerre ? Si l'URSS a d'indéniables ambitions cinématographiques, dont le moteur est idéologique, dans quelle mesure celles-ci sont-elles réalisées ? Cet article revient sur les enjeux inhérents à la diffusion du cinéma soviétique en France pour interroger sa mise en oeuvre. Les résultats de l'entreprise cinématographique soviétique sont considérés afin d'évaluer l'ampleur et l'impact de la diffusion du cinéma soviétique en France dans l'après-guerre.
  • Défier Hollywood : la diplomatie culturelle et le cinéma à l'ère Brejnev - Andreï Kozovoï p. 59-71 accès libre avec résumé
    Après 1964, la diplomatie culturelle soviétique utilise plus que jamais l'industrie cinématographique pour rivaliser avec « l'ennemi principal » de guerre froide, Hollywood, et ce, dans le monde entier. De la célèbre adaptation par Bondartchouk de Guerre et paix de Tolstoï (1965) à la saga militaire Libération (1971), largement oubliée aujourd'hui, la première partie de l'ère Brejnev est marquée par un effort destiné non seulement à regagner le terrain perdu face aux États-Unis, mais aussi à contrer une vision de l'histoire hostile à la mythologie officielle du parti. Si le bilan de cette offensive apparaît décevant, l'étude des coproductions montre qu'en réalité, il convient de se garder des schémas binaires (efficacité/inefficacité) dans l'étude de la diplomatie culturelle soviétique.
  • L'Europe occidentale dans la politique extérieure soviétique de Brejnev à Gorbatchev, évolution ou révolution ? - Marie-Pierre Rey p. 73-84 accès libre avec résumé
    L'article retrace l'évolution majeure, qui au plan des pratiques comme des représentations, a caractérisé la politique soviétique à l'égard de la CEE, de l'arrivée de Leonid Brejnev au poste de secrétaire général du PCUS en 1964 à la disparition de l'URSS en 1991. Alors que, de 1957 à 1964, l'URSS, campée dans un schéma hérité de la guerre froide, apparaît comme viscéralement hostile à la CEE, une évolution sensible se dessine à la fin des années 1960. Toutefois, le rapprochement qui s'esquisse alors (l'URSS reconnaît de facto la CEE en 1972) reste circonstanciel et limité. En revanche, avec la nouvelle pensée lancée en 1986, ce rapprochement, d'envergure inédite, change de nature et s'inscrit désormais dans la révolution idéaliste impulsée par Mikhaïl Gorbatchev.
  • Les promesses faites à Gorbatchev : l'avenir des alliances au crépuscule de la guerre froide - André Liebich p. 85-96 accès libre avec résumé
    La thèse d'un engagement occidental de ne pas élargir l'OTAN à l'Est est un mythe fondateur de la Fédération russe actuelle. Elle est vigoureusement réfutée à l'Ouest, quoiqu'elle ait ses adhérents ici aussi. Le débat est monté d'un cran dernièrement avec une étude très fouillée publiée dans le Washington Quarterly qui prétend infirmer la thèse russe, sur la base de documents rendus récemment disponibles. En fait, les documents essentiels, notamment les procès-verbaux des rencontres et les mémoires des acteurs, sont connus depuis longtemps. Si les documents confirment l'ambiguïté des engagements pris à l'époque, un examen du contexte historique met en exergue l'esprit des assurances proférées aux Soviétiques à un moment où la faiblesse de l'OTAN ne laissait aucunement présager l'élargissement qui l'attendait.
  • Quand Berne aidait Moscou. Conception et perception de l'aide humanitaire suisse lors de l'effondrement de l'Union soviétique - Irène Herrmann p. 97-107 accès libre avec résumé
    Comment peut-on donner de l'aide humanitaire à beaucoup plus puissant que soi ? Comment peut-on accepter des secours de beaucoup plus insignifiants que soi ? Telles sont les questions auxquelles ambitionne de répondre cet article en examinant la perception de l'assistance portée par la Confédération helvétique à la Russie (soviétique) avant, pendant et après la perestroïka. L'analyse de ces différents moments signale trois modes d'appréhension distincts de l'humanitaire : idéologique, pragmatique ou enfin imprégné de Realpolitik. Chacun de ces usages détermine une réception spécifique permettant soit d'afficher son appartenance à un camp politique précis, de faire face à une situation désastreuse ou de s'attacher les bonnes grâces de la communauté internationale. Au-delà de ces distinctions, on note pourtant que recevoir est souvent humiliant et donner généralement intéressé.