Contenu du sommaire : Mélanges
Revue | Economie et prévision |
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Numéro | no 195-196, 2010/4 |
Titre du numéro | Mélanges |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Pourquoi les immigrés portugais veulent-ils tant retourner au pays ? - Manon Domingues Dos Santos, François-Charles Wolff p. 1-14 L'enquête sur le Passage à la Retraite des Immigrés de 2003 nous aide à comprendre pourquoi les ressortissants d'origine portugaise résidant en France se singularisent par des intentions de retour au pays à la retraite deux fois supérieures à celles de leurs homologues espagnols et italiens. Les différences communautaires en termes de niveau d'éducation, durée de séjour, maîtrise de la langue française, localisation des membres de la famille et origine de l'éventuel conjoint expliquent une part importante des écarts. L'application de techniques de décomposition non-linéaire révèle que près de 70 % de ces écarts s'expliquent par des différences entre les caractéristiques retenues, tandis qu'un tiers d'entre eux est lié à l'effet différencié des facteurs influençant le souhait de localisation à la retraite.
- L'impact des chocs externes sur et à l'intérieur de la zone euro : les enseignements d'un modèle vectoriel auto-régressif structurel - Jean-Baptiste Gossé, Cyriac Guillaumin p. 15-33 Cet article étudie l'impact sur l'Europe des principaux chocs externes des années 2000, tels que l'augmentation du prix du pétrole, la baisse du taux directeur américain, les bulles boursières aux États-Unis et l'accumulation de déséquilibres mondiaux. Nous estimons un modèle VAR structurel avec contraintes d'exogénéité et restrictions contemporaines et de long terme pour mesurer l'impact de ces chocs sur la zone euro et ses pays membres, ainsi que sur le Royaume-Uni. Les résultats indiquent qu'au cours des années 2000, les chocs externes ont contribué à expliquer la faiblesse relative de la croissance en Europe, l'appréciation de l'euro et l'accroissement des déséquilibres courants à l'intérieur de la zone euro.
- Une approche déterministe du taux de change euro-dollar - Jean-François Goux p. 35-51 La prise en compte d'une période de rupture (rupture épaisse transitoire) permet d'analyser correctement la série statistique du taux de change euro-dollar. En retenant la période postérieure aux accords du Louvre, mais en éliminant les premières années d'existence de l'euro, et jusqu'à mars 2009, on peut affirmer que ce taux est stationnaire en niveau ou en tendance et donc qu'il existe un mécanisme de rappel vers un niveau (ou une tendance) d'équilibre. Ce point est démontré à l'aide d'une nouvelle procédure de test fondée sur l'élimination des périodes de rupture. Plus généralement, se trouve confirmée l'hypothèse que l'on peut expliquer l'évolution du taux de change sans nécessairement faire appel à des fondamentaux grâce à l'existence de tendances déterministes avec ruptures.
- Une maquette pour évaluer les conséquences de la mesure de défiscalisation des heures supplémentaires sur l'emploi et la production - Pierre Lissot p. 53-66 Cet article étudie les effets de la mesure de défiscalisation des heures supplémentaires, adoptée à l'été 2007, dans le cadre d'un modèle d'équilibre général. La particularité de la maquette construite est de prendre en compte les modifications induites par la mesure dans la répartition du travail au sein des ménages qui composent l'économie. Le modèle se propose d'évaluer l'ensemble des effets de la réforme sur la durée du travail, sur la participation des hommes et des femmes et sur la croissance. La mesure entraîne une augmentation de la production, entre 0,3 % et 1,9 %, et des heures travaillées. La réallocation de l'offre de travail qui en résulte au sein des couples se traduit par une baisse de la population active. La population active féminine est plus particulièrement touchée, avec une baisse comprise entre 11 000 et 63 000 personnes.
- Les déterminants du stress professionnel ressenti : une estimation par la méthode des équations d'estimation généralisées - Lisa Bellinghausen, Nicolas Vaillant p. 67-82 Cet article étudie les facteurs explicatifs du niveau de stress auto-déclaré des salariés d'une grande firme française. L'échelle dite de Stress Perçu à 10 items est utilisée. Sur la base de la méthodologie GEE (Generalized Estimating Equations), nous obtenons deux résultats. Tout d'abord, il existe de nombreuses différences de stress perçu liées au genre. En outre, l'utilisation d'un score de stress construit comme une combinaison linéaire des scores obtenus à chaque item se révèle discutable. En dépit des informations obtenues dans l'analyse, il reste qu'il existe de nombreux facteurs exogènes susceptibles de jouer sur le niveau de stress ressenti, parfois difficiles à mesurer (prédispositions physiologiques, influence des partenaires sociaux et professionnels, etc.).
- L'évaluation du prix des actions par les fondamentaux : analyse du marché français - Dominique Pépin p. 83-98 Cet article propose un modèle d'actualisation des profits pour tester si les mouvements du prix des actions peuvent être expliqués par les variations de la composante fondamentale. L'application empirique sur un indice du marché français des actions montre que les profits expliquent de façon significative les fluctuations de l'indice. Cependant, moins de la moitié seulement des variations des prix d'actifs sont expliquées par celles du profit agrégé, indiquant que la majeure partie des cycles financiers est d'origine non fondamentale. Il est aussi montré que, sur longue période, le prix théorique des actions est difficile à estimer précisément. La valeur fondamentale des actions s'estime difficilement, même lorsque le profit est simplement égal à sa valeur de longue période.
- Non-linéarité de la fonction de réaction des autorités monétaires tunisiennes - Samira Haddou p. 99-110 L'objectif de cet article est d'étudier le comportement de la Banque centrale de Tunisie dans la conduite de sa politique monétaire. À cette fin, une règle de Taylor pour le taux d'intérêt est estimée en utilisant un modèle de régression à transition lisse sur la période 1990-2008. Les résultats suggèrent que la fonction de réaction est non-linéaire, convexe par rapport à l'inflation, concave par rapport à l'écart de production, et que l'aversion contre le risque d'inflation domine l'aversion contre le risque de récession. Ces résultats indiquent que les risques d'inflation et de récession qui guettent la conduite de la politique monétaire incitent la banque centrale à mettre en oeuvre une approche de la politique en termes de gestion de risque quant à la manipulation de son taux directeur.
- Une méta-analyse de l'impact des subventions sur le prix mondial du coton - David Guerreiro p. 111-125 Malgré le nombre important d'études sur les impacts des subventions sur le prix mondial du coton, il n'existe pas de consensus concernant la quantification de ces effets. L'objectif de cet article est de réaliser une méta-analyse capable d'expliquer la source de l'hétérogénéité des résultats, de donner des indications quant aux variables indispensables à la modélisation, mais aussi de présenter un chiffrage des effets des subventions. Nous montrons que les valeurs des élasticités, les montants des subventions et l'incorporation de certains facteurs-clés sont les sources principales des variations inter-études. Une modélisation appropriée requiert ainsi une estimation précise des élasticités et l'intégration de certains facteurs constitutifs du prix mondial du coton tels que les niveaux de stocks ou le prix du polyester.
- Le mieux, ennemi du bien : approche expérimentale du contrôle comme mécanisme de filtrage - Hind Sami, Nadia Joubert, Jean-Louis Rullière p. 127-146 Dans un contexte de sélection contraire, il est étudié, à partir d'un protocole expérimental, l'intensité et l'efficacité d'une politique de contrôle comme instrument de filtrage dans la relation de financement de long terme entre un investisseur (Principal) et un entrepreneur (Agent). Trois effets du contrôle sont mis en évidence : disciplinant, éducateur et filtrant. Alors que le premier effet est attendu, l'effet éducateur du contrôle laisse la place à un effet d'éviction déjà observé dans d'autres expérimentations mais dans un contexte d'aléa moral. Enfin, l'expérimentation fait ressortir que le principal restaure un effet de filtrage en arbitrant entre l'efficacité et l'intensité du contrôle : il est préférable de contrôler peu pour détecter un peu plutôt que de contrôler beaucoup pour ne rien détecter.
- Filtres usuels et filtre fondé sur les ondelettes : étude comparative et application au cycle économique - Ibrahim Ahamada, Philippe Jolivaldt p. 149-161 Cet article compare les performances des filtres de Hodrick-Prescott et de Baxter-King avec une méthode de filtrage fondée sur les propriétés multi-résolution des ondelettes. Globalement, les trois méthodes restent comparables si la composante cyclique théorique est définie dans la bande de fréquences usuelle comprise entre six et trente-deux trimestres. Cependant, l'approche fondée sur les ondelettes fournit des informations supplémentaires sur le cycle des affaires (stabilité dans le temps...). Nos résultats s'appuient sur des expériences de Monte-Carlo. Notre méthode appliquée au PIB américain montre aussi que l'estimation de la composante du cycle économique fondée sur les taux de croissance est meilleure que celle déduite du PIB en niveau et apporte des éléments d'information sur la période de « grande modération » de l'après 1980.
- Reprise américaine : quel contenu en emplois ? - Vincent Grossmann-Wirth, Sophie Rivaud p. 165-171 Sans remettre en cause le caractère principalement cyclique des destructions nettes d'emplois observées lors de la crise de 2007-2009, cette étude montre que la réactivité du marché du travail américain à l'activité constatée depuis est relativement similaire à celle observée lors des « reprises sans emploi » (après les récessions de 1990 et 2001). Ce résultat économétrique est conforté par les données disponibles sur les flux d'entrée et sortie du chômage, l'emploi à temps partiel et le nombre d'heures travaillées. Une décomposition par secteurs permet d'expliquer en partie ce phénomène par la baisse de la part de l'emploi manufacturier dans l'emploi total, laissant le secteur des services, moins cyclique, comme principale source de création d'emplois en période de reprise.
- Convergence et « déconvergence » des niveaux de vie des nouveaux États membres de l'Union européenne - Sima Kammourieh p. 173-178 Cet article analyse le recul des niveaux de vie enregistrés par les nouveaux États membres (NEM) de l'Union européenne suite à la crise financière, à la lumière des évolutions connues au cours des dix dernières années et de leur modèle de croissance. Les NEM ont vu leur niveau de vie progresser de manière significative au cours de la dernière décennie, la Bulgarie, la Roumanie et les trois pays baltes se distinguant par la rapidité du processus de convergence de leurs niveaux de vie. Ces pays sont aussi ceux parmi les NEM à avoir le plus « déconvergé » suite à la crise, en raison de l'accumulation préalable de déséquilibres macroéconomiques. Ceci devrait les inciter à mettre en oeuvre une stratégie de croissance plus équilibrée.
- Impact de la crise sur l'emploi et les salaires en France - José Bardaji p. 179-186 La récession de 2008-2009 s'est traduite par d'importantes pertes d'emplois. Les mesures prises pendant la crise (extension de l'activité partielle, aide à l'embauche par exonération de cotisations patronales au niveau du Smic pour les entreprises de moins de dix salariés...) ont toutefois limité l'ajustement de l'emploi sur l'ensemble de la période de crise au regard de l'ampleur du choc d'activité. En début de récession, l'ajustement s'est essentiellement porté sur l'intérim. L'emploi des seniors a bien résisté. Les salaires ont ralenti en lien avec la montée du chômage. Au total, la masse salariale dans les branches principalement marchandes non agricoles a reculé en 2009, mais moins que la valeur ajoutée. La part des salaires dans la valeur ajoutée a donc progressé.
- Ni déflation, ni spirale inflationniste aux États-Unis : l'apport d'une modélisation par secteurs de l'inflation sous-jacente - Vincent Grossmann-Wirth, Clotilde Pfingstag p. 187-195 Alors que les perspectives d'inflation aux États-Unis donnent lieu à des avis divergents, cette étude conduit à écarter à la fois le risque de déflation et celui de « spirale inflationniste ». Malgré de fortes fluctuations des prix de l'énergie ces derniers mois, leur effet d'entraînement sur les autres prix et les salaires paraît limité aux États-Unis. Une décomposition et une modélisation par secteurs (biens, logement, services hors logement) de l'inflation sous-jacente permet de prévoir une évolution des prix modérée en 2011 et 2012. Ce résultat contribue à mieux comprendre la politique monétaire particulièrement accommodante de la Fed et à relativiser, compte tenu de son mandat, les critiques dont elle fait l'objet.