Contenu du sommaire : Crises et chuchotements au Sahel

Revue Politique africaine Mir@bel
Numéro no 130, juin 2013
Titre du numéro Crises et chuchotements au Sahel
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Le dossier : Crises et chuchotements au Sahel

    • Les "crises sahéliennes" entre perceptions locales et gestions internationales - Bonnecase V., Brachet J. p. 5 accès libre
    • Le court terme de la légitimité : prises de position, rumeurs et perceptions entre janvier et septembre 2012 à Bamako - Gavelle J., Siméant J., Traoré L. p. 23 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En concentrant la focale d'observation sur la capitale malienne, et dans le temps court, cet article examine plusieurs aspects de la crise qui ne se résument pas à la rébellion au Nord ou à la déréliction des institutions politiques. Après avoir montré ce qui a contribué à la délégitimation rapide du président Amadou Toumani Touré au début de l'année 2012, l'article examine les opportunités offertes par la crise à certains secteurs de la société, observe de quelle façon se déploient les mobilisations et le recours à la violence, et envisage les formes d'autocensure et de recours aux rumeurs. L'article suggère de ne pas considérer la multiplication des rumeurs et récits concurrents comme un seul obstacle à l'analyse, mais au contraire d'en faire un des matériaux de la compréhension des luttes de sens, des ralliements et des affrontements, tactiques aussi bien que moraux, qui se déploient à Bamako.
      The short term of legitimacy : positions, rumors and perceptions, January-September 2012 in Bamako
      By focusing on the Malian capital, and in the short term, this article examines different aspects of the crisis that go beyond the rebellion in the North or the dereliction of Malian political institutions. After showing what contributed to the rapid delegitimation of president ATT at the beginning of 2012, we consider the opportunities opened by the crisis to different parts of society, we then observe how mobilizations and violence are used, and examine rumors and self-censorships. We suggest that rumors and competing narratives should not be considered as mere analytical impediments but, to the contrary, help us to seize what moral and tactical struggles, and rallying, are made of, therefore contributing to understand the rapid reconfigurations of legitimacy in Bamako.
    • La gestion des migrations de retour, un paramètre négligé de la grille d'analyse de la crise malienne - Gary-Tounkara D. p. 47 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'objet de cet article est d'étudier les relations entre les associations de migrants de retour, l'État et la société au Mali. L'auteur montre que la dimension migratoire constitue un paramètre clé de la grille d'analyse de la crise actuelle. Cette dimension permet en effet de repenser les transformations passées et en cours autour des instances de mobilisation des migrants et d'interroger les modalités pratiques de l'élargissement des positionnements politiques en contexte malien. En revendiquant de nouveaux statuts, les militants associatifs plaident pour une refondation des politiques migratoires et une protection accrue de l'État.
      Managing returning migrants : a neglected issue in the analysis of the Mali crisis
      The purpose of this paper is to study the relationships between the associations of returnees, the state and society in Mali. The author shows that the migration dimension is a key parameter in the understanding of the current crisis. This dimension makes it possible to rethink the past and ongoing changes around instances of mobilization of migrants and examine the practical modes of strengthening political positions in the Malian context. Advocating for new laws, migrant militants call for an overhaul of migration policies and increased protection of the state.
    • De quoi la crise démographique au Sahel est-elle le nom ? - M. Cooper B. p. 69 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les femmes nigériennes ont le taux de fécondité le plus élevé d'Afrique subsaharienne, une statistique qui contribue à la pauvreté et aux perturbations politiques dans la région. Les données nationales nous renseignent cependant bien peu sur les expériences individuelles de la fécondité. Ce texte approche les récentes études démographiques à partir d'un travail anthropologique et historique plus large sur le Sahel. Il s'agit de montrer qu'au Niger, comme ailleurs dans la région, l'expérience ressentie d'une crise démographique n'est pas, pour beaucoup, celle d'une surfécondité mais bien au contraire d'une sous-fécondité. Les décideurs politiques et les bailleurs internationaux devraient sans doute considérer plus productif de chercher à satisfaire les besoins perçus par les femmes et les hommes de la région, plutôt que d'exacerber un peu plus l'impression d'encerclement prévalant parfois parmi des populations qui interprètent le « planning familial » comme une intrusion génocidaire dans leurs existences reproductives.
      Demographic crisis in the Sahel : what's in a name ?
      Women in Niger have the highest fertility rate in sub-Saharan Africa, a statistic that contributes to the poverty and political disruption of the region. But aggregate national figures tell us very little about how individuals experience fertility. This paper contextualizes recent demographic studies in light of historical and anthropological work for the Sahel more broadly to argue that for many in Niger and elsewhere in the Sahel, their felt experience of demographic crisis is not one of over-fertility, but rather of sub-fertility. Policy makers and international donors may find that placing more emphasis upon meeting the perceived needs of women and men in the region is more productive that further inflaming a sense of embattlement among populations that sometimes interpret “family planning” as a genocidal intrusion into their reproductive lives.
    • Politique des prix, vie chère et contestation sociale à Niamey : quels répertoires locaux de la colère ? - Bonnecase V. p. 89 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article porte sur le mécontentement social face à l'augmentation des prix des denrées alimentaires dans la ville de Niamey. Alors que ce mécontentement a marqué bon nombre de villes du Sahel et du reste du monde depuis le milieu des années 2000, il interroge ses expressions proprement locales, non seulement dans le cadre de mobilisations collectives face à « la vie chère », mais aussi dans des situations plus ordinaires, en dehors des espaces les plus visibles de la contestation. Il s'attache à montrer que la colère face à l'augmentation des prix, loin de constituer une simple réaction induite par la dégradation des conditions de vie, charrie des imaginaires politiques locaux, eux-mêmes liés à la mémoire des politiques de contrôle des prix et d'approvisionnement des marchés qui ont précédé le tournant libéral de la fin des années 1980. Il s'attache aussi à montrer que les modèles de légitimité bâtis par les autorités nigériennes de l'époque, entretenus par celles qui leur ont succédé, ont alimenté des discours et des pratiques de contestation dès lors que les obligations régulatrices prêtées à l'État n'étaient plus honorées.
      Price Policy, “Vie Chère” and Social Protest in Niamey : What are the Local Repertoires of Anger ?This article focuses on the anger against the increase of food product prices in the city of Niamey. While this anger has arisen in many cities in the Sahel, and around the world, since the middle of the 2000, this article questions its local manifestations, not only from the perspective of collective mobilizations against « La Vie Chère », but also in the ordinary daily life, outside the more visible areas of protestation. It aims at demonstrating that this anger against high prices is not only a mere reaction against the worsening of living conditions, but also entails the production of a local political imaginary made up of memories of prices control and market provision policies that preceded the liberal turn at the end of the 1980s. The article also aims at demonstrating that models of legitimacy built by the Nigerian authorities of that period, have fueled discourses and practices of contestation since the regulatory functions of the state have been abandoned.
    • La guerre du Darfour au prisme des alliances du mouvement islamique : retour sur quelques trajectoires d'hommes d'affaires zaghawa - Chevrillon-Guibert R. p. 113 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans cet article, il s'agit d'analyser les trajectoires individuelles de différents segments des communautés zaghawa du Darfour. Nous nous interrogeons sur leur place dans la construction de l'alliance hégémonique islamiste en étudiant l'évolution des conjonctions d'intérêts entre ces groupes et le mouvement islamique, et ce spécialement dans les dispositifs économiques. Cela permet de comprendre leur délitement au cours des années 1990 et le rapprochement des segments qui conduit à leur réunion dans une opposition commune au régime et leur soutien à la rébellion au Darfour.
      Understanding the War in Darfur : The Role of the Changing Alliances of the Islamic Movement
      This paper examines the formation of Islamists' hegemony by shedding light on the alliances they constructed with specific segments of the Sudanese society. More specifically, it aims to provide an analysis of the alliances' formation with members of the Zaghawa-Darfurian ethnic community, with a special focus on economic activities. I will argue that changes in the alliances -induced by the Islamists' rise to power-explain why different groups within the Zaghawa ethnic community are now supporting the rebellion in Darfur.
    • Les origines et la transformation de l'insurrection de Boko Haram dans le nord du Nigéria - Higazi A. p. 137 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le mouvement militant Jamā'at ahl al-sunna li'l-da'wa wa'l-jihad – « l'Association des gens de la Sunna pour le prosélytisme et la lutte armée » – est mieux connu sous le surnom de « Boko Haram ». Le groupe a émergé en 2003 dans le Nord-Est du Nigeria mais a depuis recruté des militants dans d'autres régions du Nord. Boko Haram n'a pas de soutien massif au Nord du pays, mais la forme de son militantisme et les tactiques contre-insurrectionnelles de l'État nigérian ont généré une insécurité considérable dans ses zones d'activité. Cet article retrace les origines de Boko Haram et les étapes de sa campagne de violence contre l'État nigérian, contre les influences laïques et chrétiennes et contre les musulmans qui s'opposent à lui.
      The Origins and Transformation of the Boko Haram Insurgency in Northern Nigeria The militant movement Jamā'at ahl al-sunna li'l-da'wa wa'l-jihad – “The Association of the People of the Sunna for Proselytisation and Armed Struggle” – is popularly known by the nickname “Boko Haram”. The group emerged in around 2003 in north-east Nigeria but also gained followers in other parts of the north. Boko Haram do not have mass support in northern Nigeria but their militancy and the counterinsurgency tactics of the Nigerian state have generated considerable insecurity in the areas where they are active. This paper traces the origins of Boko Haram and the dynamics and stages of their violent campaign against the Nigerian state, secular and Christian influences, and Muslims who oppose them.
  • Recherches

    • "O Governo Esta Aqui" : Post-war state-making in the Angolan periphery - Soares de Oliveira R. p. 165 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      « O Governo Está Aqui » : la formation de l'État en sa périphérie dans l'Angola de l'après-guerre. Pendant les 27 années que dura la guerre civile angolaise, jusqu'à 80 % du territoire nominal angolais resta hors du contrôle de l'État central. Cependant, après 2002 et la victoire remportée sur les rebelles de l'Unita, le régime MPLA, riche de son pétrole, s'engagea avec enthousiasme à bâtir un prétendu « État moderne » sur l'ensemble du territoire angolais. L'effort consacré à sortir des enclaves qu'il avait longtemps contrôlées pour occuper un vaste territoire faiblement peuplé, étendre l'administration civile et reconstruire ses infrastructures représente une dynamique politique majeure de l'Angola d'aujourd'hui. Cet article tente d'analyser ce développement à travers le prisme des ambitions de l'État, de sa trajectoire historique et de ses relations centre-périphérie.
      For the duration of Angola's twenty-seven-year civil war, the central state did not control up to 80% of its nominal territory. In the aftermath of its 2002 victory over the Unita rebels, however, the oil-rich MPLA (Movimento Popular de Libertação de Angola) regime enthusiastically embraced the commitment to build a self-styled “modern state” across Angola. The resulting effort to break out of the enclaves it had long held and occupy the vast and sparsely populated territory, extend civil administration and rebuild infrastructure is a key political dynamic in present-day Angola. This article is an attempt at understanding the post-2002 state-building drive in Angola's periphery through the prism of both the regime's ambitions and the historical trajectory of the Angolan state and centre-periphery relations.
    • "Prendre la rue" : les parcours citadins des Shégués de Kinshasa - Dugrand C. p. 189 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article se penche sur les parcours citadins des Shégués, les enfants dits « de la rue » de Kinshasa. « Prendre la rue », c'est s'immerger avec ses pairs au cœur de formes de sociabilités urbaines qui combinent l'apprentissage collectif de comportements spécifiques (techniques de vol, consommation de drogue, usage de la violence) et l'affirmation de soi. Entre la valorisation de qualités liées à leur mode d'existence « différent », l'aspiration à la reconnaissance sociale et les rêves de réussite personnelle, les Shégués se construisent au cœur d'une société dans laquelle ils ne cessent de s'employer à « devenir quelqu'un » et à simplement « exister ».
      “Taking the Street” : Urban Trajectories of Kinshasa's Shégués
      This article looks at urban trajectories of the Shégués, the so called “street children” of Kinshasa. “Taking the street” means for these children combining their wish to enhance their self-assertion with different ways of socializing with their peers through a collective learning of specific behaviors (such as theft technics, use of drugs and violence). Between the promotion of values linked to this “different” lifestyle, the yearning to social recognition and the dreams of individual success, the Shégués build themselves within a society in which they continuously try to “becoming someone” and to simply “exist”.
  • Conjoncture

  • Lectures

    accès libre
  • La revue des livres

    - p. 248