Contenu du sommaire : Les écologies politiques (4) Amérique latine

Revue Ecologie & politique Mir@bel
Numéro no 46. 2013
Titre du numéro Les écologies politiques (4) Amérique latine
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Éditorial

  • Les écologies politiques aujourd'hui (4) Amérique latine

    • L'Amérique latine, terre de luttes socioécologiques - Denis Chartier, Michael Löwy p. 13-20 accès libre
    • Relations internationales, écologie politique et contestation transnationale en Amérique latine - Carlos R. S. Milani p. 21-40 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les années après la guerre froide ont permis le renouvellement du débat latino-américain sur les tensions entre l'environnement, l'éthique et la politique internationale. Les défenseurs de l'idée selon laquelle les relations internationales ne résulteraient que des tensions entre des entités politiques souveraines et indépendantes s'opposent à ceux qui soutiennent l'importance d'autres acteurs que l'État sur la scène politique mondiale. Autrement dit, les principes de la souveraineté inconditionnée et de la non-ingérence (qui ont traditionnellement construit les contours des « relations internationales ») sont remis en cause par des acteurs qui occupent un espace politique de plus en plus transnational, tout en déployant des revendications et des stratégies de résistance en faveur de conduites éthiques et responsables à l'égard de l'environnement planétaire et régional. Partant de ces présupposés, cet article se structure en deux parties : (1) une discussion concernant le processus d'internationalisation de la problématique écologique et des tensions contemporaines entre l'environnement, l'éthique et la politique internationale en Amérique latine ; (2) une analyse des questions soulevées par les réseaux de mouvements écologistes latino-américains agissant au cœur de la contestation transnationale.
      The post-Cold War years make way for a renewal of the Latin American debate over the tensions between the environment, ethics and international politics. Defenders of the idea that the international system emerges exclusively from the interaction between sovereign and independent political entities counter those who support the centrality on the eco-political agenda of many other actors that go beyond the Nation-State. That is, the principles of unconditional sovereignty and non-interference – tenets that traditionally construct the contours of the field of “international relations” – are questioned by the growing transnationalization of political activism in favor of ethical and responsible conducts in the environmental field. Based on these conjectures, the present article is structured in two parts : (1) a discussion on the process of internationalization of the environmental problem and the contemporary tensions between environment, ethics and international politics in Latin America ; (2) an analysis of issues brought on the political agenda by Latin American environmentalism operating in the heart of transnational contention within anti- and alterglobalist movements.
    • Buen vivir et développement durable : rupture ou continuité ? - Julien Vanhulst, Adrian E. Beling p. 41-54 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans cet article, nous proposons un aperçu du contenu du buen vivir (« bien-vivre ») en tant que discours et de ses relations avec ceux du développement et du développement durable. Nous revenons d'abord sur les dimensions normatives et descriptives du discours du développement. Ensuite, nous considérons les critiques de ce dernier et de son héritier direct, le développement durable. Le discours du buen vivir émerge depuis l'Amérique latine et s'inscrit dans ce courant critique du développement. À partir de ses origines autochtones, ce nouveau discours a été théorisé dans la sphère académique et traduit en principes normatifs qui ont progressivement pénétré la sphère politique, ce qui est particulièrement visible en Équateur et en Bolivie. Il inclut à la fois l'idée d'interdépendance entre la société et l'environnement naturel, et une conception de l'universel comme réalité plurielle. Ainsi, l'insertion du discours du buen vivir dans les débats mondiaux sur la société et l'environnement réactive la réflexion sur les dérives socioéconomiques et écologiques du développement. Simultanément, la proposition reconnaît implicitement que le développement durable est directement dépendant de sa filiation avec le paradigme du développement et qu'il ne permet donc pas de surmonter ses contradictions internes. Enfin, au-delà de ses implications pour le débat environnemental, la proposition du buen vivir implique aussi une redéfinition des relations entre les citoyens, l'État et le marché.
      In this paper, we propose a review of the content of buen vivir (“living well”) as a discourse, and its relationship with those of development and sustainable development. First, we review the normative and descriptive dimensions of the development discourse. Then we consider the criticisms to development and to its direct descendant : sustainable development. The buen vivir discourse emerged in Latin America and can be viewed as part of the critical current towards development. From its indigenous origins, this new discourse was theorized in the academic sphere and traduced into normative principles that have permeated also the political sphere, which is especially visible in the cases of Ecuador and Bolivia. It includes both the idea of interdependence between society and the natural environment as well as a conception of the universal as plural. The advent of the buen vivir discourse in global debates on society and the environment reactivates the reflection about the environmental and socioeconomic drifts of development, while implicitly also recognizing the inability of the sustainable development variant to overcoming these drifts. Lastly, beyond its implications for the environmental debate, the buen vivir proposal also involves a redefinition of the relationships between the citizenry, the state and the market.
    • Les luttes écosociales des indigènes - Michael Löwy p. 55-66 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'écologie serait-elle un « luxe » réservé aux pays développés, une question qui ne concernerait que la population aisée du monde industrialisé ? Un minimum d'attention à ce qui se passe dans les pays du Sud en général, et en Amérique latine en particulier, suffirait pour tordre le cou à ce lieu commun de la pensée conforme. On assiste bel et bien, notamment parmi les paysans, les populations traditionnelles et les communautés indigènes, à des mobilisations importantes pour la défense de l'environnement et à des rencontres internationales qui donnent voix à ces combats. Quelques exemples illustrent cette réalité : l'Alliance des peuples de la forêt, fondée par Chico Mendès (1986-1988), le Forum social mondial de Belém en 2009, les luttes indigènes au Pérou (2008-2012), la Conférence des peuples de Cochabamba en 2010. Une victoire symbolique importante de ces luttes est le projet de parc national Yasuní en Équateur.
      Is ecology a “luxury” for the developped countries, an issue that concerns only the wealthy populations of the industrialized world ? A minimum of attention to what happens in the countries of the South in general and in Latin America in particular should be enough to get rid of this commonplace of the conformist thought. There are, without doubt, important mobilizations in defense of the environment, among peasants, traditional populations and indigenous communities, as well as international meetings that give voice to these struggles. A few examples illustrate this reality : the Alliance of the Forest People, founded by Chico Mendès (1986-1988), the World Social Forum in Belem in 2009, the indigenous struggles in Perou (2008-2012), the People's Conference of Cochabamba (2010). An important symbolic victory of these struggles is the Yasuní National Park project in Equador.
    • Une bougie pour Dieu, une autre pour le Diable : L'insoutenable politique de développement du gouvernement brésilien et la réponse de la société civile - João Alfredo Telles Melo, Davi Aragão Rocha, Denis Chartier p. 67-82 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article analyse les télescopages entre les politiques néodéveloppementistes et les politiques environnementales des gouvernements brésiliens de Luis Ignacio Da Silva (Lula) et de Dilma Rousseff. À la suite d'un état des lieux sur la contribution du Brésil aux changements globaux, avec une focalisation sur l'Amazonie, il est montré que les politiques de développement du Brésil, matérialisées par les Plans d'accélération de la croissance et des alliances du gouvernement avec les organisations du capital, mettent en péril les écosystèmes et les populations traditionnelles amazoniennes, ces dynamiques étant particulièrement vraies depuis la démission du gouvernement Lula de la ministre de l'Environnement, Marina Silva, et se renforçant sous la présidence de Dilma Rousseff. Fort de ce bilan, l'article présente les prémices de la révolution écologique, alternatives écosocialistes au capitalisme et à ses effets délétères, construites et portées par les mouvements socioenvironnementaux.
      This article analyzes the contradictions between neo-developmentist and environmental policies of the Brazilian governements of Luis Ignacio Da Silva (Lula) and Dilma Rousseff. Beginning with a survey of the Brazilian contribution to global changes, focusing on the Amazonian region, it shows that the Brazilian development policies, materialized in the Programs for the Acceleration of Growth and the alliances of the government with capitalist interests, puts the Amazonian ecosystems and traditional populations in danger, particularly since the resignation of Lula's government Minister of the environment, Marina Silva, and more so under the presidency of Dilma Rousseff. Based on this analysis, the article presents the premises of an ecological revolution, of ecosocialist alternatives to capitalism and its deleterious effects, alternatives build and carried forwards by the socioenvironmental movements.
    • L'environnementalisme social mexicain : une version endémique de l'écologie politique - Jean Foyer, David Dumoulin p. 83-94 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article a pour objectif de présenter une analyse de l'une des composantes les plus créatives de l'écologie politique mexicaine que l'on qualifie d'environnementalisme social. Il s'agit d'historiciser ici ce courant hétéroclite en montrant comment il a émergé dans les années 1970 et 1980 sur la base de théories critiques, de mouvements politiques issus de la gauche mexicaine et de projets de développement local. Les années 1990 et 2000 voient ce mouvement de l'environnementalisme social confronté au double défi de l'institutionnalisation et de l'internationalisation. L'institutionnalisation pose la question délicate du rapport à l'État mexicain et à sa tradition clientéliste, quand l'internationalisation marque l'arrivée de nouvelles sources de financements et de nouveaux acteurs qui tendent à aligner l'écologie politique mexicaine sur des problématiques globales et des modes d'intervention relevant de l'expertise critique.
      The objective of this article is to present an analysis of one of the most creative currents of Mexican political ecology that we will refer to here as social environmentalism. We will present its historical context by showing how it began at the crossroads of critical theory : between left-wing Mexican political movements and local development projects. During the last two decades, the social environmental movement has faced two principal challenges : institutionalization and internationalization. Institutionalization refers to the sensitive question of the movements relationship to the Mexican state and its tradition of clientelism. Internationalization pertains to the arrival of new funding sources and actors that tend to orient political ecology toward global issues and methodologies based on critical expertise.
    • L'évolution des associations et des mouvements sociaux environnementaux dans le contexte politique chilien - Marcela Pulgar, Edwin Zaccai p. 95-107 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article retrace l'évolution des organisations de la société civile de défense de l'environnement (OSCE) et des mouvements sociaux environnementaux (MSE) au Chili depuis leur apparition jusqu'à la situation actuelle. Les principales dynamiques sont décrites, exemples à l'appui tirés d'une recherche bibliographique et d'une enquête de terrain. Celles-ci sont mises en rapport avec l'évolution politique contrastée du pays depuis quatre décennies. Quatre périodes sont distinguées, le régime militaire, les années de transition, les années des gouvernements de la « Concertation » et la période du gouvernement actuel. Nous analysons différentes sortes d'organisations, illustrées par des exemples, et tentons de mesurer les apports et les limites de leurs actions dans le contexte chilien.
      This paper traces the evolution of civil society organizations for environmental protection, and of the environmental social movements in Chile, from their beginning to 2012. Main trends are analyzed, based on field research and academic references. These evolutions are partially linked to the changing political regimes in the country since the 1970s. Four periods are sketched, starting with the military regime of Pinochet, the years of transition to democracy, the so-called “Concertation” governments, and the current Piñera Government. A large range of organizations is analyzed, with examples of their actions and strategies, aiming at profiling the inputs and limits of such organizations in Chile.
    • La Bolivie entre Pachamama et modèle extractiviste - Franck Poupeau p. 109-119 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En avril 2010 a eu lieu, à Cochabamba, Bolivie, la Conférence mondiale des peuples sur le changement climatique, au cours de laquelle le gouvernement d'Evo Morales s'est posé comme le porte-drapeau de la cause écologiste au sein des courants altermondialistes, avec notamment la défense des droits de la Terre-Mère (Pachamama). Pourtant, les politiques publiques boliviennes ne sont pas aussi orientées sur l'environnement que les déclarations officielles le laissent croire. L'effort porté sur la production et l'exportation des hydrocarbures ou les enjeux de la vente du lithium sont autant de thèmes qui restent peu discutés dans le débat public. Et si le vice-président Alvaro Garcia Linera a pu déclarer en 2011 vouloir amasser des devises pour enfin « sortir du modèle extractiviste », le conflit qui a eu lieu sur la construction d'une route traversant le parc naturel TIPNIS, et qui a suscité une ample mobilisation politique derrière les communautés indigènes opposées au projet, est là pour rappeler les difficultés du gouvernement bolivien à donner une priorité aux enjeux écologiques sur les exigences de redistribution économique et sociale. Il s'agira de voir dans quelle mesure le modèle de développement adopté par le gouvernement d'Evo Morales est susceptible d'amener une sortie, à plus ou moins long terme, du modèle extractiviste autour duquel s'est construite l'économie bolivienne depuis plusieurs siècles.
      The World's People Conference on Climate Change and on the Rights of Mother Earth took place in Cochabamba, Bolivia, in April 2010. The Bolivian Government that organized the conference wanted to be the new bearer of the ecologist movement, especially through the defense of the Rights of Mother Earth (Pachamama). However, Bolivian public policies are not as environmental-centered as stated by official declarations. The national effort upon oil production and exportation or the commercialization of lithium are still unquestioned in the public debate. And if Bolivian Vice-President wants to accumulate currencies to get out of the extractive model, the environmental conflict that occurred in 2011 about the construction of a road in the TIPNIS natural park, and the important mobilization in favor of the indigenous communities opposed to this project, show the difficulties of the Bolivian government to prioritize environmental issues upon other economic and social imperatives. The objective of this article is thus to analyze whether the development model driven by Evo Morales'government is likely to lead the way out of the extractive model that has been running Bolivian policies for centuries.
  • Variations

    • Le temps et la mort à l'âge du capitalisme technoscientifique - Jacques Luzi p. 121-138 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article cherche à dévoiler, par la généalogie, le caractère religieux de la désacralisation du monde et de la rationalisation de l'existence qui caractérisent le capitalisme technoscientifique. En soutenant l'accélération du temps social et en annonçant l'immortalité, ce dernier n'emporte l'adhésion des masses qu'il plonge dans la désolation que par la promesse de combler concrètement (et non plus symboliquement) l'écart entre le temps du monde et le temps de l'individu.
      Using genealogy, this article aims to reveal the religious aspect of the desecration of the world and the rationalization of the existence that characterise technoscientific capitalism. By supporting the acceleration of social time and heralding immortality, the latter only gains the support of the masses that it plunges into hopelessness by promising to fill concretely (and not just symbolically) the gap between the time of the world and the time of the individual.
    • Écologie et autogestion dans les années 1970 : Discours croisés d'André Gorz et de Cornelius Castoriadis - Timothée Duverger p. 139-148 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le choc de Mai 68 ouvre une brèche dans la modernité organisée, par laquelle s'infiltrent les nouveaux mouvements sociaux qui métamorphosent l'écologie dans le creuset du courant autogestionnaire. De scientifique, l'écologie devient politique, notamment à travers les discours d'André Gorz et Cornelius Castoriadis, deux penseurs de l'autogestion. La « critique artiste » du capitalisme – celle du pouvoir, de la mise en forme de la coexistence humaine – est dominante, mais, ne suffisant pas, elle s'articule à la « critique sociale » et à la « critique écologique » pour dénoncer la hiérarchie et la société de consommation. Par là, dialectiquement, utopie pragmatique, elle énonce le nouveau monde de l'autonomie et le chemin qui y mène.
      The shock of the May 68 protests opens a breach in the organized modernity by which the new social movements infiltrate themselves. These movements transform the ecology in the melting pot of the self-governance movement. From scientist the ecology becomes political, in particular through the discourses of André Gorz and Cornelius Castoriadis, two thinkers of the self-governance. The “artistic criticism” of the capitalism – that of the power, the shaping of the human coexistence – is dominant, but, being insufficient, it articulates itself to the “social criticism” and to the “ecological criticism” to denounce the hierarchy and the consumer society. Thus, dialectically, as a pragmatic utopia, it expresses the new world of the autonomy and the road that leads to it.
    • La question environnementale et les partis communistes chilien et français (1970-1980) - Fernando Estenssoro, Juliette Palmade p. 149-162 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article présente les antécédents historiques de la réception et de la discussion de la question environnementale au sein du Parti communiste chilien (PCCH) et du Parti communiste français (PCF). Il fait partie d'une étude comparative et synchronique réalisée sur la pensée politique communiste face au débat environnemental dans des pays qui appartiennent à des réalités géographiques, politiques et socioéconomiques différentes : le premier monde pour le cas français, le tiers monde pour le cas chilien. De plus, cette étude s'appuie sur les éditions des années 1970 de journaux organiquement liés à ces deux partis : dans le cas du PCF, L'Humanité, et dans le cas du PCCH, El Siglo.
      This article presents the historical background of the reception and discussion of the environmental debate in the Chilean Communist Party (PCCH) and in the French Communist Party (PCF). It is part of a synchronic and comparative study of the communist political thought in front of the environmental debate in countries that belong to different geographical, political, and socio-economic situations : the First World for the French case, and the Third World for the Chilean case. Furthermore, this study is based on the issues published in the 1970s of newpapers organically linked to these two parties : in the case of the PCF, L'Humanité, and in the case of the PCCH, El Siglo.
    • Quinze thèses sur le nucléaire - Jean-Marc Royer p. 163-174 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Ce que visait Hiroshima, c'était mettre à genoux les peuples du monde entier devant la toute-puissance scientifique, militaire et industrielle. La célébration quasi unanime de la « nouvelle révolution scientifique » allait sceller dans la tombe des Hibakushas ce fait historique et couvrir un mensonge inédit par son ampleur : un crime contre l'humanité venait d'être commis, ce que la justice et l'histoire des vainqueurs allaient enfouir au cœur des inconscients avec tous les dégâts collatéraux que supposent les refoulements massifs. Or, Auschwitz et Hiroshima ont en commun, non seulement de relever de la même imprescriptibilité morale, mais ont également en partage, ce que j'appelle les secrets de la famille occidentale. Depuis que la modernité orpheline du xixe siècle a accouché d'un nouveau mythe fondateur (la lutte de tous contre tous comme moteur du progrès) et d'une dénégation de l'interdit du meurtre au fondement de toute civilisation (la biopolitique eugéniste), un point final, avec l'aval de la science, a été mis à la primauté de la pensée des Lumières et de l'humanisme classique. Cela constitue une des caractéristiques de ce que l'on nomme « anthropocène » et qui mériterait d'être étudié comme un fait social total.
      The aim of the bombing of Hiroshima was to force the peoples of the world to bow to the omnipotence of science, military power and industry. The quasi unanimous celebration of the “New Scientific Revolution” would seal this historical fact in the graves of the Hibakushas, covering up a lie of unprecedented extent : a crime against humanity had been committed, that justice and history on the winners'side would bury deep in people's subconscious, with all the collateral damages that such massive psychological repression imply. Nevertheless, both Auschwitz and Hiroshima not only fall under the same moral imprescriptibility, but they also share what I term “the secrets of the Western family.” Since the orphaned modernity of the 19th century has produced a new foundational myth (the struggle of all against all as the driving force of Progress) and a denial of the taboo of murder at the foundation of every civilization (the eugenecist biopolitics), the primacy of the Enlightenment and classical humanism thought has been put to an end with the endorsement of Science. This constitutes one of the characteristics of what can be termed “Anthropocene” and which deserves to be studied as a total social fact.
  • Dissonances

  • Notes de lectures