Contenu du sommaire : L'agent économique : théorie et histoire
Revue | Cahiers d'économie politique |
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Numéro | no 49, automne 2005 |
Titre du numéro | L'agent économique : théorie et histoire |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Introduction - Daniel Diatkine, Philippe Steiner p. 7-17
- Individual and self-interest in Adam Smith's Wealth of Nations - Stefano Fiori p. 19-31 Le but de cet article est de décrire la notion de "self-interest" et ses relations avec celle d'individu, considéré comme sujet économique, dans la Richesse des Nations. Le concept de "self-interest" est analysé à travers trois différents points de vue qui en illustrent la complexité. En outre, on démontre qu'il faut corriger la vision selon laquelle le "self-interest" est un principe homogène et transparent, qui dirige les actions individuelles et spécifié par un ensemble de caractéristiques partagées par la plupart des individus.
- Beyond economic man: Adam Smith's concept of the agent and the role of deception - Caroline Gerschlager p. 31-49 En m'appuyant sur la "Théorie des Sentiments Moraux" d'Adam Smith, je me propose d'analyser et de développer mon hypothèse selon laquelle la tricherie est inévitable dans le domaine social. Les acteurs de Smith qui ne cessent de se tromper eux-mêmes parce qu'ils ne peuvent pas prendre un point de vue impartial, sont comparés à l'homo ?conomicus comme modèle standard des agents économiques. Mon analyse vise à démontrer qu'Adam Smith et les économistes modernes arrivent à des points de vue opposés concernant la tricherie. Alors que le premier considère que la tromperie et les illusions sont cruciales pour comprendre l'échange, les seconds envisagent la tricherie en termes d'inefficacité qui entrave l'échange, et finalement le rend impossible.
- On the social nature of rationality in Adam Smith and John Stuart Mill - Michel S. Zouboulakis p. 51-63 L'objectif de cet article est d'établir la nature sociale de la notion de rationalité dans l'?uvre de Adam Smith et de John Stuart Mill. Une lecture attentive de leurs textes révèle que ces auteurs pensaient que les actions individuelles dépendent du contexte social, culturel et moral dans lequel elles ont lieu. A la lumière de cette relecture des textes classiques, les avancements théoriques récents en matière de rationalité économique méritent à être reconsidérés.
- Changing perceptions of the poor in classical economic thought - Alain Clément p. 65-86 Cet article analyse les différents types de discours économique sur la pauvreté et sur les relations entre les pauvres et un certain nombre d'institutions économiques et sociales au cours du XIXe siècle. Au tout début du siècle, le pauvre est analysé comme un agent économique autonome et responsable de sa propre condition. Mais progressivement d'autres explications (environnement économique et institutionnel...) ont été intégrées dans l'analyse. Ces nouveaux arguments joints à une analyse critique de la spécificité du comportement des pauvres au milieu du siècle, modifient sensiblement le regard porté à la question sociale et aux politiques sociales qui en découlent
- L'agent économique dans la philosophie du droit hégélienne - Rag?p Ege p. 87-102 Dans ce travail notre objectif est d'analyser les conditions de possibilité historiques et logiques de l'agent économique en tant qu'une figure moderne de l'individu. Dans sa Philosophie du droit Hegel montre que si l'individu moderne peut se déployer comme un agent économique, comme un Bürger, dans la société civile, c'est parce qu'il est déterminé simultanément comme citoyen dans sa relation à l'État. L'individu reçoit ces deux identités au même moment, lorsque l'espace social se trouve divisé en société civile et État. Et cette division est un phénomène rigoureusement moderne.
- Théorie de l'action, rationalité et conception de l'individu chez Pareto - André Legris, Ludovic Ragni p. 103-126 Les lecteurs contemporains ou plus anciens de l'?uvre de Pareto soulignent l'importance de la séparation entre actions logiques et actions non-logiques, et par delà entre économie et sociologie. Toutefois, la séparation parétienne des sciences sociales peut être discutée à la lumière des approches récentes de la rationalité, d'une part, et il s'ensuit que la construction de la société que propose Pareto dépend largement de sa conception de l'individu, d'autre part.
- Institutional, evolutionary and cultural aspects in Max Weber's social economics - Heino Heinrich Nau p. 127-142 Une des idées centrales de l'Économie sociale de Max Weber concerne l'évolution des organisations institutionnelles. Dans la première partie de l'article, je montre que Weber peut être interprété comme un économiste institutionnel. Dans la seconde partie, je reconstruis l'aspect le plus important de l'institutionnalisme de Max Weber, à savoir les interrelations entre les idées, les intérêts, les institutions et les ordres sociaux. Dans la troisième partie, je démontre comment Weber applique cette approche institutionnaliste en examinant son explication économique des entraves au développement en Chine. En suivant les concepts de Weber, j'effectue finalement quelques propositions destinées à enrichir la recherche économique contemporaine.
- L'agent économique : rationalité maximale ou minimale - Maurice Lagueux p. 143-158 On admet généralement qu'un agent économique idéalement rationnel devrait être doué d'une parfaite capacité de déduction à partir de croyances et de préférences correctes et cohérentes. De telles exigences devant exclure tout changement de goût et tout apprentissage, l'omniscience et la connaissance du futur seraient logiquement requises. Toutes ces exigences transformeraient cet agent idéal en un "agent" intemporel inapte à agir. Une fois rejetée cette notion auto-contradictoire, la différence entre divers modèles d'agent économique devient une pure affaire de degrés de rationalité sur une échelle allant de la présumée maximisation des modèles néoclassiques à la rationalité limitée ou même minimale.
- The hicksian rational consumer - Manuel Fernández-Grela p. 159-176 L'objectif de cet article est de retracer l'évolution du concept de ''consommateur rationnel'' dans l'?uvre de Hicks. Après avoir été un des pionniers dans l'introduction des hypothèses de rationalité du comportement du consommateur dans les modèles économique, Hicks est devenu très sceptique quand à l'usage qui en a été fais dans certains modèles. L'article met en avant les éléments de continuité dans la vision de Hicks, en décrivant les changements graduels qui parcourent son ?uvre abondante.
- Modeling rational agents the consistency view of rationality and the changing image of neoclassical economics - Nicola Giocoli p. 177-208 Cet article étudie l'évolution de la notion de rationalité dans la théorie des choix et de la décision du point de vue de la transformation accomplie par la théorie néoclassique durant le 20ème siècle. Le point important est que la réduction de l'agent économique à la contrainte de cohérence formulée par Samuelson et la théorie des préférences révélées et (via von Neumann et Morgenstern) la théorie de l'utilité espérée de Savage a catalysé cette transformation, derrière la façade de l'amélioration des performances empiriques. Ainsi, et sur ce terrain, il n'existe pas de différence réelle entre les approches opérationnelles de Samuelson, de von Neumann et de Morgenstern ou de Savage et les approches purement formalistes comme celle de Debreu.
- From pure theory to full economic analysis ? a place for the economic agent - Luigi L. Pasinetti p. 211-216