Contenu du sommaire : Amérique latine : capitalismes, résistances et reconfigurations politiques
Revue | Mouvements |
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Numéro | no 76, hiver 2013 |
Titre du numéro | Amérique latine : capitalismes, résistances et reconfigurations politiques |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier : Amérique latine : capitalismes, résistances et reconfigurations politiques
- Éditorial : L'Amérique latine dans la décennie 2000, de l'Eldorado au statu quo ? - Fabrice Andréani, Jim Cohen, Marie-Claire Calmus, Samira Ouardi, Olivier Voirol p. 7-11
- L'Amérique latine face au nouveau capitalisme mondialisé - William I. Robinson, Samira Ouardi, Jim Cohen, Fabrice Andréani p. 14-24 Si la « vague rose » latino-américaine a traduit une crise à grande échelle des politiques néolibérales imposées depuis les années 1970, et bien que les pays gouvernés à gauche aient mieux résisté que d'autres aux effets sociaux la crise mondiale, il n'en reste pas moins, comme le montre William I. Robinson, que le capitalisme poursuit dans l'ensemble de la région son processus de transnationalisation, bouleversant le paysage économique et social de fond en comble.
- Le rôle du Moyen-Orient dans les nouvelles relations internationales de l'Amérique latine - Cecilia Baeza p. 25-36 À quoi correspond la multiplication des échanges depuis quelques années entre l'Amérique latine et le Moyen-Orient ? Cecilia Baeza montre à travers cet exemple que le nouveau paysage des relations internationales du sous-continent est travaillé par plusieurs logiques à la fois : la recherche d'autonomie à travers de nouveaux liens Sud-Sud, le fonctionnement des liens transnationaux entre les diasporas moyen-orientales et leurs pays d'origine ; mais aussi la poursuite banale et pragmatique d'intérêts commerciaux avec de nouveaux partenaires, sous l'influence d'acteurs privés. Si seuls ont compté pendant des siècles les rapports avec les puissances européennes, puis avec les États-Unis, à l'heure actuelle les relations se diversifient, pour des raisons qui relèvent tantôt de motifs idéologiques, tantôt d'« intérêts » au sens le plus ordinaire du terme.
- La politique d'Obama en Amérique latine. La continuité sans le changement - Mark Weisbrot, Jim Cohen, Fabrice Andréani p. 37-48 Si l'Amérique latine en plein « virage à gauche » a accueilli plutôt favorablement l'élection de Barack Obama 2008, compte tenu notamment du bilan désastreux de l'époque Bush-Cheney, force est de constater que la politique étrangère de son administration témoigne d'une continuité profonde, en Amérique latine (comme ailleurs), en alimentant une dynamique de guerre froide régionale. Mark Weisbrot examine, à partir de plusieurs exemples (Honduras, Venezuela, Haïti, gestion des marchés financiers etc.), les mécanismes et les raisons de cette continuité, étant donné que la droite maintient à Washington des leviers non négligeables de pouvoir en matière de politique latino-américaine. En laissant la dimension sécuritaire l'emporter sur des formes inédites de coopération, l'administration Obama a opté pour la voie de moindre résistance politique, aux dépens de toute perspective d'amélioration des relations avec le sous-continent – mis à part quelques alliés réputés plus « sûrs »...
- La France en Amérique latine : quelle(s) stratégie(s) face aux reconfigurations régionales ? : Entretien avec Jean-Jacques Kourliandsky - Fabrice Andréani, Marie-Claire Calmus, Jim Cohen p. 49-64 Derrière une myriade d'initiatives diplomatiques, économiques et militaires, l'action de l'État français en Amérique latine semble souffrir d'un manque de cohérence générale, d'une « non stratégie ». Jean-Jacques Kourliandsky, chercheur à l'Institut de recherche internationale et stratégique (IRIS), nous a aidés à décrypter la situation.
- Les enjeux des luttes pour la démocratisation de la communication - Armand Mattelart p. 66-77 Certains pays latino-américains ont connu ces dernières années des luttes conséquentes pour la démocratisation des moyens de communication, c'est-à-dire contre le « modèle vertical et asymétrique du flux de communication » et pour la multiplication des sources d'expression en dépit des logiques de marché et de contrôle étatique. Armand Mattelart, qui observe l'Amérique latine et ses dynamiques de changement depuis les années 1960, examine ici les acteurs et les situations concrètes qui, bien que non dépourvues de conflits, ont pu conduire, dans certains pays (Uruguay, Argentine, Équateur notamment) à des lois visant une communication plus « populaire, indépendante, incluante », fondée sur un droit à la communication lui-même « indissociable des droits civils et sociaux ».
- Colombie : les dialogues de paix de la dernière chance ? - Olga L. González p. 78-89 Comment le gouvernement Santos en Colombie est-il passé de l'idée de revanche sur les Farc, hier en vogue, à celle de paix ? Olga L. González identifie les arguments des acteurs favorables au dialogue, et de ses opposants. Elle propose un bilan, un an après le début des négociations, des principaux points de l'agenda. Elle montre enfin pourquoi « la paix » restera un thème déterminant lors des élections de 2014.
- Yasuní-ITT en Équateur : le projet peut-il encore atterrir au niveau local ? - Sunniva Labarthe p. 90-104 « Laisser le pétrole sous terre » : ces six dernières années, le gouvernement de la « révolution citoyenne » dirigé par Rafael Correa a promu à travers le globe l'initiative Yasuní-ITT comme la façon la plus « simple et révolutionnaire » de réaliser une transition énergétique équitable tant au niveau national qu'international – en intégrant le concept de « dette écologique ». Des rares curieux à être allés voir d'eux-mêmes comment l'idée se fait concrètement matière dans la forêt amazonienne, Sunniva Labarthe nous invite à reconsidérer notre acception de ce qui se joue effectivement aujourd'hui en Équateur sur le plan de la justice sociale et environnementale.
- L'État régional du Bolívar au Venezuela. Reflet du désalignement entre le gouvernement chaviste et le mouvement ouvrier - Thomas Posado p. 105-116 Érigée un temps en avant-poste d'un « socialisme du XXIe siècle » capable de concilier démocratie et réformes radicales, la « révolution bolivarienne » inaugurée par Hugo Chávez a surtout été débattue pour ses conseils de quartier « participatifs » ou son anti-impérialisme. À la mort du Comandante, le déclin électoral du chavisme, bien que perceptible depuis des années, laisse alors perplexe. Loin des barrios hyperactifs et des « ministères du pouvoir populaire » de Caracas, les luttes décrites par Thomas Posado, au cœur des grandes usines « récupérées » et censées faire du Venezuela autre chose qu'un pétro-État, nous aident à mieux cerner la situation.
- Les à-côtés du zapatisme contemporain. Réseaux de résistance et mobilisations dans le Chiapas des années 2000 - Maya Collombon p. 117-129 Le néozapatisme a fait irruption sur les scènes mexicaine et mondiale il y a tout juste vingt ans, au moment opportun pour gâcher la fête de l'entrée en « libre échange » avec les États-Unis. « Indigène », « anticapitaliste », et avec comme porte-parole vedette un « sous-commandant » à la fois encagoulé et hypercultivé, le mouvement autour de l'Armée zapatiste de libération nationale (EZLN) a engendré beaucoup d'images, mais peu d'études sur ses rapports concrets avec les autres groupes et individus partageant au quotidien un même espace de lutte au Chiapas. À l'heure où la fascination pour l'EZLN est retombée, Maya Collombon fait le bilan.
- Brésil, juin 2013 : mouvement social et refus du « blindage » de la démocratie - Marcos Nobre, Olivier Voirol p. 130-135 Il n'est pas facile de définir les implications politiques du mouvement social brésilien de juin 2013. Son mode de constitution par « vagues », sans leaders, en a fait un mouvement sans modèles, donc susceptible d'influences diverses selon les lieux, et pas toujours de gauche. Par-delà les revendications matérielles des manifestants, importantes en elles-mêmes, Marcos Nobre soulève un enjeu politique crucial. Le mouvement de juin lance un défi à un système politique qui fonctionne – depuis la « transition démocratique » des années 1980 opérée sous l'œil vigilant des militaires – uniquement sur la base de « mégamajorités », « blindées » et immobilistes. La rupture de ce consensus en juin 2013 serait-elle l'expression de nouvelles aspirations à un approfondissement démocratique ?
Itinéraire
- L'art de l'enquête collective sur la division sociale et sexuelle du travail : Entretien avec Helena Hirata - Catherine Achin, Jim Cohen, Virginie Descoutures p. 138-152 Née au Japon, Helena Hirata a grandi au Brésil avant d'être obligée en 1971 de fuir ce pays à cause de ses activités politiques contre la dictature militaire. Elle a fait toute sa carrière de chercheure en France, en tant que spécialiste des questions de la division sexuelle du travail dans une perspective comparative. Elle fait partie des pionnières des études de genre en France. Elle est l'auteure d'un grand nombre d'articles et coordinatrice de nombreux dossiers de revue et de livres collectifs. Retraitée et chercheure émérite au CNRS depuis 2011, elle a accepté en juin 2013 de répondre à nos questions à propos de son itinéraire.
- L'art de l'enquête collective sur la division sociale et sexuelle du travail : Entretien avec Helena Hirata - Catherine Achin, Jim Cohen, Virginie Descoutures p. 138-152
Livres
- À propos du livre Le Mexique, un État nord-américain, d'Alain Rouquié, Fayard, 2013 - Jim Cohen p. 154-157
- À propos du livre Féminicides et impunité. Le cas de Ciudad Juárez, de Marie-France Labrecque, Éditions Ecosociété, 2012 - Marie-Claire Calmus p. 158-160
Thème
- La recherche en Suisse quand le genre interroge les critères de ence scientifique - Farinaz Fassa p. 162-175