Contenu du sommaire : Villes arabes : conflits et protestations

Les soulèvements du monde arabe ont provoqué un affaiblissement durable de la perception de l'Etat par la population, et de sa capacité à gérer les affaires publiques depuis le centre. Devant la difficulté des nouveaux pouvoirs à s'imposer ou à répondre aux aspirations exprimées aux échelles régionales ou locales, des revendications décentralisatrices s'expriment par des attitudes de défi. Dans un contexte de crise économique et d'une mondialisation qui impose ses contraintes de rentabilité, les Etats sont incapables dans la plupart des cas de répondre à ces aspirations nouvelles par la redistribution de rentes. Comme le montre l'exemple de Damiette en Egypte, c'est donc peut-être dans la libération du dynamisme des villes et des régions négligées par les capitales, grâce à l'affirmation d'élites locales légitimées par la population, que se trouve la clé du rétablissement politique et social du monde arabe.

Essaouira petite ville, fondée au XVIIIe siècle, a été le théâtre de revendications sociales, à l'instar de nombreuses villes de la région. Cette ville vivant une grave récession économique, nous a servi de toile de fond pour tenter d'illustrer quelques aspects de « l'exception » du printemps arabe marocain. A travers l'analyse des trois marginalités vécues par l'ancien quartier juif de la ville, nous avons essayé de présenter quelques aspects des revendications sociales locales, leur évolution, ainsi que le rôle et le mode opératoire des différents acteurs impliqués ou concernés.

Cet article étudie la place centrale de la ville dans les révoltes des sociétés de 2011 contre l'autoritarisme dans le monde arabe. La ville est le lieu où s'applique l'autoritarisme comme régime, et donc comme mode de gestion des rapports sociaux. La ville est aussi le lieu d'où partent les révoltes et où se recomposent les rapports Etats/sociétés.

Dans un livre récent – « Saeculum – Culture, religion, idéologie » – le philosophe Etienne Balibar a abordé frontalement nombre de questions auxquelles se heurte la construction d'un « universel » réellement en partage. À « Confluences Méditerranée » l'on pense toujours qu'une « idée méditerranéenne » dégagée de ses anciennes connotations impériales aidera à la construction d'un avenir commun aux deux rives. Cette perspective exige toutefois que soient affrontés dans la clarté les éléments culturels conflictuels présents de part et d'autre : au Nord, un enracinement dans une tradition chrétienne que les vues universalistes issues des Lumières ont prolongé ; au Sud, un ancrage dans un islam porteur de convictions universalistes tout aussi fortes. Sur le dépassement du noyau dur des incompatibilités, sur les obstacles à surmonter, Etienne Balibar apporte des réflexions plus qu'éclairantes. Sans prétendre rendre compte de tous ses apports, le texte ci-après en analyse les principaux points.

Cet article poursuit un triple objectif : primo, interroger les origines probables du terme « terrorisme » affleurant à l'occasion d'événements majeurs de l'époque moderne et contemporaine ; deuxio, expliquer la genèse des violences politiques dans le monde musulman en général et en Afrique en particulier, avec pour focale le cas malien ; puis, tercio, contextualiser la violence attribuée uniformément au « terrorisme islamiste » pour relativiser in fine le poids de l'islam dans les phénomènes de radicalisation politique.

Même si le Mali se trouve au-delà de l'aire méditerranéenne, les dynamiques qu'ils suscitent a de réelles incidences sur certains pays de cette région. Ce court dossier regroupe trois textes qui reviennent sur la genèse du conflit au Mali et ses incidences dans la région, notamment en Algérie, premier voisin et la France, dont le rôle militaire est très actif. L'article de Jacques Fontaine revient sur l'espace national malien, les faiblesses de sa construction et sur la crise actuelle. Celui de Lahouari Adi montre en quoi le conflit du Mali est un révélateur de la crise du système politique algérien. Enfin, Ahmed Henni décrit la lutte qui oppose depuis longtemps les zaouias, lieux de conservation des rites mystiques d'obédience malékite, aux islamistes wahhabites et autres amis intéressés de la monarchie saoudienne.