Contenu du sommaire : Entre rapprochement et éloignement : Les États-Unis sous administration Obama et l'Europe

Revue L'Europe en formation Mir@bel
Numéro no 360, avril 2011
Titre du numéro Entre rapprochement et éloignement : Les États-Unis sous administration Obama et l'Europe
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Introduction - Matthias Waechter p. 3-12 accès libre
  • Opinion

  • Dossier

    • Y a-t-il une « doctrine Obama » en matière de politique étrangère ? - Anna Dimitrova p. 19-41 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le débat actuel politique et médiatique sur « la doctrine Obama » en matière de politique étrangère semble s'articuler autour deux interrogations principales : existe-t-il une nouvelle « grande stratégie » américaine définissant les intérêts nationaux et les instruments de puissance (hard power, soft power) pour répondre aux nouveaux défis globaux et réaffirmer la place des Etats-Unis dans le monde ? Comment « la doctrine Obama » est-elle appliquée à des cas concrets de l'actualité récente tels que le conflit en Libye où l'intervention américaine a été définie par le président Obama comme « humanitaire » et « limitée », ou l'opération militaire au Pakistan menée par les forces spéciales américaines et conclue par la mort d'Oussama Ben Laden ? Deux écoles opposées se distinguent dans ce débat – celle des hégémonistes, qui ont été très influents dans les dernières années de la guerre froide et à nouveau après le 11 septembre 2001, représentée ici notamment par Charles Krauthammer et sa critique de la politique étrangère de B. Obama définie comme « un leadership dans les coulisses » (leadership from behind) qui ne convient pas, selon lui, à la stratégie d'un leader ; et celle des « relativistes » dont le représentant le plus connu est certainement Joseph Nye, qui au début des années 2000 a introduit l'idée de la « relativité » de la puissance américaine face à l'ascension des pays émergents, plus particulièrement de la Chine, et qui préconise la mise en place d'une nouvelle stratégie basée sur le smart power, la combinaison intelligente du hard power et du soft power. En nous appuyant sur l'approche des relativistes, cette étude vise à démontrer que les concepts de smart power et de smart diplomacy sont au cœur de la stratégie de l'administration actuelle et que ceux-ci véhiculent une nouvelle approche de la politique étrangère des États-Unis, définie par Robert Wright comme « réalisme progressiste ».
      The current political and media debate about the definition of ‘an Obama doctrine' in terms of foreign policy strategy seems to be focused on two main questions: is there really a new “grand strategy” defining US national interests and instruments of power (‘hard power', ‘soft power') in order to face the new global challenges and to reaffirm the place of America in the world? How ‘the Obama doctrine' has been applied to recent events such as the conflict in Libya where the US intervention was defined by President Obama as “humanitarian” and “limited”, or US special-forces military operation in Pakistan that resulted in the killing of Osama Bin Laden? Two opposing schools of thought can be distinguished in this debate – the school of the ‘hegemonists' that was very influential during the last days of the Cold war and then again after 9/11, which is represented here by Charles Krauthammer and his critique of Obama's foreign policy seen as “a leadership from behind” that, according to him, is inappropriate as a strategy for a true leader, and the school of ‘relativists' with its most prominent representative Joseph Nye, who introduced the idea of ‘relativization' of US power at the beginning of the 2000s provoked by the rise of emerging economies, especially China, and recommended a new foreign policy strategy based on ‘smart power', the intelligent combination of ‘hard power' and ‘soft power'. Following the approach of the ‘relativists', the goal of this article is to demonstrate that the concepts of ‘smart power' and ‘smart diplomacy' have been embraced by the current US administration and that these concepts have laid the basis for a new approach in US foreign policy that Robert Wright defined as “progressive realism”.
    • Obama, the EU and the Middle East - Sandra Pogodda p. 43-57 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les premiers mois de 2011 ont vu s'étendre des révolutions en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, dans des régions autrefois connues pour leur stagnation politique. Avec ces soulèvements défiant des régimes autoritaires dans tous les coins du monde arabe, les acteurs extérieurs disposant d'intérêts stratégiques et de sécurité vitaux dans la région eurent à adapter leurs stratégies de politique étrangère en quelques semaines. Cet article présente les hypothèses, normes et intérêts à l'origine des révisions des politiques des États-Unis et de l'Union européenne, ainsi que des grands États occidentaux cherchant traditionnellement à jouer un rôle dans la région. En outre, cet article examine la rupture des derniers rounds de négociations directes dans le processus de paix au Moyen-Orient, à la lumière des « documents Palestine » comme derniers développements susceptible d'affecter les politiques de Washington et Bruxelles dans la région. En se fondant sur ces deux cas, cet essai analyse l'impact des récentes interventions occidentales dans le monde arabe, et s'interroge sur la pertinence des politiques américaines et européennes face à aux dynamiques politiques d'une partie du monde stratégiquement importante.
      The early months of 2011 saw revolutions spreading in a region formerly known for its political stagnation: North Africa and the Middle East. With the uprisings challenging authoritarian regimes in every corner of the Arab world, external actors with vital security and strategic interests in the region had to adjust their foreign policies strategies within a few weeks. This paper elaborates the assumptions, norms and interests shaping the policy revisions of the US and the EU as the Western powers traditionally vying for influence in the region. Moreover, the paper examines the breakdown of the latest round of direct talks in the Middle East peace process in the light of the ‘Palestine Papers' as another recent development with the potential to affect Washington's and Brussels' policies in the region. Based on these two cases the essay analyses the impact of recent Western interventions in the Arab world and asks whether EU and US policies are still relevant to political dynamics in this strategically important part of the world.
    • The Great Recession and the American and European Economic Governance Challenges - Ferran Brunet p. 59-78 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'Amérique et l'Europe sont face à d'importants défis en matière de compétitivité et de solidarité. Le crash financier a conduit au secours de banques, entreprises et dettes souveraines, mais les économies sont embourbées dans la perspective d'une longue récession, et les gouvernements reportent ajustements et réformes structurelles.Dans cet article sont analysés les déficits jumeaux américains, les quadruples déficits européens ainsi que les politiques à ce sujet. Les déséquilibres globaux ont tourné en déséquilibres européens. Les déficits européens en emploi, en compétitivité et en gouvernance économique ont favorisé les déficits extérieur et public, et prolongent la récession et ses coûts. Dans une zone monétaire non optimale, comme celle de l'euro, la performance économique est en rapport à la capacité d'être compétitif. La compétitivité, ainsi que la productivité et la qualité de la régulation qui sont à sa base, apparaissent alors comme le principal défi. Il existe un fort besoin de stabilisation, de réformes et de plus d'Europe. Aux États-Unis, malgré une gouvernance économique bien moins complexe ou plus développée que celle de l'Union européenne, le doute est important sur la capacité de maintenir la relance et renouer avec la croissance sans d'importants rééquilibrages. Dès lors, sur les deux rives de l'Atlantique, toutes les conditions sont données pour une longue récession.
      America and Europe are faced with stiff challenges of competitiveness and solidarity. With the financial crash and the rescue of banks, industries and sovereign debt, governments are mired in the recession and its attendant gloomy perspectives, procrastinating over stabilization and structural reforms. This paper puts forth an analysis of the twin American deficits, the quadruple European deficits and the economic policies developed to address them. The global imbalances have turned into euroimbalances. The European employment deficit and the economic governance deficit are hobbling any means of addressing the other disequilibria, and are prolonging the recession and its costs. In a non optimal monetary area, the economic success or failure of an economy hinges on its ability to compete. Competitiveness, as well as productivity and the quality of regulation that supports it, appears to be the principal challenge. Clearly there is a huge need for stabilization, for reforms and for Europe. The United States, although it does not share the over-complexity of governance of its European counterparts, is still suffering from serious imbalances. Such conditions can only provoke a lengthy recession on both sides of the Atlantic.
    • Climate Change Issues in a Transatlantic Context - Alexander S. Gusev p. 79-91 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article s'intéresse au changement climatique dans le contexte du dialogue euro-américain. La politique américaine au niveau fédéral est encore moins ouverte au changement après l'échec des Démocrates aux élections de mi-mandat en novembre 2010. Ceci est dû au manque de consensus au sein de la communauté des affaires et au soutien décroissant de l'opinion publique. De l'autre côté, ce changement est nécessaire à l'Union européenne pour lui permettre de modifier l'approche des négociations sur le changement climatique qui doivent se tenir à Durban, en Afrique du Sud, en 2011. Ainsi, cet article étudie les différentes approches et perceptions des négociations euro-américaines sur le changement climatique. Le système lui-même est en train de se modifier. On voit en effet un changement de leadership dans la politique énergétique du niveau fédéral vers le niveau régional, des gouvernements nationaux vers les entités sous-étatiques et les industries. La communauté des affaires est plus préparée à progresser vers une politique énergétique propre qu'à suivre la politique gouvernementale. il en résulte un accroissement de l'importance des relations bilatérales entre États membres et États américains, organisations non gouvernementales et société civile, ainsi que de transformer un « soft power » en « smart power », en termes de relations climatiques.
      The article considers climate change issues in the context of EU-US dialogue. The USA policy on the federal level is even less open for any changes after the failure of Democrats in the midterm elections in November 2010. It is compounded by lack of consensus among business community and decreasing support of public. On the other hand, the EU needs to change the approach to the climate change negotiations which are to be held in Durban, South Africa in 2011. Thus, the article examines the difference in approaches and perceptions for the EU-US negotiations on climate change issues. The system itself is also changing. There is a leadership shift in energy policy coming from federal to regional level, from governments to states and industries. The business community is more prepared to move forward energy policy rather than follow government policy in this field. So, it results in the growing role of bilateral relations between Member States and US States, NGOs and civil society, as well as the necessity to transfer the ‘soft' power into ‘smart' power in terms of climate change policy.
  • Chronique