Contenu du sommaire : Phénoménologies
Revue | Archives de philosophie |
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Numéro | tome 71, no 3, juillet 2008 |
Titre du numéro | Phénoménologies |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- « L'Incarnation change tout » : Merleau-Ponty critique de la « théologie explicative » - Emmanuel de Saint Aubert p. 371-405 Merleau-Ponty s'est toujours intéressé aux rapports complexes entre christianisme, philosophie et théologie. Ses écrits, publiés ou inédits, opposent régulièrement « la nouveauté du christianisme » ? comme expérience de l'homme, comme attitude religieuse, et jusque dans sa conception de Dieu ? à une théologie dite « explicative », qui ne parviendrait pas à penser cette nouveauté, voire la trahirait. Accusée d'importer le Dieu des philosophes, cette théologie expliquerait Dieu et expliquerait par Dieu pour mieux se passer des mystères de l'homme, des dimensions tragiques de sa condition, manquant ainsi paradoxalement une négativité qui est le lieu même où s'ouvre l'attitude religieuse. Dans cette confrontation originale, Merleau-Ponty transpose sa propre lutte contre certains philosophes et mobilise les axes essentiels de sa pensée: ses conceptions de l'homme et de l'être, une anthropologie de la chair perceptive et désirante, une ontologie de l'être inachevé et inépuisable.
- L'eidétique de l'espace chez Merleau-Ponty - Miklos Vetö p. 407-438 Contrairement à la plupart des grands philosophes modernes, Merleau-Ponty s'intéresse davantage à l'espace qu'au temps. Au lieu de l'espace géométrique, euclidien, ce phénoménologue étudie l'espace subjectif, fondé et déterminé par le corps propre. Le spatial n'est guère une catégorie quantitative, il est fonction de la perception, il possède un véritable système d'intentionnalité propre qui se déploie dans et par une eidétique des dimensions et des directions. L'eidos spatial central est la profondeur, entrevue à partir de la notion du volumineux.
- « Vers où ? » et « pour quoi ? » : wozu ? : Cheminements et séparations à propos d'Être et temps de Heidegger - Bernard Dov Hercenberg p. 439-468 Être et temps dote de moyens de penser supposés nous libérer d'une voie sans issue: du rapport kantien au monde et de ce qu'Heidegger considère comme une erreur métaphysique générale. Sein und Zeit sera pourtant interrompu avant son achèvement et, rétrospectivement, Heidegger mettra certains de ses paramètres en question. Comme si Heidegger aussi ne s'était pas donné les moyens nécessaires à son projet, au moment voulu, et que, suggérerons-nous, pris dans son propre combat avec le christianisme, il avait répété et déplacé, à son insu, en 1927, ce dont il voulait se séparer, engageant par là une impasse et un tournant, la richesse d'un combat et d'un débat.
- Le droit inégal face au monde sans qualité : Valeur, fétichisme et justice chez Marx - Antonin Wiser p. 469-488 Dans Le Capital, le phénomène du fétichisme apparaît bien plus lié aux conditions générales de l'échange qu'à celles de l'exploitation capitaliste. Il n'est dès lors pas certain qu'il disparaisse dans la société post-capitaliste que décrit Marx dans ce même ouvrage, parce que cette société maintient le principe de l'échange équivalent. C'est seulement dans la Critique du programme de Gotha que Marx semble prendre conscience de cette difficulté, à laquelle il répond en opposant au principe bourgeois du droit l'idée d'un « droit inégal ». Cette idée, dans sa radicalité, serait à rapprocher de ce que Derrida pense sous le nom de justice.
- Argent et aliénation dans les Manuscrits de 1844 de K. Marx - Matthieu Dubost p. 489-506 Contre les économistes classiques qui se sont pour la plupart concentrés sur l'échange et la valeur, Marx propose dans les Manuscrits de 1844 une réflexion précise sur l'argent qui prend ainsi place dans le procès global de l'aliénation. L'argent se caractérise notamment par sa forme pure et abstraite et participe d'une création de besoins artificiels qui accroissent la dépendance de l'individu. Ce faisant, l'argent est cause d'une aliénation spécifique : il transforme la quantité pure en une valeur à l'aune de laquelle tout est réévalué. Cette abstraction croissante de ce qui au départ n'est qu'un moyen explique qu'il constitue progressivement la règle de tout commerce. Les échanges ne sont plus alors que les occasions de manifester l'argent lui-même. Si c'est bien sur la propriété privée que se fonde la puissance de l'argent, celui-ci a aussi son mécanisme propre.
- Distinction mosaïque et politique de Jan Assmann - p. 507-526
- Bulletin de Philosophie médiévale XI - p. 529-544