Contenu du sommaire : Médicaments : progrès et profits ?
Revue | Après demain |
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Numéro | no 22, 2e trimestre 2012 |
Titre du numéro | Médicaments : progrès et profits ? |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Médicaments : progrès et profits ?
- Le médicament : un produit complexe aux enjeux multiples - François Eisinger, Philippe Mossé et Françoise Seligmann p. 3 Les sentiments vis-à-vis du médicament sont ambivalents : progrès indéniables mais aussi tragédies - hier la Thalidomide, aujourd'hui le Mediator - qui viennent rappeler à quel point le contrôle de la production et de la diffusion des médicaments est vital. L'industrie pharmaceutique et l'opinion que nous en avons sont le miroir de ces ambivalences : nous sommes désireux d'être traités selon les dernières connaissances et techniques médicales, mais tout autant méfiants à l'égard d'un secteur mondialisé dont la finalité est le profit.
- Sécurité sanitaire : un urgent besoin d'Europe - Hervé Le Louet p. 5 En matière de sécurité sanitaire, les méthodes, les moyens, les systèmes d'information et d'évaluation ne sont guère satisfaisants. Il faut établir rapidement une charte de l'expertise car la dérive de celle-ci a favorisé les situations de conflit d'intérêts. Il ne faut plus laisser à l'expert une décision qui revient au politique, bien au-delà de l'Hexagone, car l'avenir de la sécurité sanitaire se trouve en Europe, sous réserve d'une politique volontariste dans le souci premier de la protection des citoyens.
- Les experts médicaux, entre éthique personnelle et enjeux financiers - François Eisinger p. 8 Qui est expert ? À qui peut-on faire confiance ? Existe-t-il des experts compétents qui ne sont pas financés par l'industrie ? Comment éviter les conflits d'intérêts ? La question mérite d'autant plus d'être posée que la confiance basée sur la perception de l'intégrité des acteurs est un facteur plus important dans les décisions que la confiance basée sur la perception de l'expertise elle-même.
- L'industrie antibiotique : du miracle à l'inefficacité ? - Antoine Andremont p. 11 Souvent, en pratique médicale, il faut plusieurs années pour qu'on se rende compte de l'importance des ruptures historiques ; avec l'antibiothérapie, au contraire, la conscience de la rupture a été immédiate. Dès 1945, de nombreux GIs blessés ont été sauvés grâce à la pénicilline, mais après 70 ans d'utilisation massive en médecine humaine et vétérinaire, l'efficacité des antibiotiques pose aujourd'hui problème. Sommes-nous condamnés à n'affronter bientôt que des épidémies à bactéries totalement résistantes ?
- Le "médicament-profit" - Gérard Bapt p. 14 Le médicament et le dispositif médical implantable se sont retrouvés sous les feux de l'actualité avec les scandales du Mediator et des prothèses PIP. Ces drames sanitaires ont contribué à mettre en cause les systèmes de sécurité sanitaire concernant l'ensemble des firmes, tant sur le plan national qu'européen. La séparation des agences de régulation et de l'industrie doit donc être garantie : il y va de la restauration de la crédibilité de la parole politique en santé publique.
- Le médicament à l'ère du "médico-économique" - Catherine Le Galès p. 16 La course à la rentabilité conduit les industriels de la pharmacie à diversifier leur stratégie de recherche afin, non seulement d'être le premier sur un marché et de développer un produit pouvant être considéré comme apportant un progrès thérapeutique majeur, mais aussi de proposer une version déclinée de médicaments existants (« me too product »). En effet, mieux vaut parfois arriver en second, afin de tirer les leçons des expériences du premier, surtout si les conséquences sur le prix du produit sont faibles.
- Confiance plutôt que concurrence : pour une vraie régulation du "marché du médicament" - Philippe Mossé p. 19 Contrairement à ce que soutient le discours libéral, ce dont les « acteurs » du médicament - et en premier lieu les industriels eux-mêmes - ont besoin, c'est moins d'un marché libre que de règles stables. Parce que le monde de la santé est investi par des professionnels et des « consommateurs » compétents et éclairés, la confiance est un vecteur de régulation autrement plus efficace et convaincant que la simple concurrence.
- La pharmacie d'hier, d'aujourd'hui et d'après-demain - Alain Saïah p. 22 Il est courant de qualifier la profession de pharmacien de « monopoliste ». En réalité, rien n'est plus faux. Les termes « monopole », « commerce », « marchandise », sont ceux de la doxa ultra-libérale : ils s'avèrent impropres s'agissant d'une profession, la Pharmacie, qui constitue un outil de Santé publique précieux. Ce modèle régulé a engendré un progrès sanitaire et social certain. Il est performant, maîtrisable. Il est perfectible. Saurons-nous le préserver ?
- Une prescription sous influence(s) - Catherine Sermet p. 25 En France, 90% des consultations de généraliste se concluent par la prescription d'une ordonnance de médicament(s). Ce résultat massif contraste avec ce qui est observé chez nos voisins européens. Par ailleurs, la prescription française de médicaments donne souvent priorité aux produits les plus récents et les plus chers. L'analyse des facteurs influençant la prescription permet de mieux comprendre les raisons de cette spécificité française : on verra que les médecins sont loin d'en être les seuls responsables.
- Internet et les médicaments : pièges et dangers de la cyberpharmacie - Axelle Garnier p. 28 Plus de la moitié des médicaments provenant des pharmacies illégales sur Internet sont contrefaits. L'efficacité et la qualité de ces produits ne peuvent être garanties, car ils échappent à tout contrôle de la part des autorités sanitaires et des professionnels de santé ; ils présentent donc un risque évident pour la santé. Dès lors, pourquoi a-t-on recours aux cyberpharmacies ? Plus largement, quel système de santé peut-on proposer, surtout en période de crise économique, afin que les patients aient les moyens de se soigner sans mettre leur vie en danger ?
- Le nouvel âge de la démocratie sanitaire - Marisol Touraine p. 31 La loi du 4 mars 2002, portée par le gouvernement de Lionel Jospin, a permis la consécration des droits individuels des patients-usagers : droit à l'information, au consentement, à l'accès au dossier, à l'indemnisation amiable de tous les risques médicaux, au traitement de la douleur. Ainsi était mis un terme à l'asymétrie d'information, qui caractérisait jusqu'ici la relation entre un médecin et son patient. Après des années de stagnation et de renoncements, il faut maintenant repartir de plus belle sur la voie de la démocratie sanitaire.
- Le médicament : un produit complexe aux enjeux multiples - François Eisinger, Philippe Mossé et Françoise Seligmann p. 3
Prix Seligman contre le Racisme 2011
- p. 33- ° Le pardon et la rancoeur - Algérie / France, Afrique du Sud : peut-on enterrer la guerre ? - Laetitia Bucaille
- ° Le 17 octobre des Algériens - Suivi de La triple occultation d'un massacre - Marcel et Paulette Péju, Gille Manceron
- Exemple à suivre - Le Centre Primo Levi : vivre après la torture - p. 34 À Paris, dans le 11ème arrondissement, le Centre de soins de l'Association Primo Levi accueille environ 300 patients par an, ayant tous été victimes de la violence politique dans leur pays d'origine et cherchant refuge en France. Venus pour les deux tiers d'Afrique sub-saharienne, ils ont survécu à des massacres, à des actes de torture physique et psychologique, ont perdu un ou plusieurs membres de leur famille. Parmi eux une cinquantaine d'enfants.
- Actions de la Fondation Seligmann pour 2012 - p. 36
- A lire les livres qui ont retenu l'attention d'Après-demain - p. 37
- La sélection d'Après-demain - Quatre-vingt-treize - Gilles Kepel p. 39