Contenu du sommaire : Méditerranée : mare nostrum pour les migrants ?
Revue | Confluences Méditerranée |
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Numéro | no 87, automne 2013 |
Titre du numéro | Méditerranée : mare nostrum pour les migrants ? |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier
- Les migrations en Méditerranée : l'acuité d'une question - Sylviane de Wangen, Pedro Vianna p. 9-17 La zone méditerranéenne, au carrefour de trois continents, est un espace de migrations multidirectionnel. Par son histoire et sa configuration géographique, elle concentre et illustre, parmi d'autres, l'essentiel des problèmes de migrations rencontrés dans le monde.
- Migrations en Méditerranée, une nouvelle donne - Catherine Wihtol de Wenden p. 19-30 Les migrations en Méditerranée sont un champ en vaste recomposition. Les révolutions arabes, la situation économique dans les pays européens et l'attraction du sud, qui devient aujourd'hui une destination presque aussi prisée que le nord (sur 240 millions de migrants internationaux, 130 millions se dirigent vers le nord, à partir du sud ou du nord) et 110 millions se dirigent vers le sud (à partir du sud ou du nord) ont-ils eu des conséquences pour les pays d'origine des immigrés dans la région et les destinations des émigrants ? Pour y répondre, il convient de ne pas considérer la Méditerranée comme un bloc, mais de montrer les différentes dimensions du processus de redéploiement en cours. Plusieurs facteurs doivent être pris en compte : la situation démographique très diversifiée – transition, pénurie de main d'œuvre ou d'emplois – l'attraction vers des pôles riches en emplois rémunérateurs (pétrole, gaz), le repoussoir que constituent des pays en crise et les événements à l'origine de flux de réfugiés, l'apparition de nouveaux pays de transit pour les migrants dans la région, en partie liée à la fermeture des frontières européennes, les Européens qui s'installent au sud.
- Les migrations en Tunisie après la révolution - Hassan Boubakri p. 31-46 Ce texte traite du nouveau contexte migratoire dans lequel s'est retrouvée la Tunisie après « sa » révolution du début de l'année 2011. Il met l'accent sur les différents types de flux qu'a connus le pays, qu'il s'agisse des départs de dizaines de milliers de jeunes Tunisiens en direction de l'Italie, ou de l'exil de centaines de milliers de travailleurs migrants et de ressortissants libyens (où les familles étaient fortement représentées) durant la guerre dans leur pays. Après la fin du conflit et le rapatriement des travailleurs migrants et des familles vers leurs pays d'origine, la Tunisie a hérité d'un camp de transit pour réfugiés et demandeurs d'asile qui ne pouvaient pas rentrer dans leurs pays respectifs, eux-mêmes souvent en guerre ou en conflit ethnique. Mais les solutions proposées après la fermeture de ce camp, décidée par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), soulèvent un ensemble d'interrogation sur les risques d'externalisation du traitement de l'asile dans les pays tiers de transit dans le cadre des négociations des accords de mobilité entre ces pays et l'Union Européenne.
- Egypt's International Migration after the Revolution: Is There Any Change? - Ayman Zohry p. 47-54 This study aims at exploring the situation of Egyptian migration after two years of the Egyptian Revolution of January 25th 2011. The study starts with exploring the situation of Egyptian migration before the revolution, right after the revolution, and the current situation two years after the revolution. Right after the revolution, Egypt received a massive number of Egyptian returnees from Libya. Currently, and due to sectarian strife, Egypt witnesses an increasing desire for migration among Christian Egyptians to traditional destination in Europe and North America. Between the return of Egyptians from Libya and the increasing desire for migration Egypt witnesses a turbulent political and economic transitional phase that may affect migration from and to Egypt.
- Migrations en Libye : réalités et défis - Geneviève Jacques p. 55-66 Les bouleversements dans le monde arabe de l'année 2011 ont non seulement fait tomber des dictatures en Tunisie, en Egypte et en Libye, mais ils ont aussi provoqué le plus grand exode de travailleurs migrants de l'histoire : fuyant la Libye, près de 800000 non Libyens ont franchi en quelques mois les frontières du pays pour échapper à la guerre et aux violences dont ils étaient la cible. Les pays européens n'ont vu cette réalité qu'à travers le prisme déformant de leurs propres fantasmes sécuritaires, sans chercher à comprendre la spécificité et la complexité du cas libyen en Afrique du Nord. C'est cette réalité qu'ont étudiée quatre missions françaises sur le terrain auxquelles a participé Geneviève Jacques au nom de la CIMADE et de la Fédération internationale des ligues des droit de l'homme (FIDH)1, aux frontières de la Libye en mars et mai 2011 (Tunisie et Egypte) d'abord, puis en Libye même en juin et décembre 2012.
- La question des réfugiés syriens au Liban : le réveil des fantômes du passé - Vincent Geisser p. 67-84 Frontalier de la Syrie, pays avec lequel il entretient des liens historiques profonds, le Liban accueille des centaines de milliers de réfugiés syriens. L'attitude ambivalente des autorités libanaises reflète, entre autres, la complexité des relations entre les forces politiques et sociales du pays. Face à l'effort demandé à un pays qui n'a pas encore fini de panser les blessures des conflits qui ont ensanglanté le pays depuis le dernier quart du XXe siècle, on est en droit de se demander si la fermeture de l'Europe aux migrants, y compris aux réfugiés relève du réalisme ou de l'hypocrisie.
- La Turquie face aux soubresauts migratoires dans un contexte de crise - Jean-François Pérouse p. 85-93 Pays d'émigration, la Turquie est également, depuis un certain temps, un pays de transit pour de nombreux migrants et tend, pour des raisons diverses, à devenir aussi un pays d'immigration. En partie sous la pression de l'actualité syrienne, le pays s'est doté récemment d'une nouvelle législation sur les Étrangers. Cet article revient sur les dynamiques d'immigration en Turquie.
- La vulnérabilité des réfugiés palestiniens à la lumière de la crise syrienne - Jalal Al Husseini, Kamel Doraï p. 95-107 Depuis 2011, la crise syrienne et ses conséquences sur la population des quelque 500 000 réfugiés palestiniens qui y résident a fait rejaillir la vulnérabilité de cette population dans l'ensemble des pays du Moyen-Orient depuis son exode de 1948. Loin des discriminations sociales et économiques dont ils ont été les victimes dans certains pays voisins, comme au Liban, les réfugiés palestiniens se sont vus assurer en Syrie un accès sans entraves particulières à tous les secteurs de l'instruction publique ainsi qu'au marché du travail local. Mais la rébellion syrienne et la guerre civile qui s'en est suivie depuis 2011 les a ramenés à leur condition première : un peuple apatride, otage du conflit en cours, dépourvu d'une réelle protection étatique et exclu du système universel de protection des réfugiés mis en place par les Nations unies au début des années 1950.
- Politiques de migration et d'asile de l'Union européenne en Méditerranée - Alain Morice, Claire Rodier p. 109-120 Dans le domaine des migrations, la Méditerranée est vue depuis ses rivages du nord, comme un péril constant. Les crises politiques et sociales sont dès lors révélatrices d'une inquiétude obsidionale dont la rationalité est problématique. Ce fut récemment encore le cas, à l'occasion des événements qui ont bouleversé la Tunisie et la Libye : confrontées à un flux de migrants Nord-Sud somme toute relativement faible, les politiques migratoires des pays européens et de l'Union européenne n'ont pas varié et ont continué à se fonder sur des critères de « maîtrise des flux » et d'externalisation des contrôles, y compris en ce qui concerne les réfugiés.
- Le traitement des immigrés en France : un continuum depuis 1945 - François Brun p. 121-132 Quelles que soient les circonstances et les lieux, les politiques migratoires en tant que telles, quelle que soit leur souplesse ou leur rigueur, semblent ne pas échapper à cette fin ultime : filtrer et trier les migrants admis à pénétrer et à demeurer sur un territoire. Que les portes soient plus ou moins ouvertes, que les critères d'admission soient principalement démographiques ou économiques, les politiques migratoires sont presque tautologiquement des politiques d'« immigration choisie ». La France ne fait pas exception à la règle.
- L'émigration marocaine à partir de l'Espagne - Andreu Domingo, Albert Sabater, Denise Peyroche p. 133-147 Aujourd'hui dépassés par les Latino-Américains, après avoir constitué le premier groupe national au sein de la population immigrée en Espagne, les Marocains ou leurs descendants vivant dans ce pays présentent une certaine tendance au départ. Une analyse statistique réalisée malgré les limites imposées par les données disponibles.
- Les migrations subsahariennes dans la presse quotidienne algérienne - Yassin Temlali p. 149-162 Important pays de transit pour des migrants subsahariens en route vers l'Europe, elle est aussi un pôle d'attraction pour des migrants qui s'installent principalement dans les villes du sud du pays. Ces migrations provoquent l'inquiétude des autorités algériennes qui a renforcé les dispositifs sécuritaires et fait adopter en 2008 une loi durcissant les sanctions pénales pour les contrevenants aux règles d'entrée et de séjour sur le territoire. Le traitement de ces migrations par les médias dégage l'impression d'une véritable unanimité nationale entre le gouvernement, les journalistes et la population sur leurs présumés dangers. En examinant 44 articles en arabe et en français, publiés entre le 2 mars 2008 et le 31 octobre 2009 1 dans quatre quotidiens privés, l'auteur tente de saisir les lignes dominantes du traitement médiatique de ces migrations.
- Les migrations en Méditerranée : l'acuité d'une question - Sylviane de Wangen, Pedro Vianna p. 9-17
Variations
- Le moment thermidorien de la révolution égyptienne - Clément Steuer p. 165-181 Les Frères musulmans ont remporté les élections de 2011 et 2012 en faisant des promesses contradictoires aux révolutionnaires et aux contre-révolutionnaires. Une fois au pouvoir, les contradictions inhérentes à cette stratégie les ont menés à leur perte, en relançant à leurs dépends à la fois la révolution et la contre-révolution, unies dans l'objectif de les chasser du pouvoir. Ces événements ont conduit à la chute des Frères musulmans et ont accouché d'un régime thermidorien, réunissant quatre factions aux objectifs inconciliables à terme : les partisans de l'ancien régime, la bourgeoisie libérale, les nationalistes nostalgiques de Nasser et les salafistes du parti Nour.
- L'engagement algérien et humaniste du cardinal Léon-Étienne Duval (1903-1996) - Denis Gonzales p. 183-191 « Certains hommes transcendent les limites de leur époque. Léon-Etienne Duval est largement de ceux-là. Le Cardinal, qui a si hautement incarné les vertus de la fraternité, a porté et délivré toute sa vie un message de raison dans un monde presque toujours déraisonnable ».2
- Trois ans après : retour sur les origines rurales de la révolution tunisienne - Mohamed Elloumi p. 193-203 Trois ans après la révolution tunisienne, on perd un peu de vue ses origines rurales. Cet article revient sur cette dimension très prégnante alors que la transition en cours semble déplacer le débat sur le terrain des « valeurs » fondatrices de la Tunisie, loin des questions économiques et sociales que les premiers temps révolutionnaires ont mis en exergue.
- Le moment thermidorien de la révolution égyptienne - Clément Steuer p. 165-181
Notes de lecture
- Notes de lecture - p. 205-217