Contenu du sommaire : Géopolitique de la Turquie

Revue Hérodote Mir@bel
Numéro no 148, 1er trimestre 2013
Titre du numéro Géopolitique de la Turquie
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Éditorial : la Turquie, puissance régionale émergente ? - Béatrice Giblin p. 3-7 accès libre
  • Le cheminement complexe des nouvelles relations turco-arabes - Jean-Paul Burdy, Jean Marcou p. 8-22 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    C'est pendant la guerre froide que la rupture entre la Turquie et le monde arabe aura été la plus évidente. Le gouvernement de l'AKP, au pouvoir depuis 2002, a mené une politique d'ouverture économique, de médiation politique et de soft power active en direction du monde arabe. C'est surtout après 2007, en 2009-2010, que la politique de « zéro problème avec les voisins » s'est déployée en direction de l'Irak et en particulier de la Syrie. Les « printemps arabes » ont brutalement remis en cause cette politique, et fortement réduit la capacité d'influence régionale de la Turquie. La crise syrienne, le retour de la diplomatie égyptienne, l'activisme du Qatar, les tensions avec l'Iran, la Russie et Israël : autant d'éléments qui contraignent Ankara à subir le mouvement plus qu'à le maîtriser. L'issue de la crise syrienne sera évidemment décisive pour la nécessaire redéfinition de la politique régionale arabe d'Ankara.
    The Complex Process of the New Arab-Turkish Relations
    The rupture between Turkey and the Arab world has been the most obvious during the Cold War. The AKP government, in power since 2002, has pursued in the Arab world an active policy of economic openness, political mediation and soft power. Especially after 2007, in 2009-2010, the policy of « zero problems with neighbours » is deployed toward Iraq, but especially Syria. The Arab Springs brutally questioned this policy, and strongly reduced the ability of regional influence of Turkey. The Syrian crisis, the return of the Egyptian diplomacy, the activism of Qatar, tensions with Iran, Russia and Israel : all of which forced Ankara to follow more than to control the movement. The outcome of the Syrian crisis will obviously be decisive for the need to redefine the regional Arab policy of Ankara.
  • L'espace kurde entre unité et diversité : Entretien avec Hamit Bozarslan - p. 23-32 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Le contexte régional d'avant 2010 se caractérisait par une double radicalisation de l'espace kurde, d'abord dans chacune de ses parties en Turquie, en Iran, en Irak et en Syrie par rapport aux États, puis dans sa dimension transfrontalière, impliquant de nombreuses interactions entre divers acteurs politiques. Mais, depuis juin-juillet 2012, la situation régionale a basculé dans un état de violence. Au cœur de l'espace kurde, terme qu'on pourrait préférer à celui de Kurdistan pour mieux appréhender toutes les ramifications et toute la complexité de la question kurde à l'échelle moyen-orientale, il y a désormais le Kurdistan d'Irak qui dispose du statut d'entité fédérée et qui pourrait, potentiellement du moins, constituer le noyau d'un futur État kurde. Il est évident que l'existence de cette entité suscite autant d'espoir chez les Kurdes que d'inquiétude dans les États où ils se trouvent ; elle sert en tout cas de repère symbolique fort expliquant la radicalisation de l'espace kurde dans sa totalité.
    Interview with Hamit Bozarslan, December 7th 2012Prior to 2010, a double radicalization characterized the Kurd territory, both in its Turkish, Iranian, Iraqi and Syrian part, and in its transborder dimension, resulting in multiple interactions between political actors. But since June-July 2012, the regional situation shifted into a violent one. From now on, in the heart of the Kurd space – preferable term to Kurdistan in order to better grasp the complexity of the Kurd issue at the Middle-Eastern scale – there is an Iraqi Kurdistan with a federal entity status which could, potentially at least, form the core of a Kurd State. The very existence of this entity creates obviously as much hope among Kurds as concern in the States where they are. It serves in any case as a symbolic marker explaining the radicalization of the entire Kurd space.
  • La Turquie : retour au Moyen-Orient - Art?k Özge p. 33-46 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La Turquie a connu une évolution de sa politique étrangère depuis quinze ans. L'AKP, une fois arrivé au pouvoir en novembre 2002, a montré son ambition de faire de la Turquie une puissance régionale. La « nouvelle » politique de « zéro problème avec les voisins » d'Ahmet Davutoglu s'est concrétisée à travers un ensemble d'événements : activité de l'AKP dans la médiation des crises au Moyen-Orient, discours de Tayyip Erdogan contre Israël qui ont rendu populaire la Turquie dans les populations arabes, rapprochement, jusqu'à l'été 2011, avec la Syrie, voie d'accès politico-économique vers le Proche-Orient. Le résultat économique de cette politique est positif pour la Turquie mais inquiète l'Occident. Cependant, ce changement de politique turc est antérieur à l'arrivée d'AKP puisque déjà mis en œuvre par Ismail Cem, ministre des Affaires étrangères jusqu'en juillet 2002 ; les gouvernements de l'AKP ne font que le développer sous une approche différente.
    Turkey : Back to the Middle-East?
    Turkey's foreign policy has faced some evolutions since 15 years. Just after AKP won November 2002 national elections, an aim for placing Turkey as a regional power has emerged. Ahmet Davutoglu's “new” policy of “zero problems with neighbours” was revealed through a series of events : pro-activeness of the AKP by mediation for Middle East crises, Tayyip Erdogan's speeches against Israel that gave rise to Turkey's popularity among Arab populations, the reconciliation with Syria, political-economic driveway towards the Middle East, until 2011. The economic result of this policy is positive for Turkey, but creates political concerns in the west. However this “policy change” has its roots from Ismail Cem's activity as a Foreign Affairs Minister until July 2002 ; AKP government developed it under a different approach.
  • L'État turc, son armée et l'Otan : ami, allié, non aligné ? - Jean-Sylvestre Mongrenier p. 47-67 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La Turquie a longtemps fait figure de pays à la politique étrangère strictement alignée sur celle des États-Unis. Les désaccords turco-américains autour de l'Irak, la grave crise diplomatique entre Ankara et Jérusalem, plus généralement la politique étrangère mise en œuvre par Davutoglu et le gouvernement de l'AKP ont suscité une interrogation de longue portée : l'Occident aurait-il perdu la Turquie ? En fait, la participation de la Turquie à l'Otan n'est pas remise en cause et la volonté d'Ankara d'accroître son rôle international se traduit aussi par une forte présence dans les structures atlantiques. Enfin, les menaces sur la Turquie liées à l'environnement régional donnent plus d'importance encore à l'Otan. Il reste donc à appréhender ce pays avec un prisme plus large que celui de la candidature à l'Union européenne.
    The Turkish State, its army and NATO : friend, allied, not aligned?
    Turkey' foreign policy has long been perceived as most dependent on the US. However, The US-Turkish disagreement upon Iraq, the very serious diplomatic crises between Ankara and Jerusalem and more generally the foreign policy of Davutoglu and the AKP have led to raise one fundamental question : did the West lose Turkey ? As a matter of fact, Turkey's membership to NATO is not being reconsidered and Ankara is willing to enhance its international role through the use of the Atlantic structures. Lastly, considering the regional threats, NATO is of prime importance for Turkey's security. Thus, Turkey should be approached by the European countries with a larger prism than its only application to the EU membership.
  • Causes, déroulement et conséquences de la rupture israélo-turque - Frédéric Encel p. 68-82 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    À partir de 1996, Israël et la Turquie avaient constitué un partenariat stratégique. Mais, durant la décennie passée, Ankara a considérablement refroidi la relation bilatérale pour plusieurs raisons géopolitiques, dont sa volonté de créer une vaste zone d'influence islamique dans le monde arabe et le Moyen-Orient. Cette politique passait notamment par une relation sécuritaire et militaire privilégiée avec la Syrie, ennemi traditionnel d'Israël. Or la répression féroce du régime de Bachar al-Assad a ruiné pour beaucoup l'objectif turc. En 2013, la question se pose : le divorce voulu par le gouvernement turc vis-à-vis d'Israël aura-t-il été géopolitiquement intéressant ?
    Causes, proceedings and consequences of the Israeli-Turkish break
    Israel and the Turkey had formed a strategic partnership since 1996, one that proved to be very fruitful for more than a decade. But these bilateral relations have very much cooled over the last ten years, largely because of Turkey. Ankara's new attitude is due to several factors, including the will to create a large Islamic axis within the Arab and the Middle eastern area, plus the multiple benefits of closer relations with Syria (collaboration between intelligence services, improved image of Turkey in the eyes of Arab countries, satisfying public opinion, which prefers closeness to Damascus to friendship with Israel, etc.). Today, the question for the Turkish government is : will the break with Israel be geopolitically useful ?
  • Chypre : un triple enjeu pour la Turquie - Pierre Blanc p. 83-102 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Depuis 1974, la partie septentrionale de Chypre est occupée par les forces armées turques. Justifiée au nom de la protection de la minorité chypriote turque, cette présence militaire turque sur l'île traduit un intérêt stratégique qui s'ancre dans les temps longs de l'histoire. Située en face des grands ports anatoliens, à proximité d'un Proche-Orient turbulent et dans une Méditerranée orientale qui révèle aujourd'hui ses richesses en gaz, Chypre ne peut être indifférente aux stratèges turcs. Mais Chypre est aussi une question nationale en Turquie, la politique chypriote des gouvernements turcs faisant par conséquent l'objet d'une certaine unanimité. Le seul élément d'inflexion semble le dossier de l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne. Du fait de ces trois dimensions, le devenir de la question chypriote semble en grande partie soumis aux calculs turcs même si d'autres acteurs interviennent.
    Cyprus : a triple stake for Turkey
    Since 1974, the Turkish military force shave been occupying Northern Cyprus. Justified on behalf of the Turkish Cypriot minority protection, this presence on the island reveals in fact a very ancient strategic interest. Located in front of the biggest Anatolian ports, close to the unstable Near East and located in Eastern Mediterranean which is now revealing its gas richness, Turkish strategists are very concerned by Cyprus. But this island is also a National issue, the Cypriot policy of the Turkish governments being then largely unanimous. The only element of change seems to be the process of joining the European Union. Due to these triple dimensions, the future of the Cyprus issue depends mainly on the Turkish will even if other actors also play a role.
  • Erbil, Bagdad, Ankara et Washington : la course au pétrole en Irak du Nord - Seda Kirdar p. 103-116 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Le pétrole de la région kurde d'Irak suscite l'intérêt de grandes compagnies pétrolières et complique la politique régionale en intensifiant les tensions ethniques et sectaires existantes. Les vastes réserves de pétrole donnent aux Irakiens la possibilité de se remettre des effets néfastes de l'invasion américaine et de la guerre civile qui s'est ensuivie, mais cela pourrait aussi constituer un motif d'intensification des querelles internes et externes. Afin de comprendre les développements actuels dans cette lutte pour les ressources énergétiques, il est nécessaire d'analyser les positions et les stratégies des principaux acteurs en Irak. La dispute entre Erbil et Bagdad pourrait potentiellement escalader en une crise majeure ayant des conséquences sérieuses à Ankara et Washington. Du fait des enjeux politiques et économiques importants pour la Turquie, les modalités des accords entre la Turquie et le Gouvernement régional kurde (KRG) doivent être examinées avec attention. Bien sûr, l'approche américaine est déterminante dans la résolution du conflit, non seulement parce que la superpuissance a militairement renversé le régime de Saddam Hussein et s'efforce encore d'intervenir en Irak, mais aussi parce que les ressources irakiennes en hydrocarbures ont une importance majeure pour les grandes compagnies pétrolières américaines.
    Erbil, Baghdad, Ankara and Washington : oil games in Northern Iraq
    Oil in the Kurdish region of Iraq isattracting the interest of major oil companies and complicating the politics of the region by exacerbating existing sectarian and ethnic tensions. Iraq's vast oil reserves gives its long-suffering citizens the opportunity to recover from the effects of the American invasion and ensuing civil war, but it could also be the catalyst for further internal quarrels and strife as well as external tensions. In order to grasp the current developments going on in this fight for hydrocarbon resources, the stands and maneuvers of the main actors of the oil games in Iraq should be well understood and analyzed. The dispute between Erbil and Baghdad has the potential to escalate into a major dispute with serious implications for Ankara and Washington. As Turkey has a big political and economic stake in the game, the parameters of the deals between Turkey and KRG should be examined in particular. Needless to say, the US approach is crucial in determining any kind of solution to the dispute not just because it is the super power that toppled down the Saddam regime with a military intervention and still endeavoring to have an order in Iraq but also the Iraqi hydrocarbon resources have vital importance for the American giant oil companies.
  • Le gaz comme élément de réorientation des alliances géopolitiques en Méditerranée orientale - David Amsellem p. 117-121 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    En février 2012, Israël et Chypre signent un accord de coopération militaire qui permet aux chasseurs israéliens d'utiliser une base aérienne du sud de l'île pour se poser ; quelques semaines plus tard, les pilotes israéliens et grecs s'entraînent ensemble au-dessus de la Méditerranée. Les relations diplomatiques entre Israël, Chypre et la Grèce n'étaient pourtant pas concevables il y a quelques années, car Nicosie et Athènes se méfiaient de Jérusalem, l'allié d'Ankara, leur ennemi historique. La dégradation des relations israélo-turques en 2010 permet donc un premier rapprochement, mais un élément inattendu va accélérer les choses : à l'été 2010, d'énormes quantités de gaz naturel sont découvertes en Méditerranée orientale, à plusieurs dizaines de kilomètres des côtes israéliennes. Les perspectives économiques vont servir de levier aux relations diplomatiques israélo-chypriotes, puis israélo-grecques. Mais pour l'État hébreu il y a un autre enjeu : sortir de l'isolement diplomatique auquel le destinent la Turquie et l'Égypte.
    Natural gas as an element of geopolitical alliances in the Eastern Mediterranean
    In February 2012, Israel and Cyprus signed a military agreement allowing the Israeli Air Force to land on a military base in the south of the island ; few weeks later, Israelis and Greeks jetfighters took part in a joint exercise above the Mediterranean sea. Yet, diplomatic relations between Israel, Cyprus and Greece were inconceivable few months ago because Nicosia and Athens were suspicious about Jerusalem, Ankara's ally, their historic enemy. The deterioration of the Israeli-turkey relation in 2010 enabled a new positive partnership between them. But an unexpected element occurred : in summer 2010, a huge amount of natural gas has been discovered in Eastern Mediterranean waters, offshore Israel. Economic perspectives enhanced the link between Israel, Cyprus and Greece. But for the Hebrew state, something else is at stake : getting out the diplomatic isolation wanted by Turkey and Egypt.
  • Polarisations d'une société en mutation culturelle - Nora Seni p. 122-137 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La Turquie change-t-elle de camp, quitte-t-elle le monde occidental pour l'univers arabo-islamique ? Pour répondre à cette question cet article choisit d'évaluer la propension de la société turque à laisser survenir de tels changements. Le fossé profond qui s'est creusé entre islamo-conservateurs et séculiers est-il voué à se combler ou à s'approfondir ? L'examen des modes de vie à Istanbul et des politiques culturelles fournit des éléments de réponse. Après avoir passé en revue les mimétismes et la relative homogénéisation dans les modes d'habiter et de consommer, l'article étudiera le rôle actif du gouvernement AKP et du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan dans la polarisation de ces deux camps.
    Polarization in a culturally changing society
    Is Turkey abandoning its belonging to the Western world, is it getting closer to the Arab world ? To address this question this article moves from analyzing the way of life and the cultural consumption of both Islamic conservatives and secular lower and upper middle classes to evaluate the chances of Turkish society to overcome their differences. It will focus on the government's and the prime minister's strategy to increase the society polarization.
  • Où va l'économie turque ? Trois scénarios à long terme et leurs répercussions sur les politiques menées - Esen Ça?lar p. 138-155 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Qu'adviendra-t-il de l'économie turque dans le futur, en 2023 par exemple ? Pour répondre à cette question il faut commencer par analyser les performances de l'économie turque dans la durée. S'étant engagée dans un spectaculaire processus de transformation depuis la crise de 2001, la Turquie, durant ces quatre dernières années, a atteint une croissance impressionnante, voisine des 7 % sur quinze trimestres consécutifs. Pour rejoindre les dix premières puissances économiques, la Turquie doit relever plusieurs défis économiques. Ces défis définissent à eux seuls les nouveaux paramètres avec lesquels doit être envisagé le futur du pays, puisque les performances à venir sont liées à la façon dont la Turquie pourra relever ces défis, avec plus ou moins de succès. Trois scénarios – optimiste, probable et pessimiste – concluent cet article, chacun d'eux incluant une combinaison de ces paramètres qui sont à la fois endogènes et exogènes.
    Where Turkish economy is heading ? Three long-term scenarios and their political consequences
    What will happen to Turkish economy, in2023, for example ? To answer this question, one needs to start analyzing Turkish economic performances on the long run. After the 2001 crisis, Turkey engaged in a spectacular process of transformations and has performed an impressive growth for the last four years, close to 7 % during fifteen quarters in a row. To catch the ten first economies, Turkey has to address several economic challenges. They define the new parameters influencing the future of the country since the economic performances will result of how successful will Turkey be to address these challenges. Three scenarios – optimist, probable and pessimist – conclude this article, each one of them including a combination of those endogenous and exogenous parameters.
  • Succès et déboires des séries télévisées turques à l'international. Une influence remise en question. - Julien Paris p. 156-170 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Vieux d'à peine une dizaine d'années, le succès des séries turques à l'international connaît aujourd'hui un tournant : aux performances en termes commercial et d'audience succède une multiplication des réactions venues des pays voisins. En prenant d'abord pour exemple le cas de la diffusion de feuilletons turcs en Grèce et ses effets supposés bénéfiques au « soft power » turc (1), cet article tente d'analyser les atouts et les mécanismes permettant aux fictions audiovisuelles de s'insérer dans un marché régional spécifique en termes de contenus culturels (2), pour enfin constater que les valeurs véhiculées dans ces séries – et qui constituent leurs atouts – sont à la base même des critiques que subit la Turquie sur la scène diplomatique régionale, ce sur plusieurs fronts et dans différents registres (3).
    Achievements and setbacks of Turkish dramas at international scale. An influence questionned
    Old barely a decade, the international success of Turkish series is currently experiencing a turning point : the commercial and audience performances are nowadays succeeded by multiple reactions from neighboring countries. Taking as a first example the case of Turkish soap operas' broadcast in Greece and its supposed beneficial effects on the Turkish “soft power” (1), this paper aims to analyze the audiovisual fictions' s strengths and mechanisms to enter a specific regional market in terms of cultural contents (2), and finally note that the values carried in the series – which are also their strengths – are the basis of the criticisms underwent Turkey's on regional diplomatic scene, this on many fronts and in different registers (3).
  • Une Constitution, mais pour qui ? Le processus d'établissement d'une Constitution en Turquie et les objectifs contradictoires des partis politiques - Riza Turmen p. 171-182 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Il y a depuis de nombreuses années en Turquie une demande citoyenne pour une nouvelle Constitution, celle de 1982 étant le fruit du coup d'État du 12 septembre 1980 et reflétant la mentalité du régime militaire. Après les élections de juin 2011, les quatre partis représentés au Parlement ont décidé de mettre en place un Comité de conciliation afin de rédiger la nouvelle Constitution – comité composé de trois représentants de chaque parti politique, quelle que soit leur représentation au Parlement. La société civile a largement participé au débat mais, in fine, c'est le Comité qui la rédige ; cependant, quel sera l'effet de la participation de la société civile sur la rédaction ? La question est importante car la société turque et sa politique sont profondément divisées entre Turcs séculiers et urbanisés et Turcs islamistes et conservateurs, et des différences irréconciliables entre les quatre partis peuvent conduire à l'échec, sauf si la société civile les oblige au compromis. Mais, au vu du glissement actuel vers un régime autoritaire, il n'y a aucune raison de croire que l'AKP recherche l'établissement d'une Turquie plus démocratique à travers l'établissement d'une nouvelle Constitution.
    A constitution for whom ? Constitution-making process in Turkey and contradictory objectives of political parties
    As a result of the September 12th 1980coup d'état and as a reflection of the military regime state of mind, there is a growing demand for a new constitution in Turkey. After June 2011 elections, the four parties represented at the Parliament set up a Conciliation Committee – composed of three members of each party whether they are represented at the Parliament or not – to draft a new Constitution. Civil society largely participated to the debate but it's up to the Committee to write it up. Nevertheless, what will the civil influence be on the final writing ? The question is important because the Turkish society and its politics are deeply divided between age-long urban Turkish and conservative Islamist Turkish. Irreconcilable differences between the four parties could lead to a failure, except if Civil society for them to a consensus. But the current shift towards an authoritarian regime prevents to believe that the AKP is looking for a more democratic Turkey through the establishment of a new constitution.
  • Le basculement historique du commerce extérieur turc vers l'Orient - Seyfettin Gürsel p. 183-196 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    D'importants changements aux niveaux économique et politique se sont produits dans la dernière décennie en Turquie. Ces changements ont bouleversé les rapports de force aussi bien à l'intérieur du pays que dans la région. Le déplacement du centre de gravité du commerce extérieur turc de l'Europe vers le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord constitue l'arrière-plan économique d'un nouveau paradigme dans les relations stratégiques entre l'Occident et l'Orient. La dernière décennie a connu un développement économique rapide associé à des changements de politiques majeurs. Ces deux phénomènes se sont traduits dans l'évolution du commerce extérieur turc en général et sa dimension énergétique en particulier. Cette évolution commerciale n'est pas sans implications stratégiques.
    The historic swing of Turkish foreign trade towards the East
    Important economic and political changes occurred in Turkey during the last decade. They disrupted the power games both internally to the country and in the region. The displacement of Turkish foreign trade's center of gravity from Europe to Middle-East and North Africa forms the economic background of a new paradigm in the relationships between the West and the East. Associated with important political changes, the last decade has seen a rapid economic development. These two phenomenons are visible in the evolution of the Turkish foreign trade in general, and in its energetic dimension in particular. This commercial evolution has strategic implications too.
  • L'aménagement du grand Istanbul : entre ambition géopolitique mondiale et enjeux fonciers locaux. Le troisième pont sur le Bosphore - Yoann Morvan p. 197-210 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La construction du troisième pont sur le Bosphore est un puissant révélateur des enjeux multiples qui caractérisent la mégapole. Facilitant le passage entre Europe et Asie, il sert les ambitions internationales du gouvernement turc qui souhaite faire de la métropole du Bosphore son porte-étendard. La nouvelle infrastructure est un outil de l'aménagement du grand Istanbul. À un niveau local, outre le désengorgement escompté du trafic automobile, l'un des plus saturés au monde, il permet la création de nouvelles opportunités de spéculation foncière en offrant une accessibilité autoroutière à des franges de l'agglomération encore non urbanisées. Cela constitue des menaces à l'environnement stambouliote, en particulier à ses espaces forestiers et à ses ressources en eau, et à certaines couches sociales populaires. Dénonçant ces menaces, des groupes de militants se sont formés. Le troisième pont interroge la géopolitique locale du parti au pouvoir à l'échelle nationale et municipale.
    Great Istanbul's planning : between global geopolitical ambition and local real estate stakes
    The building of the third bridge on the Bosphorus deeply reveals the challenges of the metropolis. Facilitating the crossing between Europe and Asia, it serves the international ambitions of the Turkish government, which would like to turn Istanbul into a flagship city. The new infrastructure is an urban planning tool of the Great Istanbul. At a local scale, in addition to solving congestion problems, it creates new opportunities for real estate by offering new highways accessibilities for urban fringes in Istanbul. Nevertheless, it constitutes a threat for the environment, especially for forests and water resources, and also for some of the poorest layers of the Istanbul society. Some NGOs have started denouncing these threats. The third bridge questions the local geopolitics of the party that is governing both at national and municipal scales.
  • Hérodote a lu - Barbara Loyer p. 211-212 accès libre