Contenu du sommaire : La Turquie d'aujourd'hui au miroir de l'Histoire
Revue | Confluences Méditerranée |
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Numéro | no 83, automne 2012 |
Titre du numéro | La Turquie d'aujourd'hui au miroir de l'Histoire |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier
- Avant-propos - Bastien Alex, Didier Billion p. 9
- Istanbul, du « seuil de la félicité brisé » à la mégapole internationale - Jean-François Pérouse p. 11-18 Istanbul est la plus grande mégapole européenne si l'on inclut sa partie asiatique. Il est clair que le pouvoir AKP veut en faire un phare à la gloire de la nouvelle puissance turque. Cet article revient sur l'urbanisme récent en décryptant les desseins qui le sous-tendent. Il le resitue également dans le temps plus long pour démontrer que l'activisme urbanistique n'est pas uniquement une oeuvre de l'AKP.
- L'euroscepticisme, le turcoscepticisme et la Turquie : une affaire de perceptions ? - Bastien Alex p. 19-29 Parangon de la fatigue de l'élargissement de l'UE, les pourparlers d'adhésion de la Turquie sont désormais au point mort. Si les dirigeants politiques turcs et européens portent une part de responsabilité dans cet échec, les perceptions européennes de la Turquie, fruits de l'Histoire et des dynamiques qui ont rythmé les différentes séquences socio-politiques n'y sont pas non plus étrangères. Il semble ainsi nécessaire de se pencher aujourd'hui sur les raisons de cette impasse qui peuvent trouver leur racine dans ce ressenti qui est venu se fracasser contre une conjoncture des plus défavorables. De même, pour aller plus loin, il s'agit de s'interroger sur la véritable question qui est posée, en filigrane, à l'UE et que la Turquie lui renvoie continuellement : celle de la définition de son identité.
- Quelle Europe pour les Turcs ? - Alain Servantie p. 31-42 L'Europe est un concept récent pour les Turcs, symbole plus de changements technologiques et économiques que d'une évolution des valeurs, que d'une intégration de diversités. Les obstacles rencontrés par les Turcs dans les négociations d'une adhésion à l'UE sont attribués à l'incompréhension de la situation du pays par les hommes politiques des Etats-membres. Mais, les Turcs savent-ils vraiment ce que sont les valeurs européennes, ce qu'est l'évolution de l'intégration ? Il ne semble pas que l'enseignement ou les médias fassent passer cette information : dans les sondages, dans les études d'opinion, dans les déclarations publiques, l'Europe reste lointaine.
- Can the Turkish model be relevant for the Arab Awakening ? - Kemal Kirisci p. 43-57 La Turquie est de plus en plus présente sur la scène internationale. Alors que les pays arabes sont engagés dans un processus de transition politique, l'on prétend régulièrement que la Turquie « nouvelle » pourrait leur servir de modèle. Cet article revient sur cette idée qui fait florès, s'interroge sur la notion de modèle et jauge sa réalité.
- Tentative de mise en perspective de la politique extérieure de la Turquie - Didier Billion p. 59-69 Actualité oblige, les commentaires sur la politique extérieure de la Turquie se sont multipliés au cours des dernières années. Les théorisations hâtives et les contresens se sont malheureusement accumulés sur le sujet. C'est pourquoi il est nécessaire de mettre en perspective cette politique pour en comprendre les dynamiques actuelles et en saisir les fondamentaux. Si de réels facteurs de nouveauté se sont cristallisés, il n'en demeure pas moins que les axes traditionnels de la diplomatie mis en œuvre par Ankara continuent à prévaloir.
- La doctrine Davutoglu : une projection diplomatique de la Turquie sur son environnement - Gérard Groc p. 71-85 La nomination, en mai 2009, d'Ahmet Davutoglu au poste de ministre des Affaires étrangères de la Turquie révéla officiellement une reconfiguration de la diplomatie turque, en fait initiée depuis mars 2003 par lui-même, au poste plus discret de conseiller aux affaires internationales du Premier ministre Erdogan. Sur la base de la thématique de la « profondeur stratégique » qu'il avait élaborée dès les années 1990 en tant qu'universitaire, il entend sortir la diplomatie turque de « l'alignement » observé au cours de la guerre froide, pour l'adapter, dans un environnement géopolitique renouvelé du pays, à une nouvelle période de « désordre international ». A partir de la réévaluation de plusieurs paramètres, la Turquie pourrait y figurer un acteur désormais « global », exerçant une stabilisation bénéfique sur un voisinage proche-oriental passablement explosif.
- L'AKP et l'autoritarisme en Turquie : une rupture illusoire - Alican Tayla p. 87-97 Depuis l'arrivée au pouvoir de l'AKP, la Turquie semblait avoir changé radicalement, en particulier sur le plan de la politique intérieure. Pourtant une décennie après son accession au pouvoir, l'autoritarisme semble empreindre son action. Force est d'admettre que l'AKP se situe donc dans une certaine généalogie de l'autoritarisme en Turquie avec des figures bien connues. Si cet article revient sur cette histoire et sur ces figures, il cherche surtout à analyser la lente montée en puissance de l'autoritarisme de l'AKP.
- Aux sources du dynamisme économique turc - Deniz Ünal p. 99-116 74 millions d'habitants, une puissante industrie automobile exportatrice, un PIB par tête qui la place en seconde position des grands émergents derrière la Russie : il y a loin, très loin, de la Turquie d'aujourd'hui, à celle, autarcique, des débuts de la République, qui n'abritait en 1923 que 14 millions d'habitants, dont plus des trois quarts étaient des paysans illettrés. La plongée aux sources de son dynamisme économique et démographique montre que le « modèle turc » résulte d'une lente et tâtonnante construction d'un régime démocratique et d'une économie de marché tout à fait spécifiques.
Variations
- Les islamistes : analyse d'un agenda économique en construction - Javier Albarracin, Paula Cusi p. 119-134 Une des principales données des grands changements survenus dans le monde arabe depuis 2011 a été la formation de nouveaux gouvernements majoritairement islamistes. Cet article vise à présenter les priorités en matière économique de ces partis, qui n'ont pas été à l'initiative de ces mutations profondes mais ont su capitaliser sur le mécontentement et l'envie de changement de la population, au point d'accéder au pouvoir. Cet agenda économique encore en construction semble se situer entre la continuation des politiques conduites par les anciens régimes et de nouvelles approches, notamment sur le plan des rapports économiques avec le monde, sans omettre la promotion d'outils financiers alternatifs tels que la banque islamique. À travers les cas du Maroc, de la Tunisie et de l'Egypte, pays qui vivent à des degrés divers une transition politique, nous analyserons ces « nouveaux » modèles, dans un contexte économique mondial et domestique difficile.
- Les Libano-Syriens au Sénégal : Trajectoire, accommodation et confessionnalisme - Alhadji Bouba Nouhou p. 135-151 En avril 2012, les médias arabes firent grand écho de la nomination de l'écologiste libano-sénégalais, Haïdar El-Ali, au poste de ministre de l'Ecologie et de la protection de la nature du Sénégal. En effet, la population sénégalaise, musulmane à plus de 90 %, est aussi composée de 30000 Libano-Syriens. Dans quel contexte émigrèrent-ils au Sénégal ? Comment reconstituèrent-ils leur identité confessionnelle ?
- Le YÖK et le Politique : un rapport paralysant la réforme de l'enseignement supérieur en Turquie - Murat Yilmaz p. 153-168 Le YÖK, le conseil de l'enseignement supérieur, a été fondé en 1981 par la junte militaire arrivée au pouvoir en 1980 par un coup d'Etat. Les militaires, pressés de remettre le pays dans le « droit chemin », entreprirent rapidement une réforme de l'enseignement supérieur visant à retirer aux universités leur autonomie. Le devoir du YÖK était donc de veiller à l'application de la nouvelle loi sur l'éducation supérieure. Mais en tant qu'institution étatique supra-parlementaire concentrant tous les pouvoirs de décision dans le domaine de l'enseignement supérieur, il se trouva très vite critiqué par une multitude d'acteurs, notamment par les différents gouvernements qui se succédèrent. Pour ses détracteurs, le YÖK, jugé anti-démocratique et autoritaire, devait absolument disparaître pour céder la place à des universités autonomes capables de se gérer elles-mêmes. Pour cela, il était nécessaire de changer la loi sur l'enseignement supérieur, ce qui relevait de la compétence du parlement turc. Cependant, malgré les promesses des différents partis politiques de réformer radicalement cette loi, il n'y a jamais eu de changement profond. L'objectif de notre article est d'expliquer, à travers une analyse de l'évolution des rapports entre le pouvoir et le YÖK, la raison pour laquelle celui-ci n'a pas été réformé radicalement. Selon notre hypothèse, le blocage qui caractérise la réforme de l'enseignement supérieur réside dans la rivalité de pouvoir qui s'est instaurée entre le YÖK et l'autorité politique. En d'autres termes, au sein de l'appareil d'Etat, la compétition opposant le YÖK au politique constitue un obstacle majeur à la volonté réelle de réformer en profondeur le YÖK. Néanmoins, la Turquie, engagée depuis le début des années 1990 dans un processus de démocratisation, a besoin plus que jamais de démocratiser le fonctionnement de l'enseignement universitaire.
- Les islamistes : analyse d'un agenda économique en construction - Javier Albarracin, Paula Cusi p. 119-134
Notes de lecture
- Notes de lecture - p. 169-179