Contenu du sommaire : L'économie politique des pays émergents

Revue Revue internationale de politique comparée Mir@bel
Numéro vol. 18, no 3, 2011
Titre du numéro L'économie politique des pays émergents
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Dossier : L'économie politique des pays émergents

    • Avant-propos - p. 7-10 accès libre
    • Comment les pays émergents se sont-ils développés économiquement ? La perspective de l'économie politique - Jean-Louis Thiébault p. 11-46 accès libre avec résumé
      Tous les pays émergents ont connu le passage entre un modèle de développement économique conduit par l'Etat et tourné vers l'intérieur et un autre modèle, mettant davantage l'accent sur le marché et l' ouverture au commerce extérieur et à l'investissement étranger. Toutefois le rôle de l'Etat n'a pas disparu. L'Etat est resté l'acteur essentiel dans l'émergence économique de ces pays. Leur réussite ne peut s'expliquer que par le rôle particulier joué traditionnellement par l'Etat dans ce type de pays, surtout en Asie et, à un degré moindre, en Amérique Latine
    • Les origines institutionnelles et l'économie politique comparative du développement tardif - David Waldner, Elyssa Dunfee p. 47-67 accès libre avec résumé
      Durant les deux dernières décennies, les spécialistes des sciences sociales ont produit une importante littérature sur les déterminants institutionnels du développement. Les économistes s'appuient en grande partie sur les études économétriques transnationales et se concentrent sur le rôle des institutions qui renforcent le marché tandis que les spécialistes de science politique et les sociologues élaborent leurs théories sur les fonctions de l'Etat développeur qui détourne le marché à partir d'études de cas. Plus récemment, des chercheurs ont commencé à développer des théories basées sur les origines institutionnelles. Cet article passe en revue trois types de théories de formation de l'Etat, à savoir une approche basée sur la guerre, une autre sur le colonialisme et une troisième sur la structure économique. Aucune de ces approches ne semble définitive. Cet article conclut en considérant quelques approches synthétiques.
    • L'émergence est une économie politique. Vers une économie politique comparée de l'industrialisation et de la globalisation industrielle en Chine et en Inde - Joël Ruet p. 69-93 accès libre avec résumé
      Les économies des pays émergents nécessitent un regard original, qui permet en retour de questionner les approches d'économie comparée du développement et les politiques industrielles comparées. L'objet central de cet article concerne les politiques industrielles et leurs modes de régulation. Ces questions éclairent le capitalisme et en particulier l'économie politique du système capitaliste indien et de ce qu'on appelle avec imprécision le "capitalisme d'État" dans le cas de la Chine. La visée de l'article est de suggérer qu'il faut renouveler le regard sur ces économies politiques. Trois thèses en particulier sont déployées et structurent thématiquement cet article. Pour les deux pays, les politiques industrielles ont procédé -et continuent de le faire d'un système d'encastrement de l'économique au politique et au social. Corolaire de l'assertion précédente, les choix économiques relatifs à l' entrée de ces deux pays dans la globalisation n'ont pas été la conséquence de mobilisations internes d'acteurs bénéficiant de la globalisation, mais ont plutôt procédé de choix publics. Sans aucunement négliger le rôle des entrepreneurs indiens, il s'agit ici de rappeler leur inscription dans une trajectoire de capitalisme proche des réseaux d'État; pour la Chine il s'agit de pousser l'intéressante thèse d'un capitalisme avec des caractéristiques chinoises (Huang Yasheng) vers la thèse d'un non-capitalisme. Dans les deux cas, la cohésion économique-territoriale et nationale est l'enjeu structurant. Enfin, les industries et entreprises des deux pays font plus que de se multinationaliser, elles se globalisent. En conclusion directe de ces trois thèses, qui toutes posent en somme que les relations économiques dans ces pays ne sont pas stabilisées mais au contraire dynamiques, l'article suggère qu'une économie de l'émergence n'a pas de clôture systémique. Une théorie économique de l'émergence, entendue en tant que système de pensée autonome de la production et des échanges et de leur organisation, rencontre en Chine et en Inde toujours un politique et un social en mouvement. L'économie stricte de l'émergence est impossible ; la pensée de l'émergence est nécessairement une économie politique.
    • La Chine face au grand jeu du G20 et de la gouvernance mondiale - Yves Tiberghien p. 95-121 accès libre avec résumé
      Le monde est au beau milieu d'une transformation historique. Nous faisons face en parallèle à l'urgence de stabilisation du régime financier global et du changement climatique, défis exigeant plus de gouvernance mondiale. En même temps, la période de 2000 à 2030 est marquée par un basculement du pouvoir économique mondial des pays de l'OCDE vers les pays émergents et surtout des acteurs asiatiques. Chine, Inde et Brésil en sont les bénéficiaires principaux. Comment, dès lors, évaluer le rôle de la Chine dans le jeu clef de la gouvernance mondiale, à savoir le G20 ? Cet article montre que la Chine, propulsée sur le devant de la scène globale plus rapidement que prévu, suit une approche pragmatique, graduelle, et diverse face aux différents sujets du G20. Ceci est le résultat d'un système de gouvernance interne fragmenté et pluraliste et d'une transition au sommet de son leadership politique. La Chine cherche à stabiliser le système mondial, tout en augmentant sa voix dans les institutions internationales, mais en évitant de s'engager trop vite dans des institutions qu'elle ne contrôle pas encore. La Chine développe des liens à la fois du côté BRICS et du côté européen. L'article utilise des données primaires et des entretiens de terrain pour analyser le rôle de la Chine sur plusieurs débats du G20.
    • Tel Janus : les deux faces du Brésil émergent - Philippe Faucher p. 123-150 accès libre avec résumé
      Le Brésil en ?émergence? se caractérise par une croissance économique soutenue et par une présence affirmée sur la scène internationale. La croissance économique des dernières années est l'expression de la consolidation démocratique et de la stabilité macro-économique dans une conjoncture internationale porteuse. Des interventions très calibrées des autorités monétaires ont permis au Brésil de traverser la crise financière internationale de 2008 sans trop de heurts. Les politiques de redistributions implantées depuis la fin des années 1990 donnent des fruits. La pauvreté est en régression. Longtemps absent, le Brésil s'affirme sur la scène internationale. Ses exigences concernant le renouvellement des rapports Nord-Sud, ses revendications pour une démocratie accrue des instances internationales, les alliances avec les pays en développement et son engagement dans des opérations de maintien de la paix, témoignent d'une affirmation qui ébranle et séduit la communauté internationale. Le pays demeure marqué par des inégalités sociales profondes et les tensions correspondantes. La croissance facilite les arbitrages. Maintenir le cap sur les réformes sans accentuer l'instabilité est le grand défi des successeurs de Lula.
    • Le développement du réseau routier en Chine : inconséquences et inégalités - Kun-Chin Lin p. 151-179 accès libre avec résumé
      La Chine possède l'un des réseaux routiers les plus denses de tous les pays émergents. Cependant, les données aux niveaux national et régional révèlent deux tendances déconcertantes. D'une part, la croissance de la longueur totale des routes a ralenti depuis 2003, malgré l'affichage d'une politique qui vise à produire l'effet inverse. D'autre part, les régions du centre et de l'ouest de la Chine continuent de privilégier les voies expresses et voies rapides, en dépit de leurs besoins urgents de lutter contre la pauvreté et d'améliorer la circulation des marchés. Nous postulons que les institutions financières fédérales ont fortement influencé les motivations des dirigeants des provinces chinoises, acteurs clés dans la définition des priorités et dans le choix des moyens de financement. Nous soutenons que trois variables ? insuffisance des revenus fiscaux, biais procéduriers, et qualité de la participation des capitaux privés ? expliquent la discrimination qu'exercent les dirigeants des provinces à l'encontre de certaines formes de financement et de certains types de routes. Ces variables suggèrent un mécanisme vicieux : les provinces de l'intérieur, qui pâtissent de systèmes fiscaux inadaptés et ne bénéficient que de médiocres capitaux privés, sont incitées à concentrer leurs ressources sur la création de voies rapides à péage.
    • IDE en Chine : une main visible - Changyuan Luo, Guanghua Wan p. 181-199 accès libre avec résumé
      Cet article étudie les impacts des IDE sur le développement financier en Chine. L'étude empirique, basée sur des données de panel au niveau provincial entre 1987 et 2004, montre que les IDE stimulent les prêts des quatre grandes banques d'état mais n'a aucun effet sur les prêts des autres institutions financières. Le modèle à équations simultanées indique par ailleurs que le développement des circuits financiers mesuré au travers des prêts des quatre grandes banques joue un rôle positif d'attirance des IDE, ce qui signifie que la causalité entre eux est à double sens. En réduisant l'asymétrie d'information entre les banques d'état et leurs clients, les IDE améliorent l'efficacité du système financier. Les entreprises modernes ayant des liens avec les IDE deviennent les nouveaux clients des banques d'état.
    • Globalisation économique et fragmentation de la décision politique : le cas des fonds souverains chinois - Pascale Massot p. 201-230 accès libre avec résumé
      La Chine, parce qu'elle est au centre d'un repositionnement sur la scène internationale, tant sur le plan financier que politique, attise les discussions qui portent sur les investissements d'État à l'étranger. Ce qui est particulièrement fascinant dans le cas de la Chine c'est qu'elle a développé plusieurs fonds souverains (FS) et que ces différents FS chinois se comportent de façon substantiellement différente. Ainsi, nous proposons de répondre à la question suivante : Comment expliquer la divergence de profil d'investissement entre les FS chinois? Cet article met de l'avant un modèle exploratoire, qui nous permettra de développer de nouvelles hypothèses concernant les causes de la variation de profil des FS chinois sur la scène internationale. Notre variable explicative consiste en des coalitions politiques hybrides au sein du leadership chinois, qui ont un impact sur la création, le mandat et les stratégies d'investissement des FS chinois.
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