Contenu du sommaire : Algérie, 50 ans après
Revue | Confluences Méditerranée |
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Numéro | no 81, printemps 2012 |
Titre du numéro | Algérie, 50 ans après |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Algérie : itinéraire de 50 ans d'indépendance - Sid-Ahmed Souiah p. 9-26 L'Algérie fête cette année les 50 ans de son indépendance, une occasion pour revenir sur son parcours à la fois politique, économique et culturel. C'est l'objectif recherché par la revue « Confluences Méditerranée » à travers ce numéro consacré à « L'Algérie, 50 ans après ». De nombreux auteurs ont accepté d'y contribuer pour livrer leurs analyses sur des thématiques suffisamment diversifiées pour que le lecteur puisse avoir une vue d'ensemble. En tant que coordonnateur du numéro, ma contribution présente les différents apports et élargit le champ d'analyse : la politique étrangère, le système éducatif et l'arabisation, les récentes élections législatives sont ainsi abordés.
- Sociologie politique d'un populisme autoritaire - Lahouari Addi p. 27-40 Cette année 2012, l'Algérie fête le cinquantième anniversaire de son indépendance en 1962, année symbolique de la décolonisation à l'échelle internationale. La résistance armée que les nationalistes ont opposée au système colonial a doté le pays d'un grand capital de sympathie dans le Tiers Monde et parmi les courants de gauche en Occident. L'indépendance de ce pays a suscité de nombreux espoirs chez les peuples anciennement colonisés et a renforcé dans le champ académique le courant dit tiers-mondiste qui percevait les efforts de l'Algérie pour se développer, comme une tentative réelle de rompre les liens avec la logique de l'impérialisme mondial. Le pays avait, en effet, investi de grosses parts de son PNB dans l'industrie, après avoir nationalisé les hydrocarbures détenus auparavant par les compagnies pétrolières occidentales. Cependant, l'effort d'investissement, l'un des plus élevés au monde, n'a pas tenu ses promesses et les entreprises industrielles, créées avec des technologies de pointe, sont assez vite devenues un fardeau pour le budget de l'Etat obligé de financer leurs déficits.
- Ben Bella : l'homme, le mythe et l'histoire - Omar Carlier p. 41-54 La mort de Ben Bella, premier chef d'Etat algérien, décédé à Alger le 11 avril dernier, presque centenaire, à la veille du 50e anniversaire de l'indépendance de son pays, est l'occasion de revenir sur un siècle d'histoire sociale et politique, de part et d'autre de la césure majeure que représente l'issue victorieuse d'une des guerres de décolonisation les plus longues et les plus meurtrières.
- L'Algérie face au « printemps arabe » : l'équilibre par la neutralisation des contestations - Louisa Dris-Aït Hamadouche p. 55-67 Contrairement à la plupart des prévisions, le printemps arabe n'est pas passé par l'Algérie. Point de mobilisation de grande ampleur sur les réseaux sociaux d'une jeunesse largement connectée, ni de manifestations de rue massives, ni de place « Tahrir » au centre d'Alger. Quant aux débats politiques, ils traduisent des lectures contradictoires tant sur les formes que les révoltes arabes adoptent, que vis-à-vis de leur impact à long terme. Pourquoi les émeutes sporadiques ne débouchent-elles pas sur un mouvement social de grande ampleur ? Les islamistes sont-ils en situation d'attente ou d'incapacité ? Cet article propose d'analyser les raisons du statut quo en Algérie en avançant l'hypothèse selon laquelle le système algérien de la base au sommet (régime politique, élite, médias, partis politiques, groupes sociaux divers) est constitué de forces contraires dont l'activisme et le dynamisme sont, de fait, neutralisés par leur contradiction. Ainsi, les dirigeants algériens maintiennent-ils l'équilibre/la stabilité grâce à la neutralisation des acteurs, laquelle est obtenue par le jeu de l'exacerbation de leurs contradictions et de l'échange politique.
- Les associations « modernes », fer de lance de la société civile ? - Pierre-Jean Roca p. 69-81 En Algérie, le milieu associatif est ancien et multiforme : des mouvements de jeunesse de l'époque socialiste aux associations religieuses, en passant par les clubs sportifs, tous ces regroupements forment une galaxie complexe. Au sein de celle-ci, des associations culturelles, de service ou de plaidoyer émergent aujourd'hui. Elles sont « modernes » par deux caractéristiques : elles tournent clairement le dos aux formes associatives connues jusque là puisqu'elles ne sont pas constituées à base de sociabilité et d'enrôlement soit communautaire, soit de proximité. Par ailleurs, elles sont adossées à des dynamiques internationales (relations avec des financements et des associations européennes, et organisation des activités sous forme de « projet »). Partie émergée de l'iceberg « société civile », ces associations sont-elles des groupes « tolérés », reliques de la « libéralisation » de 1988, ou des formes d'avenir annonciatrices d'un printemps algérien ?
- Quel développement économique depuis 50 ans ? - Ahmed Bouyacoub p. 83-102 L'analyse de cette expérience de développement sur le long terme révèle plusieurs paradoxes. L'économie algérienne a bénéficié d'une masse d'investissements relativement très importante, tandis que son taux de croissance économique est resté très modeste, notamment par rapport aux autres pays maghrébins. Cependant, la faiblesse de la croissance économique n'a pas empêché son indicateur de développement humain de connaître une forte croissance entre 1970 et 2011, dépassant la moyenne mondiale et celle des pays arabes ; comme elle n'a pas empêché non plus la réduction de la pauvreté monétaire. Enfin, cette analyse rétrospective permet de montrer que les cycles économiques, faits de croissance et de crise, entre 1962 et 2012, ne correspondent pas aux cycles politiques que l'Algérie a connus et qui servent souvent de trame de fond à l'analyse économique traditionnelle.
- Le gaspillage de l'or noir - Hocine Malti p. 103-116 Quand le général de Gaulle a finalement admis, en septembre 1961, que le Sahara faisait partie intégrante de l'Algérie, on était en droit de penser que les richesses du sous-sol saharien feraient le bonheur du peuple algérien, une fois l'indépendance acquise. On s'était mis à rêver que le destin des Algériens était d'être un peuple heureux et que les revenus du pétrole lui permettraient d'affronter les affres du sous-développement. Hélas, les quelques années de trop qu'avait duré la guerre de libération, en raison de ces découvertes, n'ont été que le début d'une série de malheurs causés à ce peuple, causés par l'accaparement de la rente pétrolière par des dirigeants sans foi, ni loi.
- La dépendance alimentaire : un essai d'analyse - Abdelmadjid Djenane p. 117-131 La question de la sécurité alimentaire est un discours récurrent des pouvoirs publics algériens depuis l'accès du pays à son indépendance. Ce discours s'est traduit dans les faits par la démultiplication des réformes agraires qui, à peine mises en place, sont soumises à de nouvelles orientations. Le résultat est qu'aujourd'hui la dépendance alimentaire, tant redoutée, s'installe durablement et pose la question de l'efficacité des politiques de développement agricole et rural récentes.
- Le logement en Algérie : programmes, enjeux et tensions - Safar Zitoun Madani p. 133-152 Cet article aborde l'analyse de la question du logement en Algérie sur la longue durée, de l'indépendance du pays à nos jours. Il montre à travers la convocation de nombreux travaux de recherche de terrain inédits comment s'est mis en place et a été entretenu par les divers pouvoirs politiques en place, le « pacte patrimonial » de la décolonisation. Ce dernier nourrit et alimente encore aujourd'hui à la fois les stratégies des différentes catégories de populations bénéficiaires de ses retombées en terme d'accès aux rentes urbaines et les nouvelles pratiques de gestion du front social par la distribution gratuite des biens résidentiels cristallisant la rente pétrolière de la part des autorités publiques.
- La jeunesse algérienne : un profond et durable malaise - Nadji Safir p. 153-161 Etant donné l'importance de son poids relatif, la jeunesse algérienne est une composante essentielle de la société algérienne. Dans une position marginale eu égard aux logiques rentières qui parcourent celle-ci, la jeunesse est confrontée, depuis de longues années déjà, à des taux élevés de chômage et de sous-emploi. Développant des stratégies d'adaptation aux contextes économiques et sociaux nationaux dominants, elle constitue un potentiel migratoire ? notamment qualifié ? important. Les problèmes qu'elle rencontre sont à l'origine du malaise qui la caractérise et dont l'une des formes de manifestation est constituée par diverses formes de violence collective.
- Histoire de la peinture en Algérie : continuum et ruptures - Anissa Bouayed p. 163-179 Pour donner leur pleine temporalité aux enjeux esthétiques, symboliques et politiques dans le champ des arts plastiques, au moment de l'Indépendance de l'Algérie et dans la construction d'une culture nationale, ce texte se propose de rappeler quelques jalons essentiels, depuis l'arrivée de la peinture de chevalet en Algérie, dans la période coloniale, jusqu'à nos jours. En mettant en relief dans un premier temps les personnalités les plus marquantes, les pionniers qui ont imposé des modèles esthétiques et au-delà des catégories culturelles, puis en second lieu, la génération de rupture qui s'affirme dans les années 1950-1960, au moment de la guerre d'Indépendance pour saisir dans un troisième temps, après l'Indépendance, les débats qui investissent et traversent cette sphère, qui loin d'être un champ clos ou une tour d'ivoire, est le lieu où s'expriment les stratégies des artistes pour être visibles, les jeux de pouvoir et du pouvoir.
- Le cinéma algérien, entre deux guerres - Benjamin Stora p. 181-188 Le cinéma algérien a beaucoup traité de la guerre d'indépendance livrée contre la présence coloniale française. Cinquante ans après la fin de ce conflit, ce texte se propose de faire le point sur cette séquence d'histoire si importante dans l'imaginaire algérien.
- Ecrits d'Algériennes et guerre d'indépendance Témoignages et créations - Christiane Chaulet Achour p. 189-203 Cette contribution qui porte sur les écrits des Algériennes et la guerre d'indépendance s'intéresse à l'interaction témoignage/création. Elle constitue, pour ce faire, un dossier qui comprend, du côté du témoignage, quatre documents, deux de la guerre et deux de la post indépendance ; du côté de la création, un regard sur les genres courts que sont le poème et la nouvelle et une étude de deux récits d'Algériennes sur la guerre. Elle s'interroge, en conclusion sur l'émergence prévisible de nouvelles créations à partir de l'ouverture des mémoires et de leurs expressions écrites et cinématographiques.
- Mes rencontre avec Boumediène - Paul Balta p. 207-212
- Abdelkader Alloula, un dramaturge au carrefour des générations - Lamia Bereksi-Meddahi p. 213-216 Les années 1990 ont fait couler beaucoup de sang de dramaturges, de journalistes, d'écrivains. Le terrorisme a atteint un tel paroxysme que le dramaturge Abdelkader Alloula avait adapté la pièce de Carlo Goldoni « Arlequin, valet de deux maîtres » en 1993. Il a expliqué sa démarche ainsi : « En premier lieu, je voulais apporter un divertissement à notre jeunesse et l'amener à se poser des questions sur ce que vivent les jeunes actuellement et faire ressortir l'amour et la vertu, notions qui ont totalement disparu (...) nous visons surtout des représentations en direction des jeunes parce que le public est trop pris par la vie politique et ces questions d'amour ne l'intéressent plus »1.
- Slim vu par Yasmina Khadra - p. 217-220
- Notes de lecture - p. 221-232