Contenu du sommaire : Diderot philosophe
Revue | Archives de philosophie |
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Numéro | tome 71, no 1, janvier 2008 |
Titre du numéro | Diderot philosophe |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Diderot philosophe : Introduction - Jean-Claude Bourdin, Colas Duflo p. 5-11
- Diderot métaphysicien : Le possible, le nécessaire et l'aléatoire - Jean-Claude Bourdin p. 13-36 Les énoncés philosophiques spéculatifs matérialistes de Diderot constituent une ontologie que Diderot expose dans une métaphysique où se nouent trois plans. Le premier est dominé par la catégorie de possible. Diderot pense le possible en termes de possibilité non téléologique: elle concerne le mode de manifestation de l'être. Le deuxième, portant sur la natura naturata et sa connaissance scientifique, s'adosse à la nécessité. Le troisième, s'inscrivant au c?ur de la natura naturans et concernant le statut de l'existence des êtres, est l'aléatoire. Comment ces trois plans et ces trois catégories s'articulent-ils rationnellement? Comment se réalisent-ils dans l'écriture même de la philosophie?
- Le point et le rétroviseur : Diderot ou comment figurer le temps - Marian Hobson p. 37-51 De son vivant comme après sa mort, Diderot a été accusé de manque de suite dans les idées. Jean-Claude Bourdin, refusant de lui accorder l'épithète de ?sceptique', a suggéré que l'insécurité et le questionnement ne seraient pas la marque de sa philosophie, qui est matérialiste, mais tiendraient à sa manière d'écrire. Pourtant ces caractéristiques portent également une signification philosophique parfaitement cohérente: le temps serait irréel, au sens philosophique; nous ne pourrions jamais justifier un propos sur le passé sans comprendre ce qui le justifie dans notre présent; quant à l'avenir, ce propos est perpétuellement incomplet. Dès lors, tout est toujours susceptible de corrections. Ainsi, le « scepticisme » de Diderot est à comprendre comme anti-réaliste, en s'appuyant sur les travaux de Dummett et de Bourdin.
- Diderot et la dynamique productive de l'esprit - Mitia Rioux-Beaulne p. 53-76 Dans cet article, nous nous intéressons à la façon particulière dont Diderot envisage le caractère productif de l'esprit en mettant en rapport certains aspects de son épistémologie et de son esthétique avec trois lieux théoriques hérités de ses prédécesseurs. D'abord, ce problème touche la question de l'invention en tant que méthode de construction du discours peu à peu assimilée à une méthode de découverte par Bacon et Descartes. Dans un second temps, il semble que Diderot, qui fait grand cas de la conjecture, définisse avant tout la connaissance comme une anticipation, prolongeant ainsi ce retour de l'épicurisme dans la pensée moderne. Enfin, du point de vue esthétique, Diderot développe une conception du modèle idéal qui s'accorde avec une théorie nominaliste de l'abstraction comme production d'un instrument conceptuel. Ces trois facettes de la pensée de Diderot contribuent, à notre sens, à la formation d'une véritable théorie matérialiste de la connaissance.
- Jacques le fataliste : une ontologie spinoziste de l'écriture pluraliste - Yves Citton p. 77-93 Cet article tente d'articuler la conception de l'agir humain dans Jacques le fataliste, à travers l'épisode du Père Hudson. A la lumière de l'ontologie de la trace et de l'impression proposée par Vinciguerra dans sa reconstruction du spinozisme, l'acte-modèle mis en scène à travers cet épisode apparaît comme consistant à écrire, prescrire, contre-écrire, métaécrire les comportements d'autrui. Les différents niveaux où se déroulent ces phénomènes de Jacques: tout ce qui nous arrive ici-bas est bien écrit là-haut, dans les niveaux supérieurs de surcodage et de stratégisation des machinations humaines. On conclut en essayant de montrer, en contraste avec Léger-Marie Deschamps, comment une telle définition de l'agir humain permet à Diderot de tenir le pari d'une philosophie à la fois moniste et néanmoins radicalement pluraliste.
- Le moi-multiple : Fondements physiologiques, conséquences anthropologiques - Colas Duflo p. 95-110 Un des résultats anthropologiques importants du matérialisme de Diderot et de sa critique du finalisme est la description du moi comme irréductiblement multiple. Nous analysons dans cet article les raisons et les conséquences d'une des formulations que Diderot a donnée de cette idée de moi-multiple: « C'est le rapport constant, invariable de toutes les impressions à cette origine commune qui constitue l'unité de l'animal. [...] C'est la mémoire de toutes ces impressions successives qui fait pour chaque animal l'histoire de sa vie et de son soi ».
- Strabon et la philosophie stoïcienne - Jérôme Laurent p. 111-127 Strabon n'est pas un philosophe stoïcien. En relisant l'ensemble de la Géographie, les traits stoïciens de sa méthode, de sa physique et de sa conception de l'existence humaine apparaissent bien minces. Il semble donc préférable de voir en lui un penseur éclectique dont le but principal est la description rigoureuse du monde habité.
- Comptes rendus - p. 129-136
- Bulletin cartésien XXXVI : Centre d'Études Cartésiennes (Paris IV ? Sorbonne) / Centro di Studi su Descartes e il Seicento dell'Università di Lecce / Bibliographie internationale critique des études cartésiennes pour l'année 2005 - p. 139-190