Contenu du sommaire : Musique et technologies numériques

Contribuant à l'examen du lien entre l'art et la technique, cet article analyse le passage du régime analogique au régime numérique et l'idée de progrès en musique. En prenant pour exemples plusieurs technologies idéal-typiques - le sampler, le home studio ou encore le logiciel Auto-tune -, il montre comment celles-ci ont non seulement modifié nos façons de faire de la musique en nous dotant de nouvelles fonctionnalités ou de nouvelles ergonomies, mais plus fondamentalement encore, comment elles nous engagent dans une métaphysique renouvelée en reconfigurant notre sens de l'espace-temps, notre conception de l'auteur et de la création, et les valeurs traditionnellement associées au monde du rock.

Cet article se penche sur l'évolution des technologies numériques et leur influence sur la production musicale, à quatre niveaux : celui des acteurs, des équipements, des styles et enfin des pratiques. Il établit un parallèle entre l'essor des modes de production numérique, les récents changements survenus dans les méthodes de composition musicale, et l'évolution des usages quotidiens du studio numérique. L'image du « nouvel amateur » s'intègre à ce nouveau contexte en tant que modèle technoculturel inédit, équipé d'outils de haute qualité, et dont les pratiques viennent ébranler les frontières entre le professionnel et l'amateur, l'expert et le non-expert, l'authentique et l'inauthentique. Ces changements sont liés à une modernité en pleine accélération, un moment « hypermoderne » associé à l'essor de sociétés high-tech, numériques et abreuvées d'informations.

Selon Brian Eno le studio d'enregistrement est un outil de composition qui a permis aux musiciens de bénéficier d'une relation plus directe avec le son. Cet article se propose d'examiner le rôle du sampler en tant que technologie intimement lié au processus de création. La plupart des publications universitaires sur le sampling dévient de leur sujet initial pour s'intéresser aux conséquences de l'utilisation de ces outils sur les droits d'auteur. L'objectif est ici d'examiner le processus de création musicale et les choix esthétiques faits en studio, afin d'analyser le rôle des technologies numériques dans l'expansion de la palette musicale des compositeurs. Le passage d'une approche d'appropriation fondée sur des emprunts reconnaissables à la manipulation d'erreurs et d'accidents vient défier les définitions actuelles du sampling et sa relation au post-modernisme.

En inscrivant la perception humaine dans une perspective théorique développée à partir d'une approche écologique, cet article examine les relations qui existent entre les technologies numériques et la créativité musicale. Il retrace l'histoire des stations Audionumériques équipées d'un ordinateur (DAW) et fait l'hypothèse que leur émergence a exercé une influence profonde sur le traitement des informations musicales et les stratégies de création adoptées par les producteurs et les musiciens contemporains. Appliquant le concept d'« affordance » à la créativité musicale, l'article postule que le VST (Virtual Studio Technology) doit être envisagé dans un contexte marqué par l'informatique, son design, son ergonomie et ses applications.

À travers l'exemple emblématique du logiciel VSL, cet article propose une analyse de l'influence des nouvelles technologies sur l'organisation du travail des compositeurs de musique à l'image. L'introduction de l'informatique dans cet univers artistique a en effet bouleversé à la fois le processus séculaire d'écriture et les rapports avec les commanditaires en imposant la nécessité d'une nouvelle compétence sans lien avec la formation professionnelle, en réduisant paradoxalement la liberté artistique par la multiplication des choix musicaux possibles et donc des interventions extérieures, mais aussi en remettant en cause le lien historique entre compositeurs et orchestre.

Cet article est une ethnographie de tournages de fictions télévisées se déroulant dans ces décors particuliers que constituent les châteaux. Il tente de décrire les formes de coopération qui se développent entre les équipes de tournages et les propriétaires et de suivre les conventions se mettant en place entre ces différents acteurs, ceux qui investissent les lieux brièvement pour les mettre au service d'une représentation fictionnelle et ceux qui y vivent depuis très longtemps, dans la foulée des générations successives, sachant que les uns et les autres ont des situations sociales, des habitudes, des comportements, des modes de civilités, des contraintes et des priorités fortement contrastés. L'enquête est une observation de la fiction entrain de se faire, à l'épreuve des rapports sociaux.

Cet article, qui repose en grande partie sur une recherche empirique, se propose d'analyser les rapports que les francs-maçons entretiennent avec les pratiques du Web 2.0. Après avoir mis en exergue un certain nombre de convergences idéologiques entre l'espace maçonnique et le cyberespace, l'auteur montre comment les francs-maçons utilisent les dispositifs numériques de nature participative, tant en interne (à travers des listes de diffusion intra-loge ou des forums inter-obédientiels réservés aux initiés), qu'en externe, sur des blogs internet et des réseaux sociaux accessibles à tous les internautes. Cette étude s'interroge enfin sur les modifications qu'engendre cette appropriation des plates-formes participatives au sein d'une culture traditionnelle, fortement ritualisée et marquée par des liens communautaires, et notamment sur les effets susceptibles d'impacter la sociabilité maçonnique et l'image de marque de l'Ordre.