Contenu du sommaire : Économie politique tricontinentale : les nouveaux paradigmes Suds-Suds
Revue | Revue Tiers-Monde |
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Numéro | no 208, octobre-décembre 2011 |
Titre du numéro | Économie politique tricontinentale : les nouveaux paradigmes Suds-Suds |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier
- Introduction - Philippe Hugon, Jaime Marques Pereira p. 7-26
- Les relations économiques afro-asiatiques dans l'histoire globale - Philippe Norel p. 27-44 Cet article cherche à donner un aperçu historique global des relations économiques de l'Afrique subsaharienne et de l'Asie sur presque trois millénaires, afin de cerner l'influence ultérieure de ces échanges de longue durée sur les stratégies de développement au sud du Sahara. S'appuyant sur une révision partielle de la théorie des sytèmes-monde, ce travail montre que l'Afrique subsaharienne a longtemps figuré comme une périphérie d'économies orientales et asiatiques consommatrices de ses produits primaires. En revanche, les intermédiaires africains du grand commerce, swahili notamment, ont conforté une structure problématique au sein de laquelle ils se réservaient les produits de prestige venus du coeur du système, sans contribuer à une réelle dynamique économique intérieure au continent.
- L'économie politique tricontinentale : le cas des relations de l'Afrique avec la Chine et l'Inde - Philippe Hugon p. 45-63 Cet article différencie et compare les relations de la Chine et de l'Inde avec les 54 États d'Afrique, et analyse en quoi elles sont constitutives d'une extension du marché africain et d'innovation ou d'un renforcement des régimes rentiers. Il pose ainsi quatre questions interdépendantes : celle des ressources naturelles avec des effets ou non de « dutch disease », celle de la spécialisation internationale de l'Afrique avec des effets de détour ou de création de commerce, de remontée en gamme de produits ou de spécialisation appauvrissante, celle des IDE avec des effets d'entraînement, d'innovations, d'enclave ou d'extraversion et celle de l'impact comparé de l'aide de la Chine et de l'Inde.
- La Chine et l'Amérique latine : le grand chambardement ? - Mathieu Arès, Christian Deblock, Ting-Sheng Lin p. 65-82 Alors que certains voient dans la croissance phénoménale de la Chine et dans ses immenses besoins en matières premières un véritable Eldorado pour l'Amérique latine, d'autres, au contraire, s'inquiètent des effets déstructurant des nouveaux courants d'échange et de la diplomatie commerciale chinoise sur les circuits de production et les processus d'intégration. En peu de temps, la carte économique, non seulement de l'Amérique latine mais de tout le continent, s'est trouvée bouleversée, et ce sans que l'on sache trop encore pour le moment ce qui va en ressortir, sinon qu'il y a matière à s'interroger sérieusement, selon les auteurs, tant sur les schémas de développement qui se mettent en place que sur les évolutions futures d'une relation bilatérale qui est à ce point dépendante des décisions des autorités chinoises en matière de développement.
- Les défis de l'influence de la Chine sur le développement du Brésil : Avantages comparatifs et conflit distributif - Miguel Bruno, Joseph Halevi, Jaime Marques Pereira p. 83-102 Cet article étudie l'impact du développement économique de la Chine sur l'économie brésilienne en partant du compromis sur la distribution des revenus qu'a établi la présidence Lula sur la base d'une orthodoxie fiscale pour chercher à restimuler la croissance du marché domestique. La consistance sectorielle du développement brésilien est mise en rapport avec le conflit distributif. On en conclut qu'une stratégie néo-développementaliste doit permettre d'atteindre l'objectif d'une structure productive cohérente. Dans ce contexte, la capacité du Brésil à relever le défi que représentent les exportations industrielles chinoises pour son marché domestique dépend de la formulation d'un nouveau compromis distributif. Plus particulièrement, un système fiscal plus progressif apparaît comme la condition d'une politique néostructuraliste dans le cadre de l'intégration régionale.
- La mondialisation par le bas et ses formes de régulation politique - Carlos Alba Vega p. 103-119 Cet article porte sur la globalisation par le bas qui concerne des millions de personnes et de marchandises qui se déplacent avec et sans papiers en participant à l'autre versant de la globalisation hégémonique. Ces flux, qui impliquent des transactions peu institutionnalisées, informelles, parfois « semi-légales » ou illégales, sont le fait de migrants, de commerçants et de petits entrepreneurs qui transmettent des marchandises neuves ou usagées, originales ou piratées, à des consommateurs qui, autrement, n'auraient pas accès à ces flux mondiaux de la richesse. En quoi consiste cette globalisation par le bas ? Comment les commerçants ambulants s'organisent-ils pour vendre les marchandises dans des lieux interdits ? Telles sont les deux questions qui guident cette recherche basée sur des entretiens et des questionnaires effectués dans la ville de Mexico.
- La montée de la « Chindiafrique » et le pionnier du développement A. O. Hirschman - Jean-Joseph Boillot p. 121-138 Dans cet article, le décollage et la montée en puissance des deux géants asiatiques sont analysés sur la longue période sous l'angle des analyses hirschmaniennes, dont les catégories de passions et d'intérêt, d'effets de liaison, de bonheur privé et d'action publique, de déséquilibres et, surtout, de non-linéarité du développement apparaissent très fécondes pour rendre compte de la trajectoire de ces pays depuis les années 1950. Elles peuvent dès lors servir à éclairer d'un jour nouveau la question du décollage économique de l'Afrique et de ses transformations structurelles à venir sous l'effet d'une transition démographique et politique décalée par rapport à la « Chindia ». Il reste que le principal enseignement d'Hirschman reste valide : les trajectoires de développement sont trop complexes pour être prévues et requièrent beaucoup de modestie dans tout exercice de prospective.
Varia
- Les hydrocarbures dans le processus de transformation bolivien : nationalisation et capital étranger (2006-2009) - Ricardo Molero Simarro, María José Paz Antolín, Juan Manuel Ramírez Cendrero p. 139-158 S'inscrivant dans le cadre de la discussion relative à la proposition de transformation de l'économie mise en oeuvre par le MAS en Bolivie, ce travail est axé sur l'analyse des changements introduits concernant le rôle de l'État dans l'exploitation des ressources naturelles et la réglementation des activités des entreprises étrangères. Dans un premier temps, le processus dit de nationalisation des hydrocarbures est resitué dans l'ensemble de la proposition de transformation pour, à partir de là, expliquer en quoi celle-ci a consisté. Enfin, l'évolution des six indicateurs permettant d'évaluer les résultats de ce processus est analysée pour la période 2006-2009 : IDE, investissement dans l'exploration et la production, production, exportations, réserves et recettes fiscales. Cette analyse permet de remettre en question la validité des arguments en faveur d'une réduction de la pression fiscale pour accroître l'investissement et les recettes fiscales, tout en exposant cependant quelques limites et insuffisances de la stratégie de nationalisation.
- L'économie solidaire face à l'État en Amérique latine : Les dynamiques contrastées du Brésil et du Venezuela - Andreia Lemaître, Madeleine Richer, Genauto Carvalho de França Filho p. 159-175 Pour illustrer la question du rapport entre l'État et l'économie solidaire (ES) en Amérique latine, nous présentons deux études de cas, celle du Venezuela et celle du Brésil, toutes deux considérées comme novatrices dans le domaine. Dans ces pays, le secteur de l'ES est aujourd'hui en pleine expansion et des politiques publiques émergent à destination de ce champ. Toutefois, les dynamiques impulsées par l'État dans la structuration du mouvement d'ES y sont opposées. Dans un cas, la construction de la politique publique suit une approche top-down et de nombreuses initiatives d'ES sont le fruit d'une politique volontariste de l'État. Dans l'autre, la politique publique est le fruit d'une relation de concertation entre le gouvernement et le mouvement social d'ES, qui a progressivement conquis une place dans l'espace public. Dans l'article, nous présentons ces deux processus d'institutionnalisation et tirons des conclusions transversales relatives aux défis concernant le développement du secteur de l'ES et sa relation à l'État ou à d'autres institutions.
- Le retour en trompe l'oeil de la politique industrielle : L'expert, l'État et l'économie politique locale - Alain Piveteau, Éric Rougier p. 177-192 L'ajustement structurel et la globalisation ont profondément modifié la conception et les approches de la politique industrielle. Dans le cas du Maghreb, nous montrons que le renouvellement de l'expertise internationale a été un vecteur important du glissement vers la construction de stratégies industrielles de globalisation. Cependant, les contextes politiques nationaux, articulés autour de l'État et de coalitions restreintes, continuent d'orienter les politiques effectivement mises en oeuvre. Au final, le « retour » de la politique industrielle sur fond d'expertise internationale reproduit des logiques opportunistes, tournées vers le marché européen sans rupture fondamentale avec les tendances passées.
- Les hydrocarbures dans le processus de transformation bolivien : nationalisation et capital étranger (2006-2009) - Ricardo Molero Simarro, María José Paz Antolín, Juan Manuel Ramírez Cendrero p. 139-158
Analyses bibliographiques
- Analyses bibliographiques - p. 193-212
- Ouvrages sur le développement diffusés en France de mars à septembre 2011 - p. 213-215