Contenu du sommaire : Quelles retombées des printemps arabes sur l'Afrique subsaharienne ?
Revue | Afrique Contemporaine |
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Numéro | no 245, 2013/1 |
Titre du numéro | Quelles retombées des printemps arabes sur l'Afrique subsaharienne ? |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial - Jean-Bernard Véron p. 7-9
Quelles retombées des printemps arabes sur l'Afrique subsaharienne ?
- Quelles retombées des printemps arabes sur l'Afrique subsaharienne ? : Introduction thématique - Jean-Bernard Véron p. 13-22
- Des « printemps arabes » à la « nouvelle révolution » en Angola : Mobilisation et contestation politique dans l'après-guerre - Juliana Lima p. 23-36 Alors que les mobilisations des printemps arabes se déroulent au nord du Sahara, une partie de la jeunesse angolaise se mobilise contre les politiques de paix et le régime du président José Eduardo dos Santos. La vague de protestations que connaît l'Angola depuis mars 2011 révèle une partie des tensions sociales qui se cachent derrière l'apparence d'une transition tranquille et réussie. Dans un pays encore très marqué par un long conflit civil, le discours gouvernemental instrumentalise la crainte du retour à la guerre et répond avec violence aux protestations des jeunes angolais.From the Arab spring to a new revolution in Angola As Northern Saharan citizens demonstrated during the Arab Spring revolutions in their countries, some Angolan youths started a movement against the regime and peace policies of President José Eduardo dos Santos. A wave of protests in Angola since March 2011 reveals some of the social tensions hidden behind an apparently peaceful and successful transition to democracy. The Angolan government exploits peoples' fear of a new war in a country still recovering from a long civil war and meets the protests of the youth movement with violence.
- Les printemps arabes croqués par le dessinateur de presse Godfrey Mwampembwa (dit Gado) : « S'ils peuvent le faire, pourquoi pas nous ? » - Alexander A. Panov p. 37-51 Dans cet article, Alexander A. Panov livre une analyse et sa propre perception du travail de Gado, l'un des plus célèbres caricaturistes politiques en Afrique. À travers l'étude d'une série de ses dessins de presse sur les « printemps arabes », publiés entre octobre 2010 et décembre 2011, il décrypte la perception de ce processus sociopolitique nord-africain en Afrique de l'Est. En toile de fond émerge l'idée que, pour de nombreux militants, journalistes, commentateurs et lecteurs, au moment de la publication de ces dessins, les soulèvements populaires en Afrique du Nord pouvaient aussi être une réalité dans les pays d'Afrique subsaharienne.The Arab spring as drawn by cartoonist Godfrey Mwampembwa (aka Gado) In this article, Alexander Panov analyzes and interprets the work of Gado, one of Africa's best-know political caricaturists. Panov uses a series of press cartoons about the Arab Spring, published from October 2010 through December 2011, to decipher perceptions about the sociopolitical process in North and East Africa. He finds that when these cartoons were published, many activists, journalists, commentators and readers thought that the popular uprisings in North Africa could also become a reality in sub-Saharan Africa.
- Le « boom » des saisons dans l'espace sahélo-saharien : Proto-révolution, désintégrations et reconfigurations sociopolitiques - Amy Niang p. 53-69 Le Sahel connaît des crises structurelles sur lesquelles les acteurs formels n'ont guère de prise. La diffusion des printemps arabes vers le sud du continent a accéléré et intensifié son intégration dans les processus mondiaux, au point que la stabilité de la région tout entière s'en trouve menacée. L'incapacité des États sahéliens à innover sur le plan de la gouvernance et à satisfaire les attentes de leurs populations, conjuguée à la ruée sur les ressources naturelles, la radicalisation religieuse et l'« importation » de tensions extérieures, notamment, sont à l'origine de l'avènement d'une nouvelle ère mondiale où des griefs locaux trouvent une tribune internationale.The “boom” in seasons The Sahel region regularly sees structural crises that institutions and officialdom can hardly manage. The spread of the Arab Spring revolutions from northern African countries toward southern ones accelerated and intensified the continent's integration into global processes, to the point where the entire region's stability was threatened. A new era has dawned where local grievances find international expression, propelled by Sahelian states' inability to find new ways to govern and satisfy their populations' expectations, boosted by a commodities rush, religious radicalization, and especially the “importing” of external tensions.
- Rupture d'équilibres au Mali : Entre instabilité et recompositions - Salim Chena, Antonin Tisseron p. 71-84 L'intervention militaire franco-africaine au Mali, déclenchée le 11 janvier 2013, a permis la reconquête des régions du nord du pays, alors entre les mains de groupes jihadistes ayant évincé les rebelles touaregs du Mouvement national de libération de l'Azawad. La déstabilisation du Mali, si elle est la conséquence directe de la chute du régime de Mouammar Kadhafi, s'inscrit cependant dans des dynamiques plus anciennes renvoyant à la fois à la perception de l'autre, aux relations entre les pouvoirs et les territoires, aux évolutions du sacré et à l'attitude des principaux acteurs régionaux. Rendre intelligible la trajectoire du Mali durant l'année 2012 impose de la replacer dans le temps long, ne serait-ce que pour éviter tout manichéisme dans les analyses.Upending equilibrium in Mali A joint French and African military intervention in Mali, initiated on 11 January 2013, has recaptured the northern regions from jihadist groups who had pushed out Tuareg rebels who were fighting for the Azawad National Liberation Movement. The destabilization of Mali is a direct consequence of the fall of Muammar Gaddafi's regime. Mali's instability also springs from the most ancient human dynamics: perceptions of the “other”, connections between the authorities and their territories, changes in what is considered sacred, and the attitudes of regional actors. To understand and analyze Mali's trajectory during 2011, a long-term view must be taken, if only to avoid oversimplification.
- Peut-on parler de « seigneurs de guerre » dans la zone sahélo-saharienne ? : Entre vernis idéologique et crime organisé - Christian Bouquet p. 85-97 Une approche de géographie politique permet de donner à la crise sahélo-saharienne un éclairage particulier. Ainsi sont soulignés le rôle des conditions naturelles dans la vulnérabilité et la fragilité des populations, obligées d'être mobiles pour survivre, le poids de l'histoire, mal connue mais fort bien assumée par les générations d'aujourd'hui, la dynamique démographique, plus inquiétante que réconfortante, et la déliquescence des États, qui ne sont plus en mesure de contrôler leurs territoires. Dans ce contexte, les recompositions spatiales auxquelles nous assistons relèvent-elles davantage d'une volonté de faire prévaloir un islam plus radical que du crime organisé par des seigneurs de guerre, fussent-ils jihadistes ?Between ideological varnish and organized crime Political geography shines a special light on the crisis in the Sahel and Sahara. It highlights the role of natural conditions in the population's vulnerability and fragility; citizens must move to survive. It reveals the weight of history, poorly understood yet sturdily carried by today's generation. It focuses on a more worrisome than comforting population growth, and on governments' poor governance and inability to provide security. In this context, we wonder: Do the spatial reconfigurations that we are witnessing arise from a desire to make a more-radical Islam prevail, or do they result from organized crimes perpetrated by warlords, jihadist or otherwise?
Repères
- Retour historique sur les « printemps démocratiques » en Afrique subsaharienne - Étienne Smith p. 100-101
- Afrique du Nord et Afrique subsaharienne : Des trajectoires économiques différenciées - Emmanuel Comolet p. 102-104
- La crise libyenne et son impact sur les transactions foncières en Afrique : Le projet Malibya au Mali - Amandine Adamczewski, Philippe Hugon p. 105-107
Actualités africaines
- Côte d'Ivoire : possibilités et limites d'une réconciliation - Bruno Charbonneau p. 111-129 En Côte d'Ivoire, malgré les déclarations d'intention des dirigeants ivoiriens, les obstacles politiques aux réformes sont nombreux, et parfois en contradiction avec l'objectif avoué de réconciliation. L'analyse des possibilités et des limites de cette réconciliation démontre que non seulement la consolidation de la paix piétine, mais que la situation politique favorise un gel des positions. Les limites de la réconciliation ivoirienne se retrouvent dans un équilibre de forces politiques qui profitent des conditions de sécurité précaires et d'un processus de réconciliation qui exacerbe les polarisations. Ainsi, le processus de réconciliation participe aux plus récentes pratiques d'inclusion et d'exclusion et à la militarisation croissante de la vie politique ivoirienne.Côte d'Ivoire: reconciliation possibilities and limitations Despite Ivorian leaders' declared intentions, political obstacles to reform abound in Côte d'Ivoire, and sometimes conflict with the stated aim of reconciliation. Analyzing the possibilities and limitations of reconciliation shows that peace-building steps are going nowhere; the political situation fosters stagnation. The shortfalls in reconciliation result from a mix of political power that takes advantage of precarious security conditions and a reconciliation process that exacerbates divisions. In this way, the reconciliation process contributes to the most recent practices of inclusion and exclusion; it also prompts the increasing militarization of Ivorian political life.
- Côte d'Ivoire : possibilités et limites d'une réconciliation - Bruno Charbonneau p. 111-129
Notes de lecture
- Saliou Mbaye. Histoire des institutions contemporaines du Sénégal (1956-2000) - Jean-Pierre Bat p. 133-135
- Jean-Pierre Bat. Le Syndrome Foccart. La politique française en Afrique, de 1959 à nos jours - François Gaulme p. 136-138
- Pierre Jacquemot. Économie politique de l'Afrique contemporaine - Jean-Bernard Véron p. 139-140
- Jean-Pierre Dozon. Les Clefs de la crise ivoirienne - Denis Cogneau p. 141-143
- Odile Goerg et Anna Pondopoulo (dir.). Islam et sociétés en Afrique subsaharienne à l'épreuve de l'histoire. Un parcours en compagnie de Jean-Louis Triaud - Abdel Wedoud Ould Cheikh p. 144-148
- Pierre Vermeren. Misère de l'historiographie du « Maghreb » postcolonial (1962-2012) - Maxime Pellier p. 149-151
- Tim Jackson. Prospérité sans croissance - Armand Rioust de Largentaye p. 152-154
- Virginia Coulon et Xavier Garnier (dir.). Les Littératures africaines. Textes et terrains - Emilio Sciarrino p. 155-156