Contenu du sommaire : Lectures de John R. Commons
Revue | Cahiers d'économie politique |
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Numéro | no 39, automne 2001 |
Titre du numéro | Lectures de John R. Commons |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Présentation - Carlo Benetti, Gilles Dostaler, Omar Hamouda, Michel Rosier, Christian Tutin p. 7-8
- De J. R. à John ou les métamorphoses de Hicks, éléments de biographie intellectuelle - Gilles Dostaler p. 9-23 Hicks a écrit qu'il y avait deux Hicks, un oncle J.R., et son neveu, John. Le neveu, non-néoclassique, n'est pas fier des ?uvres de son oncle néoclassique. Ce texte propose une biographie intellectuelle de Hicks depuis le début de sa carrière jusqu'à la publication, en 1939, de Valeur et capital, sans doute son ?uvre la plus célèbre et la plus influente. Nous analysons cette évolution à la lumière des commentaires ultérieurs de John sur l'?uvre de J.R. Les métamorphoses de Hicks sont complexes et enchevêtrées, le neveu renouant parfois avec certaines thèses mises en avant par l'oncle au début de sa carrière. Ce texte, où sont évoquées les relations de notre auteur avec Hayek, Myrdal et Keynes, est aussi une contribution à l'analyse des débats théoriques de l'entre-deux-guerres.
- La conception de Hicks de la causalité en économie - Omar Hamouda p. 25-36 Selon Hicks la causalité en économie peut être considérée sous l'angle de des classifications logiques et des méthodes inductive et deductive appliquées aux relations causales. Hicks lie trois concepts de causalité aux différentes théories économiques. La causalité statique renvoie à la théorie statique. La causalité contemporaine est introduite dans la théorie des flux et des stocks. La causalité séquentielle est la structure causalement explicative des théories dynamiques. Aussi bien dans ses catégories logiques de causes que dans leurs applications théoriques, Hicks révèle clairement sa conviction que différentes causalités sont à l'?uvre dans la réalité économique. En tant qu'historien des idées, Hicks n'est pas enclin à passer sous silence les idées de ces prédécesseurs, entre autres Hume et Kant, mais, en tant que penseur autonome, il ne peut se cantonner à leurs seules idées. Confronté à un phénomène économique donné, Hicks croyant qu'il est mieux d'avoir une explication partielle que de ne pas avoir d'explication du tout, il défend donc l'idée de causalité faible et le principe d'un déterminisme "doux". Il pensait que ses idées sur la causalité peuvent nous libérer de la causalité forte et du déterminisme "dur", si souvent identifiés à l'essence même de la science économique.
- L'entreprise dans valeur et capital une approche évolutionniste - Didier Bévant p. 37-52 Dans Valeur et Capital, Hicks se propose de dynamiser l'équilibre général walrassien. Dans cette perspective, l'entreprise "concrète" semble n'avoir que peu de place, assurément moins que dans les Principes de Marshall. Pourtant, nous trouvons dans le livre de Hicks de nombreuses indications sur ce que pourrait être une telle entreprise. Nous cherchons donc ici à reconstituer l'entreprise hicksienne, d'un point de vue évolutionniste inspiré par Marshall. Organisation en situation d'incertitude, soumise aux rendements décroissants et évoluant dans un milieu moins favorable que la firme de Marshall (pas d'externalités positives), l'entreprise est bien, selon Hicks, l'unité active d'un "processus d'évolution". Bien que structurant le milieu de l'entreprise, les institutions du marché sont peu évoquées dans Valeur et Capital. Leur analyse, selon Hicks, relève de l'histoire économique. C'est le sujet de la Théorie de l'Histoire Economique.
- La “théorie de la valeur” de Hicks et le multiplicateur d'A. Smith - Michel Rosier p. 53-71 Dans un texte publié peu avant sa mort, Hicks reformule des idées qu'ils avaient exprimées dès 1942. Il affirme, d'une manière provocante, que la période entre Smith et Keynes constitue une sorte d"'Age noir" pour l'analyse économique. Il affirme aussi que Smith et ses prédécesseurs appartiennent à la même famille d'économistes que Keynes. Pour étayer cette affirmation, il montre qu'il y a chez les prédécesseurs de Smith des multiplicateurs de type keynésien. En revanche, il n'arrive pas à en trouver un chez Smith. Dans cet article, nous montrons qu'il existe bien un multiplicateur smithien et nous en tirons les leçons.
- John Hicks, le dernier keynésien ? - Christian Tutin p. 73-87 Les derniers écrits théoriques de Hicks développent des thèmes d'analyse monétaire présents dans ses textes des années trente, notamment sa recension critique, en 1935, du Traité sur la monnaie de Keynes. Le fil keynésien ainsi renoué après 1973 fait apparaître comme une sorte de parenthèse non seulement ses travaux sur la croissance, mais aussi Valeur et capital et IS/LM. Le parcours de Hicks n'est pourtant pas si erratique, si l'on admet qu'il a cherché successivement chez Walras, Hayek et Ricardo ce qu'il ne pouvait trouver chez Keynes, à savoir une théorie de la production qu'il a toujours considérée comme une pièce maîtresse de l'« économie dynamique de la production » à la construction de laquelle toute son ?uvre est consacrée.
- Monnaie, choix individuels et frictions - Carlo Benetti p. 89-106 L'objectif de cet article est d'évaluer les conséquences de la "simplification" proposée par Hicks en 1935 sur l'analyse actuelle de l'intégration de la monnaie dans la théorie de la valeur. La suggestion méthodologique de Hicks est fondée sur deux concepts centraux : le choix individuel et les frictions. Depuis 1935, le développement de la théorie monétare est caractérisé par la recherche des frictions appropriées pour que, à l'équilibre, les individus choisissent la monnaie. Nous montrons qu'à partir de ces concepts, par ailleurs bien adaptés à l'analyse de la monnaie comme réserve de valeur, il n'est pas possible d'obtenir un modèle où les théories de la monnaie et des prix sont intégrées de manière satisfaisante. Après un examen critique des principaux résultats de la théorie monétaire récente, nous esquissons une solution alternative fondée sur un schéma de formation des prix où la monnaie, comme moyen d'échange, est la condition du système des prix. Dans ce cadre, la monnaie peut être intégrée à la théorie des prix en dehors des concepts hicksiens de choix individuel et de frictions.
- L'ajustement à l'équilibre temporaire dans valeur et capital, ou “de l'art de faire sortir un lapin d'un chapeau” - Catherine Martin p. 107-127 Hicks affirme avoir tenté de fournir dans Valeur et Capital une justification de l'ajustement du système économique à l'équilibre temporaire, principalement dans une Note au chapitre IX : "La formation des prix". Dans cet article, nous nous proposons de montrer que, contrairement à son affirmation, non seulement il ne cherche pas à fournir cette justification, mais qu'il procède comme s'il était conscient de cette lacune, tout en cherchant à nous convaincre du contraire. Par ailleurs, Hicks soutient que "l'économie pure a une façon remarquable de faire sortir des lapins d'un chapeau (...). Il est fascinant de chercher à découvrir comment ces lapins y sont entrés ; car ceux d'entre nous qui ne croient pas à la magie doivent être convaincus qu'on les y a fait entrer d'une façon ou d'une autre". Fascinant ou pas, nous montrons comment Hicks procède pour nous convaincre qu'il tente de fournir une justification que, en fait, il ne tente pas de fournir, c'est-à-dire pour faire entrer un lapin dans un chapeau.
- Équilibre temporaire et équilibre de sous-emploi - Xavier de la Vega, Ludovic A. Julien p. 129-143 Ce papier a pour objet de montrer que l'approche en termes d'équilibre temporaire esquissée par Hicks dans Valeur et Capital permet de traiter la conjecture de Keynes relative à l'existence d'équilibres avec chômage involontaire persistant dans une économie de marché en régime de prix et salaires flexibles. Le chômage keynésien n'existe que si la réduction des salaires nominaux laisse inchangé le déséquilibre sur le marché du travail. En croisant la conception du marché du travail chez Keynes et le concept d'élasticité d'anticipation des prix et salaires futurs hicksien, il est possible d'affirmer la persistance du chômage involontaire. Ainsi, contrairement à l'assertion classique, une politique de réduction des salaires nominaux est compatible avec du chômage involontaire persistant.
- De l'équilibre à la séquence : la méthode d'analyse économique dynamique de J.R. Hicks - Jean-Luc Gaffard p. 161-174 L'article est dédié à examiner dans quelle mesure la méthode d'analyse économique dynamique développée par J.R. Hicks est une alternative à la méthode dite de l'équilibre dans la perspective de construire une macroéconomie unifiée. Il met en lumière les problèmes méthodologiques associés au traitement analytique de la production, de la monnaie et des processus de marché.
- Wicksell, keynes et hicks ou les avatars du processus cumulatif - Thierry Chauveau p. 175-201 Cette étude est consacrée à une réévaluation des tentatives d'explication du lien entre taux d'intérêt et niveau général des prix, avancées successivement par Wicksell, par Keynes et par Hicks en termes de processus cumulatif. Nous conservons, en toile de fond et comme référence principale, l'explication concurrente : celle d'Irving Fisher. Nous nous efforçons de retracer l'histoire des idées qui sont à l'origine du concept de processus cumulatif et nous nous attachons à porter un jugement sur son intérêt théorique et empirique ainsi que sur celui d'économie de "pur crédit" ou d'économie "d'endettement".
- Hicks et la théorie du cycle d'affaires : une interprétation - Richard Arena p. 203-214 L'objet de l'article est de situer l'ouvrage de 1950 de John Hicks, Contributions to the trade cycle theory, dans le contexte de l'histoire de la théorie des cycles d'affaires de l'après-guerre. Le texte envisage tour à tour quatre aspects différents. Le premier concerne l'origine de l'inspiration de Hicks. Le second s'interroge sur le degré d'endogénéité du modèle de cycle de Hicks. Le troisième analyse de manière critique le recours par Hicks au concept d'accélérateur. Le dernier s'interroge enfin sur la faible part laissé à la monnaie et aux phénomènes financiers dans la théorie hicksienne des fluctuations économiques.
- Origine monétaire des cycles d'affaires et changement technologique : Hicks versus Hayek - Harald Hagemann p. 215-229 La pensée économique de Keynes et celle de Hayek ont toujours été considérées par Hicks comme un défi au développement de sa propre théorie. Tandis que la première est bien connue d'un large public et peut être symbolisée par quatre lettres, IS-LM, l'influence de Hayek sur les travaux de Hicks est d'une autre nature, plus controversée et encore exclusivement connue d'un petit groupe d'universitaires. Hicks avait toujours été sceptique face à l'affirmation de Hayek selon laquelle, en l'absence de perturbations monétaires, l'économie serait à l'équilibre. Bien qu'il ait puisé chez Hayek l'idée selon laquelle l'impact d'un choc sur la structure réelle de la production est l'élément fondamental, il est très clair que contrairement à ce dernier, Hicks considère que la divergence du sentier régulier et le processus d'ajustement dynamique ne sont pas causés par des facteurs monétaires mais par des facteurs réels comme le changement technologique. La position de Hicks a davantage en commun avec celle de Adolphe Lowe dont les contributions à la théorie des cycles dans les années vingt représentèrent pour Hayek un défi majeur. Finalement, on montre qu'en dépit du fait que l'analyse du processus cumulatif de Wicksell constitue une part importante de la théorie des cycles de Hayek, Wicksell possédait une vision réelle du cycle, vision d'ailleurs partagée par Hicks. Ceci constitue un point de désaccord fondamental avec Hayek pour qui les désordres monétaires sont de première et non de seconde importance.
- Bibliographie générale - p. 231-243