Contenu du sommaire
Revue | Etudes anglaises |
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Numéro | Volume 60, avril-juin 2007 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Introduction - François Gallix p. 131-134
Articles
- From historiographic metafictions to bedtime stories: The changing contours of Graham Swift's novels - Catherine Pesso-Miquel p. 135-147 Cet article s'intéresse à l'évolution des formes narratives dans les romans de Graham Swift. Considéré au départ comme un postmoderniste, en particulier par Linda Hutcheon, qui s'est servi de Waterland pour définir ce qu'elle appelle les historiographies métafictionnelles, Swift s'est ensuite tourné vers une forme moderniste avant, dans son dernier roman, de renoncer à la métafiction en faveur d'une fiction franche et directe, comme s'il adhérait à la thèse énoncée très récemment selon laquelle le roman « retournerait aux histoires ». Quelles sont les conditions de cette évolution, et en quoi affecte-t-elle (ou non) la qualité littéraire de son ?uvre ?
- Rewriting(s) in Ian McEwan's Atonement - Richard Pedot p. 148-159 Un des projets déclarés d'Atonement est d'entamer une « conversation » avec le modernisme au sujet de son manque d'engagement dans l'histoire. Ce roman démontre donc bien l'intérêt de McEwan pour l'histoire contemporaine et l'éthique de la fiction. Cet article entend cependant montrer que l'intertexte moderniste dans Atonement est en fait un pré-texte à auto-examen ou à un réexamen critique des premières fictions, moralement plus dérangeantes, de l'auteur. En prenant appui sur la définition lyotardienne de la réécriture, nous pouvons conclure qu'Atonement réécrit le modernisme dans le sens où c'est une tentative d'effacer l'ardoise, de repérer et nommer les crimes du passé, pour éventuellement s'en disculper. Ce que ce roman n'accomplit pas, à l'inverse, c'est une réécriture au sens de plongée dans le drame de l'écriture.
- David Lodge's Author, Author and the genre of the biographical novel - Vanessa Guignery p. 160-172 Cet article tente d'analyser les mécanismes du roman biographique dans Author, Author (2004) de David Lodge, qui met en scène Henry James dans les années 1880-1890, ainsi que dans les derniers mois avant sa mort. Par le biais d'un examen précis des paratextes et du tressage de la fiction et de la réalité au sein même du texte, l'article démontre que Lodge est parvenu à opérer un équilibre subtil entre imagination et faits réels. Cet essai propose en outre de déterminer les raisons du succès du genre mixte du roman biographique dans la littérature britannique contemporaine, et s'efforce d'évaluer le statut de Author, Author en le comparant aux métafictions historiographiques postmodernistes.
- Pat Barker's critical work of mourning: Realism with a difference - Catherine Bernard p. 173-184 En prenant pour objet les marges de la société anglaise et les meurtrissures de la mémoire collective, Pat Barker a élaboré un mode réaliste complexe. Tout en tentant de mettre au jour les mécanismes de contrôle idéologiques de la doxa et la façon dont l'individu tente de leur résister, son écriture réaliste pousse la logique de la représentation à son point de rupture. En se confrontant à une négativité qui met le langage au défi, cette écriture ouvre aussi paradoxalement la voie à une forme renouvelée de praxis, dans les failles béantes des traumatismes de l'histoire.
- Mediating multi-cultural muddle: E. M. Forster meets Zadie Smith - Catherine Lanone p. 185-197 Avec On Beauty, roman publié en 2005, Zadie Smith s'écarte de l'intertextualité typiquement postmoderne liée au pastiche et à la parodie pour réactiver l'hypotexte, le roman édouardien de E. M. Forster, Howards End, publié en 1910. Certes, On Beauty relève de la transposition ludique, jouant sur les dialogues à la fois identifiables et modernisés, sur le décalage, le changement de registre, de décor, de contexte géographique et culturel. Si Zadie Smith garde les éléments clefs de l'intrigue (comme la dichotomie conservateur/libéral, la scène du concert ou le fameux legs, la transmission secrète et magique, dans un cas d'une demeure, dans l'autre d'un tableau), l'effet reste comique, dans le cadre d'un roman universitaire qui reprend les recettes du genre, comme la liaison extra-conjugale, le jargon prétentieux ou la conférence ratée?final délicieux où le malheureux protagoniste, armé de son ?Pah point?, se contente de laisser défiler en silence les images à l'écran, parce qu'il a oublié ses notes. Mais le décalage intertextuel permet aussi de mettre en évidence les tensions du multiculturalisme, tandis que l'intertextualité picturale oppose l'héritage classique à la Rembrandt au rite visuel fécond du peintre haïtien Hector Hyppolite, pour explorer plus avant l'amitié féminine qui s'esquissait dans Howards End.
- Queer, Quaint and Camp: Alan Hollinghurst's own return to the English tradition - Georges Letissier p. 198-211 Alan Hollinghurst entend introduire un foyer de conscience homophile dans ses essais et sa fiction. Il établit un distinguo subtil entre le roman gay, dans lequel la condition homosexuelle et les relations masculines sont traitées en priorité, et ce qu'il appelle « l'homosexualisation du roman » ; une entreprise d'esthétisation du roman, plaçant celui-ci hors d'atteinte des normes morales. Pour Hollinghurst, Ronald Firbank est le représentant de ce qu'il considère comme une entreprise de subversion romanesque, à travers un point de vue excentrique marginal. Cet article démontre que loin d'engager le roman dans les territoires non balisés de l'innovation formelle, Hollinghurst est un écrivain de la Tradition, même si la tradition qu'il réactualise s'inscrit à la marge de la mémoire littéraire la plus souvent célébrée. En utilisant l'une des images préférées du romancier, on pourrait dire que, de The Swimming Pool Library à The Line of Beauty, Hollinghurst ne fait que suivre une ligne de continuité sinueuse.
- An aesthetics of performativity: Patricia Duncker's art of simulation in James Miranda Barry - Christian Gutleben p. 212-225 Face aux critiques réitérées au sujet du pastiche et de la simulation réputés cantonner la fiction contemporaine à une logique de répétition et à un enfermement dans le passé, Patricia Duncker propose avec James Miranda Barry un roman où principes d'écriture et préoccupations thématiques, codes romanesques et motifs diégétiques se regroupent précisément autour de la notion de simulation. D'ordre sexuel pour le protagoniste et d'ordre stylistique pour l'auteur, la simulation devient créative dans la mesure où elle s'inscrit dans un cadre au double encodage où le langage romanesque est hybride et où la démarche imitative est revisitée avec une ironie critique et autoréflexive. En montrant que sexe et texte peuvent être fabriqués, imités, contrefaits, Duncker entreprend d'exploiter le concept de performativité pour l'élever au rang de principe esthétique. Par ses références intertextuelles très développées, par ses commentaires métatextuels récurrents et par ses procédés hypertextuels fort sophistiqués, James Miranda Barry harmonise toutes les pratiques textuelles pour placer au centre du dispositif romanesque, sur le plan discursif et sur le plan diégétique, l'hégémonie de la logique performative. Qu'elle soit textuelle ou sexuelle, c'est bien la performativité qui assure l'unité esthétique de ce roman des mises à nu et des remises en cause ? idéologiques et ontologiques.
- Bibliography - Vanessa Guignery p. 226-238
- From historiographic metafictions to bedtime stories: The changing contours of Graham Swift's novels - Catherine Pesso-Miquel p. 135-147
Comptes rendus
- Comptes rendus - p. 239-250
Revue des revues
- Revue des revues - p. 251-255