Contenu du sommaire : Comprendre les engagements aujourd'hui

La figure contemporaine du bénévolat associatif tend à devenir plus complexe. Le faux-semblant d'une crise annoncée du bénévolat masque en réalité une profonde mutation de l'engagement associatif. L'analyse longitudinale du profil socioculturel et socioprofessionnel des adhérents dans deux enquêtes INSEE de 1982 et 2002, révèle que l'activité associative mobilise désormais autant les qualités et l'expérience professionnelle des adhérents que leurs convictions.

Claude Dubar et Pierre Tripier, tous deux sociologues, font le récit de leur parcours d'engagement. Ces récits singuliers peuvent se lire comme des trajectoires typiques d'une génération, celle qui s'est impliquée dans la vie sociale et politique dans les années 70 avant de convertir ses engagements de différentes façons. Nous verrons qu'ici l'activité professionnelle devient un vecteur d'engagement, à travers la création d'un laboratoire, au moment où aucune autre offre ne trouve du sens pour les deux sociologues. Pour commencer l'entretien, nous avons demandé comment leurs engagements avaient pu résonner avec leur travail de sociologue aux différentes époques de leurs vies et, réciproquement, comment la sociologie pouvait devenir un registre d'engagement.

L'auteur nous présente les modes d'action et de fonctionnement d'un « worker center » de Chicago, ONG ayant pour objet la mobilisation et la défense de travailleurs journaliers américains très précaires. Divisé en membres, « leaders » et « organizers », le centre fonctionne suivant un modèle communautaire, emprunté au sociologue Saul Alinsky, et s'oppose identitairement à 4 figures repoussoirs appelées « spectres »: l'activisme, l'advocacy, le travail social, la substitution à l'ennemi.

Cet article apporte une contribution à l'analyse des mouvements politiques alternatifs. En prenant appui sur l'exemple emblématique des Motivé-e-s à Toulouse, il propose d'apprécier les réels changements de registre d'action et leurs effets. Au-delà des rhétoriques de la nouveauté mobilisées, il souligne la permanence de mécanismes de pouvoir à l'?uvre dans les organisations politiques.

L'article offre une description du fonctionnement militant de la LCR. L'activisme, pierre angulaire de l'organisation, confère à l'engagement un rôle de cohésion identitaire. Par ailleurs, l'hyperactivité des membres contribue à élaborer une image de structure minoritaire à vocation avant-gardiste.

Basé sur une enquête récente auprès de responsables bénévoles locaux, l'article interroge la forme d'engagement à l'?uvre dans cette association de scoutisme. Il montre en particulier l'effet structurant de ses ressorts communautaires, qui maintiennent la dynamique associative, mais sous-tendent aussi le processus de professionnalisation et d'ouverture engagés par l'association depuis quelques années.

Dans certaines ONG, une responsabilité particulière est conférée à des bénévoles dont le statut se distingue de celui de simple donateur. Ils peuvent être, très temporairement, la voix et le visage de l'ONG auprès du public. Les auteurs reviennent sur les motivations à s'engager dans des groupes locaux de bénévoles de l'association Handicap International, créés à la fin des années 1990 dans deux villes de province, et surtout à y rester. L'article montre une relation ambiguë au siège à la fois absent, prégnant, contesté et « enchanté ». Se sentir membre d'une ONG, c'est aussi participer à une mythologie de l'humanitaire.

L'engagement des candidats à la coopération s'exprime sur des registres différents combinant discours de gratuité, don de soi... Or, les travailleurs de l'humanitaire désireux d'?uvrer auprès de communautés catholiques de pays du Sud doivent conjuguer compétences professionnelles et éthique religieuse. A partir d'une recherche conduite auprès de volontaires de la Délégation Catholique pour la Coopération, l'auteur décrypte les dispositifs de recrutement mis en ?uvre. Ceux-ci, au-delà de leur relative opacité, ne tentent-ils pas de répondre tout à la fois aux attentes des partenaires et à l'affirmation de l'identité de l'institution ?

L'auteur expose le cas de la gestion des ressources humaines au sein d'associations du commerce équitable en pleine croissance. Le recrutement des bénévoles témoigne d'un passage de l'interconnaissance à la formulation de procédures pour satisfaire le besoin en compétences spécifiques. Qu'advient il de l'engagement dans ce contexte de recherche de la performance ? Qu'expriment les bénévoles sur cette évolution ? Tels sont les points qu'aborde l'article.

Les auteurs nous présentent les données statistiques recensées au cours d'une recherche récente, tant en matière d'effectifs d'enseignants et d'étudiants qu'en nombre de thèses et de mémoires soutenus dans les universités ainsi que les principales thématiques abordées dans ces travaux. Ils nous fournissent ainsi un cadre de références précieux sur les pratiques d'enseignement et de recherche en sciences sociales en Algérie.

Mohamed Madoui propose une analyse à la fois critique et historique des usages de la sociologie en Algérie. Fortement influencée à ses débuts par l'ethnologie et l'anthropologie, la sociologie après l'indépendance devient une des sciences sociales assignée avec l'économie à contribuer au développement du pays et à la construction de l'Etat. Lors du passage récent à l'économie de marché, un intérêt pour les PME, les NTIC a succédé « au culte de la grande organisation ". Par ailleurs un clivage s'est institué entre sociologues arabophones et francophones qui travaillent de fait, sur des problématiques et des champs différents. L'analyse se complète avec la prise en compte de l'effet de marginalisation, vécu par les sociologues qui n'ont pas adhéré à la vision unitaire.