Contenu du sommaire : Les révolutions dans le monde arabe : un an après
Revue | Maghreb-Machrek |
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Numéro | n° 210, hiver 2011-2012 |
Titre du numéro | Les révolutions dans le monde arabe : un an après |
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Dossier : Les révolutions dans le monde arabe un an après
- Entretien : Retour sur l'intervention française en Lybie - M l'Ambassadeur François Gouyette p. 11
- L'hiver après le printemps ? La transformation arabe à l'aune des processus politico-militaires, - Jean-François Daguzan p. 19 La transformation des systèmes politiques arabes a commencé avec le début de l'année 2011. La révolution tunisienne a été l'appel d'air qui a aspiré un ensemble hétérogène de mouvements politiques et sociaux. Du bouleversement égyptien, des réformes marocaines à l'insurrection libyenne victorieuse en passant par une guerre civile syrienne qui ne dit pas son nom, différents processus de transformation sont à l'œuvre. Partout les néoconservateurs islamistes s'installent au pouvoir. Qui plus est au plan géostratégique, l'affaiblissement de l'Égypte entraîne une lutte sans merci pour la prééminence régionale. Ce texte a pour objet de faire un point général sur un an environ de transformations et ses conséquences.Winter after spring? The Arab movements in terms of politico-military processes
The transformation of Arab political systems started with the beginning of 2011 year. The Tunisian revolution was the spark for heterogenous political and social movments. Through the Egyptian unrest, the Morrocan reforms, to the victorious Libyan upheaval and the no-nammed Syrian civil war, many transformation processes are in being. Everywhere the islamist neoconservators take the power. Moreover strategically speaking the Egypt weakening produces a merciless struggle for the regional supremacy. This paper aims to give a general overview after more than one year of transformation and its consequences. - Économie politique des révolutions arabes : analyse et perspectives, - El mouhoub Mouhoub p. 35 Il existe trois séries de similitudes qui permettent d'expliquer la diffusion du processus révolutionnaire : une polarisation des économies arabes sur peu de secteurs, une gestion rentière des ressources mêmes lorsqu'elles ne sont pas naturelles, des taux d'emplois extrêmement bas associés à des taux d'expatriation de qualifiés anormalement élevés. Un dernier point commun mérite une attention particulière : un même pacte externe entre les États arabes et les puissances occidentales qui a retardé ces (r) évolutions et un pacte interne entre les élites. Ces deux types de pacte ont implosé y compris dans les pays où la révolution « n'a pas pris » comme l'Algérie et le Maroc. Cet article propose des pistes de bifurcation pour les économies du Maghreb en particulier, combinant intégration régionale Sud-Est et stratégie de rattrapage par les activités de services intensives en personnels qualifiés.Political economy of Arab revolutions: analysis and perspectives
There are three sets of similarities that explain the spread of the revolutionary process: the polarization of Arab economies to limited sectors, a rentier-based management of resources (included non-natural resources), very low employment rates associated with extremely high rates of skilled migration. Last but not least, a commonality deserving particular attention: a similar external pact between the Arab States and the Western powers which delayed the revolutions and an inner pact between elites. Both types of agreement have imploded even in countries where the revolutions “did not take” like Algeria and Morocco. This article suggests new directions for the economies of the Maghreb in particular, that would combine South-East regional integration and a catch-up strategy via service activities with intensive use of skilled labour. - Les révolutions du monde arabe : la fin du mythe de l'exception, - Yahia H. Zoubir p. 49 Le monde arabe a longtemps été considéré comme l'« exception » aux processus de démocratisation que le monde a connus depuis des décennies. Les orientalistes et néoorientalistes ont soutenu l'idée que l'islam et la démocratie étaient incompatibles et que, par conséquent, il ne fallait pas s'attendre à des changements dans cette région, condamnée à vivre sous des régimes despotiques qui, somme toute, sont le produit logique de cette religion. Les événements dans le monde arabe depuis le début de 2011 ont démontré qu'une telle analyse était fausse et que les sociétés arabes sont non seulement capables de changer, mais qu'elles peuvent aussi servir d'exemple à d'autres sociétés.The revolutions in the Arab world: the end of the myth of the exception
The Arab world has long been considered the « exception » to the democratization processes that the world has known for decades. Orientalists and neo-orientalists supported the idea that Islam and democracy were incompatible and that therefore one should not expect much change in this region, condemned to live under despotic regimes, which, after all, are the logical product of that religion. Events unfolding in the Arab world since early 2011 have discredited such an analysis; they have shown that Arab societies are not only able to change, but they can also serve as an example to other societies. - Géographie sociale et géopolitique de la révolution tunisienne : la révolution de l'Alfa, - Habib Ayeb p. 61 En début de soirée de la journée du 14 janvier 2011, qui a connu des manifestations politiques à Tunis et ailleurs, revendiquant la liberté, la dignité et la justice sociale, les Tunisiens et le Monde entier ont appris que l'ancien dictateur Ben Ali avait fui le pays vers l'Arabie Saoudite, après 23 années de règne. Que s'est-il réellement passé qui a fait chuter l'une des dictatures les plus dures de l'histoire du pays ? La réponse précise à cette question nécessiterait encore plus de temps et de recul. Mais, a posteriori, on peut affirmer que le 14 janvier n'a été que le moment culminant d'un long processus politique et social qui a commencé en janvier 2008 dans la région minière du Sud-Ouest du pays et qui continue encore aujourd'hui. En relisant la chronologie de ce processus il nous est possible de soutenir aujourd'hui que cette révolution est née dans les régions marginalisées et pauvres du Sud et de l'Ouest du pays contre les autres régions, contre non seulement le pouvoir autoritaire mais aussi les injustices sociales. De fait, cette révolution est née dans les marges contre le centre (la capitale et le Sahel) qui détient tous les pouvoirs politiques et économiques et concentre l'essentiel des richesses du pays. Mon article tente d'explorer la géographie sociale et politique de cette révolution.Social geography and geopolitics of the Tunisian revolution: the revolution of the Alfa
Late in the afternoon of January 14, 2011, which saw political demonstrations in Tunis and elsewhere, demanding freedom, dignity and social justice, Tunisians and the whole world learned that the former dictator Ben Ali fled the country to Saudi Arabia after 23 years of reign. What has really happened that brought down one of the hardest dictatorships in the history of the country ? The answer to this question would require more time and perspective. But, in retrospect, we can say that January 14 was only the culmination of a long political and social process that began in January 2008 in the mining region southwest of the country and continues today. Looking at the chronology of this process, we can argue that this revolution was born in marginalized and poor areas in the South and the West against the other regions, not only against the authoritarian rule but also social injustices. In fact, this revolution was born in the margins against the center (the capital and the Sahel) which holds all the political and economic powers and concentrates most of the country's wealth. My paper attempts to explore the social and political geography of this revolution. - Les révoltes arabes entre exigences citoyennes et replis communautaires, - Stéphane Valter p. 79 Les mouvements de protestation que connaît le monde arabe depuis le début de 2011 sont motivés par des revendications économiques, politiques et morales, selon des dosages différents. Dans certains cas, les facteurs tribaux (Libye, Yémen) et religieux (Syrie, Bahrein) constituent des paramètres supplémentaires opérant une scission entre ceux qui soutiennent le régime et ceux qui lui sont hostiles. La présente réflexion tournera autour du rôle des appartenances organiques dans les prises de position politiques des différents acteurs. On s'interrogera aussi sur les critères d'attribution de la citoyenneté, entendue comme égale participation à la chose publique, la Syrie servant essentiellement de terrain d'analyse.The Arab revolts requirements between citizens and community folds
The protest movements taking place in the Arab world since the beginning of 2011 are instigated by economical, political, and moral claims in varying proportions. In some cases, tribal (Libya, Yemen) and religious factors (Syria, Bahrein) constitute additional particular causes implementing a separation between those who support the regime and those who are hostile to it. The present reflection will focus on the role of fundamental membership ties in defining the political stances of the different actors. We will also have to question the criteria for offering citizenship, which must be understood as an equal participation to the public sphere, Syria serving here as the main field of analysis.
Varia
- L'exploitation d'une ressource fossile partagée : le cas du projet Disi en Jordanie, - Eugénia Ferragina p. 99 Le Disi est un aquifer fossile transfrontalier situé principalement en Arabie saoudite, où il a été largement exploité pour la production agricole depuis les années quatre-vingt. Un projet de captage et d'exploitation de cette eau pour l'approvisionnement urbain de la région du Grand Amman a été conçu en Jordanie depuis les années quatre-vingt-dix et il est encore en cours aujourd'hui. Le projet sera examiné dans le contexte général de la situation de l'eau du pays, en analysant en particulier la position des acteurs nationaux ainsi que les relations avec l'Arabie Saoudite face à l'exploitation de cette nappe fossile partagée. La partie conclusive sera dédiée à la phase la plus récente du projet qui est en cours de réalisation et qui devrait se conclure en 2013.The exploitation of a shared fossil aquifer: the Disi project In Jordan
The Disi aquifer is a shared underground fossil reservoir of high quality water located for the most part in Saudi Arabia, where it has been largely exploited for crop-production since the 1980s. A project for the abstraction and exploitation of this water for the urban supply of the Greater Amman Area has been conceived in Jordan since the 1990s, and the works started in August 2008. The project will be examined within the general context of the water situation in Jordan, by analyzing in particular the position of the national actors as well as the relations with Saudi Arabia as for the exploitation of this shared fossil aquifer. Last part of this study will be devoted to the most recent phase of the ongoing project which should be finished by 2013. - Peut-on attirer des fonds islamiques en France ? - Cholkri Zehri, Najla Bouebdallah, Asma Abdelbaki p. 119 La finance islamique, basée sur des valeurs morales et éthiques, est aujourd'hui pensée comme l'une des solutions pour faire face aux crises récentes du système financier international. Nous essayons de mettre l'accent sur cette finance ainsi que les possibilités pour la France d'attirer ce type des fonds. Nous réalisons une recherche sur les principes de la finance islamique et de son évolution future en France.Can we attract Islamic funds in France?
Islamic finance which is based on moral and ethical values, is now among the solutions suggested for dealing with the recent crises in the international financial system. We try to focus on this type of funding and the opportunities for France to attract such funds. We are conducting a research on the principles of Islamic finance and its future in France?
- L'exploitation d'une ressource fossile partagée : le cas du projet Disi en Jordanie, - Eugénia Ferragina p. 99