Contenu du sommaire : Varia
Revue | Revue Française de Sociologie |
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Numéro | Vol. 53, no 3, 2012 |
Titre du numéro | Varia |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial : Aux lecteurs, abonnés et auteurs de la revue française de sociologie - Olivier Galland, Pierre-Michel Menger, Denis Segrestin p. 385-386
- L'activité de la rédaction de la Revue française de sociologie en 2011 - Stéphane Le Lay p. 387-390
- Cellules souches et technoscience : sociologie de l'émergence et de la régulation d'un domaine de recherche biomédicale en France - Philippe Brunet, Michel Dubois p. 391-428 Située à la pointe des reconfigurations contemporaines du monde académique, la recherche biomédicale constitue un terrain privilégié pour la sociologie des sciences. Nombre de travaux y décrivent tour à tour la montée en puissance du « chercheur entrepreneur », l'effacement des frontières traditionnelles entre science et industrie, voire l'abandon des principes normatifs censés caractériser en propre la communauté scientifique. Cet article propose d'apporter un éclairage sur ces reconfigurations à partir de l'étude d'un nouveau domaine de la recherche biomédicale - les cellules souches embryonnaires humaines (CSEh) - et d'un acteur central en France : l'Institut des cellules souches pour le traitement et l'étude des maladies monogéniques (I-STEM). Renouant avec une tradition sociologique dédiée à l'étude des spécialités scientifiques, l'article analyse l'émergence d'I-STEM du double point de vue des temporalités qu'il s'agit de faire coïncider dans un projet unique et de son inscription territoriale dans le bioparc évryen. En adoptant une conception élargie de la régulation des sciences, l'article démontre l'importance qu'il y a pour le sociologue à ne pas interpréter la logique d'action scientifique par le biais d'un cadre trop réducteur et, à partir d'une comparaison internationale entre la France et l'Angleterre, la nécessité de substituer à une conception de la technoscience comme transgression une approche centrée sur le régime organisationnel du travail scientifique.
- L'accompagnement des licenciés économiques dans le cadre du contrat de transition professionnelle : expertise et expérience - François Brun, Delphine Corteel, Jérôme Pélisse p. 429-459 Ancré dans une recherche collective portant sur le rôle de l'expertise dans les politiques sociales, l'article se centre sur l'activité d'accompagnement, comme mode de jugement et d'interaction avec autrui, d'agents travaillant dans le cadre de l'un de ces multiples dispositifs expérimentaux qui marquent la politique de l'emploi. Le contrat de transition professionnelle incarne toutefois une expérimentation innovante et singulière, placée à bien des égards sous les feux de l'actualité nationale. L'expertise singulière des accompagnateurs se manifeste dans les manières dont ils agencent, successivement ou simultanément, empathie, objectivation et compréhension tout au long de leurs interactions avec les « adhérents ». Après avoir montré les possibilités offertes par le dispositif, nous mobilisons la sociologie de la perception proposée par Bessy et Chateauraynaud pour étudier la forme dominante d'expertise mise en oeuvre dans le dispositif. Nous introduisons ensuite des éléments de sociologie dispositionnelle afin de mettre en évidence les segmentations qui distinguent les agents entre eux. Notre contribution entend par là expliquer les oscillations et les régularités des formes d'expertise au regard des conditions de cette dernière et des profils et expériences, variés et polymorphes, des membres des cellules chargées de mettre en oeuvre le contrat de transition professionnelle dans les territoires concernés. L'attention à l'activité et aux interactions entre référents et adhérents permet de montrer comment s'opèrent concrètement les transformations en profondeur des normes et des conventions du travail, de l'« emploi à vie » à l'« employabilité durable ».
- La mobilisation collective à l'hôpital : contestataire ou consensuelle ? - Ivan Sainsaulieu p. 461-492 Cet article a pour objet les relations de travail à l'hôpital et pour thèse que la mobilisation collective n'est pas que contestataire mais peut être aussi consensuelle. Pour étayer ce propos, les formes de mobilisation contestataire sont d'abord recensées dans l'univers soignant et différents facteurs sont examinés pour expliquer leur rareté empirique. La soumission (de classe, de genre, etc.) ne peut à elle seule rendre compte de la modération des conflits à l'hôpital. La dimension symbolique du service public et la dimension pratique du care, pertinentes dans ce cadre, jouent un rôle ambivalent. L'examen des contextes organisationnels permet alors de développer une argumentation pour expliquer le « silence » des infirmières, en identifiant des modalités et des conditions d'une dynamique de mobilisation que nous appelons consensuelle : la coopération intense dans certains services, les campagnes participatives pour la qualité des soins, la coordination interprofessionnelle autour de projets ad hoc et l'effet d'entraînement de représentations pratiques nées de mobilisations (consensuelles) antérieures. Autant d'éléments au coeur du travail soignant qui participent à créer une adhésion à une activité professionnelle pénible et utile, même si ces responsabilités locales ne font que reposer au plan général la question du périmètre d'action des soignantes à l'hôpital.
- Les idéologies professionnelles : Une analyse en classes latentes des opinions policières sur le rôle de la police - Philippe Coulangeon, Geneviève Pruvost, Ionela Roharik p. 493-527 En l'absence d'enquête sur le vote policier, l'étude des idéologies professionnelles, qui traduisent une forme de politisation des policiers ordinaires, partie intégrante de la socialisation professionnelle, permet d'approcher les orientations politiques du monde des policiers. À partir d'une enquête par questionnaire auprès de 5 221 policiers de tous grades, on a procédé au relevé des dissensions idéologiques sur la conception du métier policier. L'analyse est fondée sur la méthode des classes latentes, dont l'application fait ressortir trois classes d'opinion que l'on a qualifiées de répressive, médiane et préventive. Ces trois profils permettent de distinguer les policiers sur la question des missions prioritaires de la police, des populations à surveiller, des partenaires avec qui collaborer et des causes de la délinquance. L'analyse des propriétés sociales et professionnelles des policiers relevant de chacune des trois classes d'opinion montre ensuite la prépondérance des caractéristiques professionnelles sur les variables sociodémographiques dans la distribution au sein des trois classes.
- Les livres - p. 529-570