Contenu du sommaire
Revue | Etudes anglaises |
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Numéro | Volume 61, avril-juin 2008 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Articles
- Introduction - Christine Savinel p. 130-135
- The Hybrid: The Meeting of American Poetry's Extremes - Cole Swensen p. 136-145 Cet article avance la thèse selon laquelle l'idée acquise d'un clivage entre le mode conventionnel et le mode expérimental, qui tous deux ont caractérisé la poésie américaine depuis un demi-siècle, n'est plus pertinente aujourd'hui. S'y est substitué un champ beaucoup plus ouvert, où les poètes mélangent souvent des approches et des techniques puisées dans les deux répertoires. L'article revient ici brièvement sur l'évolution de ce modèle binaire depuis 1960, pour suggérer ensuite que son effondrement tient essentiellement à deux facteurs : les changements à l'université, y compris dans les programmes et, d'autre part, les bouleversements que l'innovation technologique a induits dans la publication.
- Peter Gizzi's hypothetical lyricism: Some Values of Landscape and Weather (2003) and The Outernationale (2007) - Olivier Brossard p. 146-163 Dans ses deux derniers livres, Some Values of Landscape and Weather (2003) et The Outernationale (2007), Peter Gizzi tire le lyrisme de l'impasse dans laquelle il se trouvait, pris entre la veine néo-confessionnelle de la poésie américaine et le refus aussi absolu qu'illusoire de toute marque de subjectivité par certains poètes contemporains. S'il ne refuse pas de dire « je », il n'abonde pas pour autant dans le sens d'un « moi » qui irait « de soi » mais le soumet au contraire à un doute méthodique poétique, en jouant sur la tension entre absence et présence, entre intériorité et extériorité. En concevant le sujet lyrique moins comme une substance donnée que comme la relation mouvante entre le sujet de l'énonciation et les manifestations du « je » au sein du poème, Peter Gizzi façonne un lyrisme hypothétique. C'est à cette seule condition que le chant du poème reste possible, une « Chanson en si » (T. Corbière) que l'on entend depuis le « Château If ».
- « Les muses inquiétantes » : intermittences musicales dans la poésie de John Ashbery - Antoine Cazé p. 164-176 Contrairement à de nombreuses études critiques qui abordent Ashbery sous l'angle du pictural et du visuel, et en accord avec l'auteur lui-même qui se dit depuis longtemps influencé avant tout par la musique, cet article analyse les modalités du rapport fondateur entre écriture et musique dans l'?uvre du poète américain. Après avoir montré qu'on ne saurait utiliser les éléments traditionnellement associés au musical en poésie (mètre, rythme, jeu des sonorités) pour décrire le travail langagier d'Ashbery, nous proposons d'envisager l'abstraction du sens qui le caractérise comme une tension vers une « condition sonore » proche de la musique dite spectrale. En pratiquant d'une part un art du développement harmonique par nappes sonores, et de l'autre une interruption des figures du chant orphique, Ashbery parvient à renouveler de façon originale les enjeux du lyrisme.
- S'écrire l'histoire : Mac Low, Silliman, Hejinian, Watten, Goldsmith - Hélène Aji p. 177-191 Reprenant les travaux de cinq poètes américains des trente dernières années, cet article montre comment, par delà les tournants linguistique et théorique, ils réinscrivent dans le discours poétique les interrogations herméneutiques et épistémologiques qui fondent la pensée historique de la seconde moitié du XXe siècle et du début du XXIe siècle. Intertextualité et citation chez Jackson Mac Low, croissance exponentielle du texte et de la vie chez Ron Silliman, écriture autobiographique parcellaire chez Lyn Hejinian, pensée du non-événement chez Barrett Watten, pratique de la médiation chez Kenneth Goldsmith sont autant de méthodes visant la persistance de l'écriture dans des contextes d'incertitude et de doute radicaux.
- Lyn Hejinian : l'écriture à la limite - Marie-Christine Lemardeley p. 192-201 Poète et critique, Lyn Hejinian remet en cause les conventions tacites et les distinctions que la force de l'habitude a naturalisées. Son écriture fondée sur la disjonction explore les limites de l'impersonnalité. Rejetant la clôture et la présence, elle inscrit le sujet dans l'adverbe et fait du livre le lieu de l'inexpérience vécue.
- Susan Howe's Visual Poetics - Tony Lopez p. 202-214 Susan Howe est un poète américain majeur, représentante éminente du poème sériel. Ses textes mettent en jeu les fondamentaux de l'identité américaine, et communiquent un sens profond de l'intervention humaine dans les récits et les documents historiques. Ses sujets sont la violence institutionnelle, patente ou cachée, l'exploitation coloniale, la haine raciale et le génocide. À une époque où le politiquement correct est vulgaire, programmatique et réducteur, et où les sujets sont choisis pour leur caractère bien-pensant, ses poèmes privilégient la beauté de la complexité, et tiennent leur lecteur en haute considération. L'imaginaire historique féministe de Howe est cadré par une poétique du visuel qui doit beaucoup à l'usage que faisait Ezra Pound de la page comme cadre de composition et à ses avancées décisives dans le déploiement de tout un ensemble d'innovations poétiques au sein d'une forme ouverte de l'écriture épique. L'un des liens importants entre Pound et Howe est Charles Olson et ses Maximus Poems, long poème américain plus centré que les Cantos sur l'histoire et le territoire américains, mais qui n'aurait sûrement pas été possible sans l'exemple et la vision de Pound. Cet article cherche à rendre compte de la très riche expérience qu'est la lecture de la poésie de Howe, de sa poétique visuelle déroutante mais efficace, du choc de se retrouver en position de lecteur, et de l'importance de ses préfaces en prose dans la composition de ses poèmes sériels. J'espère aussi témoigner de mon admiration pour son inscription fructueuse dans la lignée moderniste de Pound à Olson dans la poésie américaine.
- La pensée à l'?uvre chez David Antin - Isabelle Alfandary p. 215-228 Le présent article interroge la nature paradoxale des improvisations poétiques de David Antin. Le caractère d'oralité d'une telle pratique est contredit par l'existence de transcriptions écrites retravaillées par le poète. Ne relevant strictement ni de la parole, ni de l'écriture, les poèmes de David Antin participent de ce que le poète et critique Charles Bernstein appelle l'ère « postalphabétique ». Dans ses poèmes improvisés, Antin approche la dimension matérielle de la langue, fait l'expérience de ce qu'il désigne comme « le son de la pensée ».
Essai
- Unoriginal Genius: Walter Benjamin's Arcades as Paradigm for the New Poetics - Marjorie Perloff p. 229-252
Comptes rendus
- Comptes rendus - p. 253-255