Contenu du sommaire : Le Moyen-Orient, une passion française ? De la guerre des six jours à Septembre noir (1967-1970)

Revue Matériaux pour l'histoire de notre temps Mir@bel
Numéro n° 96, octobre-décembre 2009
Titre du numéro Le Moyen-Orient, une passion française ? De la guerre des six jours à Septembre noir (1967-1970)
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • La diplomatie française dans le conflit israélo-arabe (1967-1970) - Henry Laurens p. 3 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Conscients des dangers géopolitiques du conflit au Moyen-Orient, les représentants de la diplomatie française se sont livrés durant cette période à une politique d'équilibre (et non de neutralité) entre les parties. Désireux d'aboutir à une solution politique allant dans le sens d'une formulation « les territoires contre la paix », il en résulta un dialogue fructueux avec les représentants arabes, très demandeurs en raison des rapports de force défavorables pour eux, et un dialogue de sourds avec les Israéliens, aggravé rapidement par la violence des termes utilisés de part et d'autre.
    Aware of the geopolitical dangers related to the Middle-East conflict, the representatives of French diplomacy pursued during this period a policy of balance (and not of neutrality) between the parties. Anxious to reach a political solution in the sense conveyed by the formulation “territories for peace”, they were able to engage in a fruitful dialogue with the Arab representatives. The Arabs were all the more willing to do so as they were in an unfavourable power struggle and a dialogue of the deaf with the Israelis, worsened by the violent terms used by both the parties.
  • Les juifs de France et la guerre des Six Jours : solidarité avec Israël et affirmation d'une identité politique collective - Samuel Ghiles-Meilhac p. 12 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Dans les deux décennies qui suivent la fin de Seconde Guerre mondiale, Israël n'occupe pas une place centrale chez les Juifs de France. Pour eux, la réintégration dans la société et la reconstruction de vies brisée par l'antisémitisme d'État sont des priorités. Les semaines qui précèdent la guerre des Six Jours changent profondément cette situation. Les Juifs de France, dont le nombre a doublé en quelques années avec l'arrivée de coreligionnaires d'Afrique du Nord, expriment une forte solidarité avec l'État juif dont ils craignent la destruction. Cette mobilisation politique collective favorise l'émergence d'une « communauté juive ».
    During the two decades following the end of World War II, Israel is not a central element for the French Jews. Their priorities are twofold: social reintegration and reconstruction of their lives broken by anti-semitism. This situation changes radically in the weeks preceding the Six-Day War. The number of French Jews had doubled in a few years because of the arrival of their co-religionists from North Africa: fearing the destruction the Jewish State, they were now expressing their strong solidarity with it. This collective political mobilisation contributes to the emergence of a “Jewish community”.
  • Les associations de résistants et le conflits israélo-palestinien - Alya Aglan p. 16 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La reconnaissance du fait patriotique palestinien, marquée par la migration du terme de « résistant » d'un camp à un autre entre 1967 et 1969, passe, pour une minorité d'anciens résistants, par la comparaison du phénomène avec l'expérience vécue pendant la Deuxième Guerre mondiale. Mais cette relecture des événements est le fait d'individus et non des associations elles-mêmes.
    For a minority of former French resistants, recognition of the Palestinian patriotic fact, shown by the migration of the term “resistant” from one camp to another between 1967 and 1969, is a phenomenon comparable to the one experienced during World War II. This reinterpretation of events is however due to individuals and not to the French war veterans associations themselves.
  • Raymond Aron analyste du conflit israélo-arabe - Henry Laurens p. 22 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Dans ses célèbres articles du Figaro, Raymond Aron élabore dans la quasi-immédiateté une véritable syntaxe du conflit israélo-arabe. Son approche combine la réflexion du philosophe avec la référence à l'état de nature, du moraliste avec les articulations entre raison et passions, et du géopoliticien avec le jeu des grandes puissances. Partisan d'une improbable neutralité de la France dans le conflit, son pessimisme le conduit à définir la situation comme un emprisonnement des acteurs dans la violence.
    In his well-known articles written for the Figaro, Raymond Aron elaborates with near-instantaneity a real syntax of the Israeli-Arab conflict. His approach combines: philosophical reflections when referring to the state of nature, moral ones when it comes to the relationship between reason and passions and geopolitical ones concerning the manoeuvres of the superpowers. In favour of France's unlikely neutrality in the conflict, his pessimism leads him to define the situation as imprisonment in violence of the protagonists.
  • Maxime Rodinson et la constitution du Grapp (Groupe de recherche et d'action pour la Palestine) - Gérard D. Khoury p. 28 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Maxime Rodinson fit partie d'un petit noyau d'intellectuels parisiens conscients des enjeux de la guerre de juin 1967 et de ses conséquences pour l'avenir du Proche-Orient. Avec quelques hommes de bonne volonté, il créa le Groupe de recherche et d'action pour le règlement du problème palestinien (Grapp) et défendit, parmi les premiers, ce qui lui apparut alors comme la seule solution possible, celle de deux États séparés.
    Maxime Rodinson was part of a small nucleus of Parisian intellectuals aware of what was at stake after the June 1967 war and of it's consequences for the future of the Near East. With a few men of goodwill, he established the “Groupe de recherche et d'action pour le règlement du problème palestinien-Grapp” (Research and Action Group for the Settlement of the Palestinian Problem) and was among the first to defend the two-state solution that, at the time, seemed to him the only possible alternative.
  • Sartre, Israël et les Arabes : la « détermination affective » - Farouk Mardam-Bey p. 38 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Aussi bien avant qu'après la guerre de 1967, l'attitude de Sartre et de la plupart des sartriens à l'égard de la question palestinienne et du conflit israélo-arabe n'était pas déterminée par l'analyse objective de la situation au Proche-Orient mais par un élan spontané de solidarité avec l'État juif, considéré comme une compensation de la Shoah. Le philosémitisme, supposé être un antidote à l'antisémitisme, se doublait chez Sartre d'une totale indifférence à l'histoire du monde arabe et à sa culture.
    Neither before the 1967 Israeli-Arab War nor after, was Sartre's and most of his supporters' attitude towards the Palestinian question and the war determined by an objective analysis of the situation in the Near East. As a compensation for the Shoah, it was based on a spontaneous surge of solidarity with the Jewish state. Sartre's philosemitism, supposedly providing an antidote to antisemitism, was coupled with a total indifference to the history of the Arab world and it's culture.
  • Pierre Vidal-Naquet : un intellectuel « Français juif » entre « fidélité et trahison - Magali Gustave p. 42 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'engagement « juif » de Pierre Vidal-Naquet prend ses racines dans la guerre des Six Jours qui lui permet d'exprimer pour la première fois publiquement ses positions sur Israël, sur ses relations avec ses voisins arabes et sur sa vision du sionisme. Son attitude face à cette crise souligne ses interrogations à l'égard de ses origines juives car sa passion « sioniste » des premiers jours laisse place à une distanciation qui le conduit à une analyse novatrice de la nature du conflit israélo-palestinien et à la manière de le résoudre.
    The Six-Day War marks the beginning of Pierre Vidal-Naquet's “Jewish” commitment. For the first time publicly, he expresses his position concerning Israel and it's Arab neighbours and his own vision of zionism. His interrogations concerning his Jewish origins are emphasized by his attitude towards the crisis and his new “Zionist” passion soon gives way to a certain form of distance enabling him to analyse the nature of the Israeli-Palestinian conflict in an innovative way.
  • L'extrême-gauche française et la question palestinienne - Denis Sieffert p. 59 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Si une partie de l'extrême gauche française s'est mobilisée dès le milieu des années soixante en faveur des Palestiniens, c'est schématiquement pour trois raisons. D'abord, parce que ce combat apparaissait comme inscrit dans la continuité de la lutte anticoloniale. Ensuite, parce que « le Palestinien » s'identifiait dans la représentation de l'extrême gauche à la figure de l'immigré qui était au cœur de nouvelles luttes sociales. Enfin, parce que le Parti socialiste (la SFIO) était engagé dans un rapport quasi fusionnel avec Israël. Chacun était donc fidèle au rôle joué pendant la guerre d'Algérie.
    The reasons why part of France's extreme left mobilized, from the middle of the 60s, in favour of the Palestinians are basically threefold. Firstly, because the Palestinian struggle appeared as a continuation of the anti-colonial struggle. Secondly, because the extreme left representation concerning “the Palestinian” identified him with the figure of the immigrant, now an issue central to new social struggles. Thirdly, because the Socialist Party (the SFIO) maintained a quasi-symbiotic relationship with Israel. Both the UNEF and the SFIO were staying within the boundaries of their roles during the Algerian War.
  • Résumés et abstracts - p. 63
  • Bulletin d'abonnement - p. 67