Contenu du sommaire : Algérie - France : Une communauté de destin
Revue | Hommes et migrations |
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Numéro | no 1295, janvier-février 2012 |
Titre du numéro | Algérie - France : Une communauté de destin |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier : Algérie - France : Une communauté de destin
- coordonné par Mustapha Harzoune p. 6- La tectonique des peuples - Mustapha Harzoune p. 6
- L'émigration algérienne en France au XXe siècle. Un exil planifié - Mohand Khellil p. 12 L'émigration des Algériens vers la France est ancienne et a changé plusieurs fois de forme tout au long du XXe siècle. Conçue au départ pour alimenter une immigration de travail, elle était vécue comme un exil supposé temporaire. À partir du milieu des années soixante-dix, en vertu des dispositifs de regroupement familial, le départ de l'Algérie a débouché sur une installation plus pérenne, voire définitive, en France. Le choix de rester sur le territoire français, d'en acquérir la nationalité, d'y fonder une famille, continue depuis de se heurter aux soupçons lancinants des discours sur l'intégration.
- La situation paradoxale de l'immigration algérienne. Entretien avec Yves Lacoste - réalisé par Marie Poinsot et Terence Carbin p. 26 Yves Lacoste est le père de l'École française de géopolitique. Né en 1929 à Fès, au Maroc, il a contribué à la lutte des Algériens pour l'indépendance. Suite aux émeutes de 2005 dans les banlieues françaises, il revient sur l'intrication des liens historiques et symboliques entre la France et les pays anciennement colonisés. La réalité sociale vécue par les descendants d'immigrés jointe à la méconnaissance de l'histoire de leur présence en France pourrait expliquer l'embrasement des grands ensembles urbains.
- Les foyers de travailleurs. Un lieu emblématique de la présence algérienne en France - Jacque Barou p. 40 Au milieu des années cinquante, la création de la Société nationale de construction pour les travailleurs algériens (Sonacotral) témoigne de la volonté d'accueillir et d'encadrer les travailleurs immigrés venant d'Algérie. À la clé, la création de foyers censés favoriser à la fois le contrôle politique de ces populations et leur insertion dans la société française. Si, aujourd'hui, la population des foyers tend à se diversifier, pour beaucoup de leurs habitants âgés, ces lieux d'exil au départ temporaires sont devenus des points d'ancrage définitifs.
- Les couples mixtes franco-algériens en France. D'une génération à l'autre - Beate Collet et Emmanuelle Santelli p. 54 Le nombre de mariages mixtes en dit long sur la capacité d'une société à favoriser les contacts entre les différentes populations qui la composent. Les immigré(e)s arrivé(e)s célibataires trouvent en France un marché matrimonial dynamique et diversifié qui leur offre la possibilité soit de s'unir avec une personne de même origine soit de s'engager dans une relation mixte. Si l'ancienneté de la présence des immigré(e)s algérien(ne)s et l'intégration de leurs descendant(e)s à la société française favorisent les unions mixes, des résistances demeurent.
- La transmission des langues et des identités en contexte migratoire. Le cas de deux familles de France d'origine berbère - Luc Biichlé p. 66 En contexte post-migratoire, la transmission des langues des parents ou des grands-parents et de la culture qui s'y attache ne va pas de soi. Au fil du temps, les descendants d'immigrés oublient les idiomes et s'appuient, pour se construire, sur d'autres univers de valeurs, d'autres références culturelles. Le cas de deux familles françaises d'origine berbère révèle la difficulté de maintenir les langues et identités d'origine chez des enfants inscrits dans la tourmente identitaire de la migration.
- La participation politique des immigrés algériens et de leurs descendants en France. Entretien avec Vincent Tiberj - réalisé par Marie Poinsot p. 78
- L'articulation des mémoires franco-algériennes - Abdelhafid Hammouche p. 90 L'engagement associatif des migrants algériens et de leurs enfants, depuis plusieurs décennies, est confronté à la difficile tâche d'affirmer leur place au sein de la société française tout en relevant les épisodes sombres de l'histoire entre la France et l'Algérie. Leur prise de parole n'est pas seulement faite de dénonciations, de la torture par exemple. Elle témoigne aussi d'un ancrage citoyen en France. Derrière la demande de reconnaissance se profile l'aspiration à l'apaisement possible de ces mémoires tendues entre deux pays.
- L'histoire du fait colonial dans l'enseignement secondaire. De nouvelles perspectives - Laurent Wirth p. 102 Les nouveaux programmes scolaires de l'Éducation nationale au collège et au lycée traduisent l'évolution du regard que la société française porte sur son passé. Si l'histoire de la période coloniale servait autrefois à glorifier l'empire français, un changement de perspective permet aujourd'hui de traiter à la fois des civilisations précoloniales, de la colonisation et des luttes pour l'indépendance, tout en éclairant d'un jour nouveau l'histoire de l'immigration en France.
- L'histoire et la position de la victime - Benjamin Stora p. 110 Depuis une quinzaine d'années, en France, la concurrence des revendications mémorielles s'est développée sur les lacunes de l'enseignement de l'histoire de la colonisation et de l'immigration. Dans le cas de la France et de l'Algérie, la difficulté à revenir sur des épisodes historiques sombres détermine largement celle de penser un avenir commun dans un espace culturel mixte. Il s'agit de dépasser une relation postcoloniale où la cacophonie des discours masque le développement réel des échanges entre les peuples.
- La littérature beur et ses suites. Une littérature qui a pris des ailes - Laura Reeck p. 120 L'anniversaire de l'indépendance algérienne offre l'occasion de s'attarder sur les générations qui, en littérature, ont hérité de cette histoire : les générations nées de l'immigration algérienne, coloniale d'abord, postcoloniale ensuite. Ce que l'on a appelé la “littérature beur” est devenu depuis littérature de banlieue, littérature urbaine, populaire, “post-beur”. Si certains écrivains rencontrent le succès, ils peinent à se dégager des catégories identitaires et sociales qui tendent à masquer leur talent littéraire.
- Le métissage en salle ou les "Algériens" à l'écran - Naïma Yahi p. 130 La représentation de l'Algérien dans le cinéma français accompagne l'histoire de l'immigration algérienne. Portée à l'écran dès les années soixante, la figure de l'immigré algérien est aux prises avec de nombreux stéréotypes que les générations suivantes vont s'employer à déconstruire. En s'appropriant ce médium à partir des années quatre-vingt, les descendants d'immigrés maghrébins vont renouveler les regards sur leur réalité sociale et redéfinir leur place dans l'histoire contemporaine de la France.
- Juifs et musulmans d'Algérie en France. Cinquante ans d'exil partagé, entre mémoire, échanges et déchirements - Jérémy Guedj p. 144 L'histoire des relations entre juifs et musulmans originaires d'Algérie est marquée par des liens étroits et tumultueux. Entre ces deux “communautés” partageant un espace et une culture communs, la fin de la guerre d'indépendance a introduit une rupture. Les nombreux juifs quittant l'Algérie partent le regard tourné vers la terre d'origine. S'ils vont trouver chez les immigrés musulmans des interlocuteurs privilégiés pour conserver vivantes leurs racines méditerranéennes, l'incompréhension mutuelle ira grandissante.
Repérage
- Le Double exil de Saïd Abtout - Hélène Mazaubrun p. 156
Kiosque
- Revue de presse. "Individu douteux" - Mustapha Harzoune p. 162
Musiques
- Algérie andalouse : Lili Boniche et El Gusto - François Bensignor p. 169
Cinéma
- André Videau p. 176Livres
- Mustapha Harzoune, Vincent Marie et Nicolas Treiber p. 181