Contenu du sommaire : Philosophie et Morale
Revue | Archives de philosophie |
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Numéro | tome 64, no 1, janvier 2001 |
Titre du numéro | Philosophie et Morale |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Bulletin bibliographique et critique de philosophie de la Renaissance - p. 1-70
- La morale sort de l'ombre - Paul Valadier p. 5-20 Si les questions éthiques sortent de l'ombre, il faut reconnaître que la réflexion morale a connu un long discrédit. Les progrès scientifiques semblaient détrôner les références morales ; la modernité y contribuait avec l'idée de l'autonomie d'un sujet se donnant à lui-même et par lui-même sa loi ; le droit fut aussi ébranlé sous la pression de ces évolutions. Mais nos pouvoirs commandent-ils nos devoirs ? Ne faudrait-il pas nous interroger sur ces pouvoirs techniques, scientifiques, politiques ? Dès lors c'est bien la question morale qui fait retour. Mais avons-nous les moyens de relever les défis ?
- Le pluralisme pragmatiste et la question du relativisme - Jean-Pierre Cometti p. 21-39 Le pluralisme qui caractérise le pragmatisme doit être distingué du relativisme avec lequel on a l'habitude de le confondre. Le pragmatisme substitue à l'idée d'une rationalité fixe et close celle d'une rationalité ouverte qui renvoie dos à dos relativisme et anti-relativisme, et qui échappe au scepticisme moral en se refusant à admettre que l'absence de justification ou de fondement équivaut à l'arbitraire des choix. L'espoir social en est la pierre de touche. La variété des langages et des valeurs n'entraîne pas leur incommensurabilité.
- Un nouvel âge du droit ? - Philippe Raynaud p. 41-56 Contrairement à une idée couramment admise aujourd'hui, la politique moderne ne se fonde pas seulement sur la défense et la promotion des droits de l'homme, mais aussi sur un effort pour recréer des pouvoirs légitimes dans un monde où l'autorité ne peut se fonder ni sur la nature, ni sur la tradition, ni sur la transcendance ; cet effort s'est traduit pas l'émergence, entre le XVIIIe et le XXe siècle d'un ensemble cohérent de compromis entre la logique libérale et les exigences propres de la puissance, dont la politique contemporaine est aujourd'hui assez éloignée. On peut donc considérer que nous sommes sortis de l'« âge classique de la modernité », ce qui conduit à poser la question des conditions d'une synthèse nouvelle entre la liberté et la puissance.
- De la Typique de la raison pratique au schématisme de la communauté - Fernando Gil p. 57-70 L'action est morale si elle est voulue en toute circonstance. Selon la Typique de la faculté de juger pratique, la loi fournit le modèle pour le passage à l'universel. Si ce modèle convient à la première formule del'impératif catégorique, il ne suffit à fonder ni la seconde, ni la troisième. On met en lumière les apories de la pensée kantienne pour indiquer ensuite que la position du problème de la « justice » par Rawls apporte peut-être un principe de solution.
- Biologie de la race et psychopathologie : La dialectique mythique de l'antisémitisme - Jacques J. Rozenberg p. 71-86 Cet article vise à analyser les racines biologiques et psychopathologiques de l'antisémitisme. Il privilégie la notion de dialectique afin de comprendre la transition de l'anti-judaïsme à l'antisémitisme comme passage d'une opposition d'essence spirituelle et religieuse à un rejet d'ordre national et racial. Historiquement, ce passage est contemporain de l'émergence de la biologie de la race qui a, entre autres, cristallisé les thèmes majeurs d'une tradition mythique, ayant, pendant des siècles, structuré l'identité occidentale. L'antisémitisme proprement dit, dont le terme n'apparaît qu'en 1873, a transformé une opposition dialectique à l'altérité juive en ce qu'Adorno a appelé la « dialectique négative », visant à résoudre définitivement la « question Juive » par la suppression de son objet. A travers une analyse historicoconceptuelle, cet article suggère une nouvelle approche de la genèse du racisme et de l'antisémitisme nazi, d'une part, et des rapports entre la science et l'éthique, d'autre part.
- Comptes rendus - p. 87-89