Contenu du sommaire : Varia
Revue | Cahiers d'économie politique |
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Numéro | no 43, automne 2002 |
Titre du numéro | Varia |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- L'économie politique classique au crible de la raison dialectique : la relecture hégélienne - Delphine Brochard p. 7-30 Cet article examine l'analyse du système économique développée par Hegel dans les Principes de la philosophie du droit. Il montre comment cette analyse s'appuie non pas sur la reprise et le développement des thèses de l'économie classique mais sur leur réinterprétation dialectique. Cette logique d'appréhension particulière fonde la singularité du regard porté par Hegel sur la sphère économique et son irréductibilité aux thèses classiques. L'article explique comment elle conduit le philosophe à mettre en évidence les insuffisances du mode de coordination marchand des destinées individuelles, et la nécessité de son dépassement dans et par l'avènement de l'État rationnel. L'article expose alors la singularité de l'articulation conçue par Hegel entre la société civile et l'État, comme une voie médiane entre dirigisme et libéralisme.
- Ordre spontané et ordre organisé chez Hayek - Alain Leroux, Robert Nadeau p. 31-32
- Règles négatives et évolution - Paul Dumouchel p. 33-46 Je propose de lire la distinction hayékienne entre systèmes de règles de conduites et ordre sociaux dans le mécanisme de l'évolution culturelle à la lumière de la distinction en biologie entre génotype et phénotype. Ce choix méthodologique permet d'apporter réponse à deux question importantes : celle de la place de la sélection de groupe dans l'explication hayékienne et celle du caractère lamarckien ou non de l'évolution culturelle. Cela permet aussi de résoudre deux problèmes centraux des modèles darwiniens de l'évolution sociale liés à la question de la transmission des contenus culturels.
- La théorie hayékienne de l'ordre auto-organisé du marché (la main invisible) - Philippe Nemo p. 47-67 Il existe chez Hayek, articulée d'une manière plus précise, plus analytique que chez d'autres économistes, une théorie complète de la "main invisible" du marché. Hayek la formule dans le vocabulaire moderne de la théorie des systèmes. Le marché est un système auto-organisateur qui fonctionne selon un double système de communication, le droit et les prix. Ces deux systèmes sont effectivement porteurs d'information et guident les comportements de l'agent individuel de telle manière qu'il s'insère exactement dans le système économique global, alors même qu'en raison de la "complexité" de l'économie, il n'a pas et ne peut avoir une connaissance globale de ce système. Inversement, le même système de communication fait que l'économie globale s'adapte à chaque action librement décidée par les agents économiques individuels. La théorie de Hayek donne ainsi une "explication de principe", classique sur le fond si l'on veut, mais nouvelle par la clarté et la netteté de la formulation, de ce qui demeure un étrange paradoxe : que la liberté économique peut, sous certaines conditions de structure, produire, non pas anarchie et désorganisation, mais, au contraire, une forme d'ordre social hautement sophistiquée et qu'on ne saurait pas créer autrement, la division mondiale du travail.
- Limites organisationnelles du libéralisme hayekien - Mohammed Bensaïd p. 69-89 Le libéralisme Hayek est fondé sur la notion d'ordre. Celle-ci est principalement utilisée par Hayek pour penser ce qu'il appelle l'ordre spontané de marché. Reprenant la distinction entre ordre spontané et ordre organisé, nous montrerons que l'une des grandes faiblesses du système hayekien réside dans l'extrême fragilité des relations entre ces deux types d'ordre : il y aurait une sorte d'indétermination organisationnelle de l'ordre spontané du marché hayekien. Celui-ci ne serait compatible qu'avec des composantes individuelles simples (des organisations simples ou atomistiques) et ne saurait admettre l'existence ou le développement en son sein d'entités organisées plus complexes (organisations non atomistiques). Une intégration des organisations complexes menacerait non pas la notion d'ordre spontané dans l'absolu, mais la construction qu'en fait Hayek et les implications normatives qu'il en tire.
Débat
- L'hétérodoxie rend-elle un historien de la pensée économique aveugle et sourd ? - Ghislain Deleplace p. 93-102 Cette note répond à l'article de Michel De Vroey "L'histoire des théories économiques sous le prisme de l'hétérodoxie", paru dans le n? 38 desCahiers d'économie politique. Elle conteste l'affirmation de De Vroey selon laquelle mon présupposé "hétérodoxe" en faveur du "primat du rapport salarial" est à l'origine d'une présentation de Keynes aveugle sur ses erreurs et d'une évocation de la macroéconomie "nouvelle classique" sourde à ses résultats. Une fois la supposée hétérodoxie mise de côté, le désaccord analytique apparaît concerner deux questions : la possibilité d'éliminer le chômage involontaire par une baisse du salaire réel, et la fragilité des fondements théoriques de la macroéconomie "nouvelle classique".
- L'hétérodoxie rend-elle un historien de la pensée économique aveugle et sourd ? - Ghislain Deleplace p. 93-102
Édition : F.A.Hayek, 'Économie et connaissance' (1937)
- Commentaire sur "économie et connaissance" de F. H. Hayek - Thierry Aimar p. 105-118
- Économie et connaissance - Friedrich A. Hayek p. 119-134
Notes bibliographique
- Nathalie Sigot, Bentham et l 'économie, une histoire d'utilité Paris, Economica, 2001 - Sandrine Leloup p. 137-145
- Maurice Lagueux, Actualité de la philosophie de l'histoire, Québec, les Presses de l'université de Laval, 2001 - Pierre-Yves Bonin p. 147-151
- Arnaud Berthoud, Essais de philosophie économique Platon, Aristote, Hobbes, A. Smith, Marx, Arras-Lille, Presses universitaires du Septentrion, 2002 - Feriel Kandil p. 153-159
- Thierry Pouch, Les économistes français et le marxisme Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2001 - Sylvain Zeghni p. 161-163