Contenu du sommaire : Les 90 ans de la République de Turquie

Revue L'Europe en formation Mir@bel
Numéro no 367, janvier 2013
Titre du numéro Les 90 ans de la République de Turquie
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Recherches

    • Introduction - Jean-Claude Vérez, Matthias Waechter p. 3-9 accès libre
    • Turkey's Historical Involvement in Middle Eastern Alliances: Saadabad Pact, Baghdad Pact, and Phantom Pact - Thomas Volk p. 11-30 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article sur l'implication historique de la Turquie dans les alliances au Moyen-Orient traite des relations turco-arabes et turco-islamiques depuis la proclamation de la République turque en 1923 jusqu'à la fin des années 1970. En démontrant les engagements régionaux de la Turquie au sein du pacte de Sa'dabad de 1937, du pacte de Bagdad de 1955, ainsi qu'au sein de l'Alliance périphérique de 1958, l'auteur fait valoir que la Turquie n'a jamais été aussi unilatéralement orientée vers l'Occident qu'il l'est admis dans la plus grande partie de la littérature. Suite à l'analyse des protocoles de l'assemblée nationale turque et d'une grande variété de littérature secondaire, cet article est en désaccord avec les annonces d'une orientation « néo-ottomane » de la politique étrangère de la Turquie depuis le début des années 2000. Au contraire, l'auteur soutient que depuis les années 1930, la Turquie, à côté de son affiliation occidentale, prend naturellement part aux affaires du Moyen-Orient. Dans le contexte du 90e anniversaire de la République, cet article souligne la position historique de la Turquie au Moyen-Orient entre realpolitik et idéologie.
      This article about “Turkey Historical Involvement in Middle Eastern Alliances” deals with Turkish-Arab as well as Turkish-Islamic relations since the proclamation of the Turkish Republic in 1923 until the late 1970s. While demonstrating Turkey regional engagements within the Saadabad Pact of 1937, the Baghdad Pact of 1955, as well as the 1958 Phantom Pact, the author argues that Turkey was never as unilaterally Western-oriented as is claimed in most of the literature. Having analyzed protocols of the Turkish National Assembly and a great variety of secondary literature this article disagrees with claims of a “neo-Ottoman” orientation in Turkey foreign policy since the early 2000s. Rather, the author asserts that Turkey—since the 1930s—is next to its Western-affiliation also a natural part of Middle Eastern affairs. In the year of its 90th anniversary, this article red-flags Turkey historical stance in the Middle East between realpolitik and ideology.
    • Towards More Democratic Civil-Military Relations in Turkey - Müge Aknur p. 31-50 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les relations entre civils et militaires en Turquie ont traversé récemment une période de transformation radicale. Le rôle dominant de l'armée turque dans la politique depuis 1960, par ses interventions directes et indirectes, ainsi qu'au travers de mécanismes institutionnels et non-institutionnels, a considérablement diminué. À partir du début des réformes liées à l'adhésion européenne visant à démocratiser les relations civiles-militaires, puis d'une série d'enquêtes baptisées Ergenekon et Balyoz, dans lesquelles des officiers militaires ont été accusés de planifier des interventions visant à renverser le gouvernement actuel, l'armée a perdu à la fois ses prérogatives en politique et sa crédibilité aux yeux de l'opinion publique. Bien que les relations entre civils et militaires semblent aller dans un sens plus démocratique, en soumettant fortement l'armée au contrôle civil, il semble cependant que les civils ne traitent pas les forces armées de façon juste dans les enquêtes en cours. Par conséquent, en dépit de tous ces changements positifs, il n'est pas clair que la Turquie s'oriente vraiment vers une gouvernance plus démocratique des relations entre civils et militaires.
      Turkish civil-military relations have been going through a drastic transformation recently. The dominant role of the Turkish Armed Forced in politics through direct and indirect interventions as well as institutional and noninstitutional mechanisms since 1960s has dramatically eroded. Starting with the initiation of the EU reforms that aimed at democratizing the civil-military relations and continuing with a series of investigations called Ergenekon and Balyoz in which military officers have been accused for planning interventions to overthrow the current government, the military has lost both its prerogatives in politics and credibility in the eyes of the public. Although the Turkish civil-military relations seems to be moving towards a more democratic direction as the military is becoming firmly subordinated to civilian control, however, it looks as the civilians are not treating the armed forces fairly through the ongoing investigations. Therefore, despite all these positive changes, it is not apparent whether Turkey is moving towards a more democratic governance of civil-military relations or not.
    • L'impact des partis religieux sur le processus de démocratisation en Turquie - Cemal Karakas p. 51-73 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En Turquie, les organisations ou partis dont les objectifs sont basés sur des concepts liés à l'islam sont interdits. Néanmoins, on observe depuis les années 1950 une montée des partis pro-islamiques et leur arrivée progressive au pouvoir. Cet article analyse la montée, les politiques des partis religieux et leur impact sur le processus de démocratisation du pays entre 1950 et 2012. Les conclusions sont doubles : les partis religieux au gouvernement ont, avec une intensité variable, œuvré en faveur de la démocratisation du pays. Dans ce contexte, la rigidité de la « Trinité kémaliste » - républicanisme, nationalisme et laïcité - a volontairement contribué à modérer l'idéologie de l'islam politique sur la durée. En parallèle, les dysfonctionnements du système politique kémaliste ont favorisé les postures de plus en plus autoritaires de ces partis, en particulier pour l'AKP. La transition vers une démocratie turque consolidée s'avère être inconsistante et finalement peu concluante.
      In Turkey, organisations and parties are banned whose goals are based on notions of an Islamist order. Nevertheless, since the 1950s a rise of pro-Islamic parties and their gradually coming to power can be observed. The article analyses the rise and politics of religious parties and their impact on the democratization process in Turkey between 1950 and 2012. The results are twofold : Pro-Islamic governing parties have, with diverging intensity, promoted the democratization of the country. In that context, the rigidity of the “Kemalist Trinity” of republicanism, nationalism, and secularism has intentionally contributed to an ideological moderation of political Islam over time. At the same time, the defective Kemalist political system has non-intentionally facilitated the increasingly authoritarian posture of those parties, especially in the case of the sole governing AKP. In sum, the transition of Turkey into a consolidated democracy has proved to be inconsistent and inconclusive.
    • The ?Mehter March' of Cultural Policy in Turkey - Ayça ?nce p. 75-92 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La politique culturelle fut un pilier important de la construction de la nation aux débuts de la République turque. Depuis que le Parti pour la justice et le développement (AKP) est arrivé au pouvoir en 2002, la Turquie a connu de nouveaux types de discours et de pratiques en matière de politique culturelle. La politique culturelle est devenue un sujet de conversation attrayant, mais son développement sur le terrain ressemble aux étapes d'une marche des Mehter, deux pas en avant et un pas en arrière.L'ouverture du processus d'adhésion à l'UE a légitimé l'AKP pour changer le système d'administration publique. Il a permis au gouvernement central de se retirer de son rôle d'investisseur et d'adopter plutôt le rôle de facilitateur. Par ailleurs, la nouvelle loi sur les administrations locales a apporté de la déconcentration plus que de la décentralisation et a rendu les institutions plus faibles par la mise en œuvre d'une nouvelle gestion publique.Cet article décrit l'état actuel de la politique culturelle en montrant les contradictions entre le discours et la pratique sous le gouvernement de l'AKP. Il traite également de cette transformation par opposition à l'élaboration de la politique culturelle turque dans le contexte des années quatre-vingt-dix.
      Cultural policy was an important pillar of nation-building in the early Republic. Since the Justice and Development Party (AKP) came to power in 2002, Turkey has witnessed a new set of discourses and practices in cultural policy. Cultural policy became an attractive topic of conversation, but its development on the ground resembles the steps of the Mehter march, two steps forward and one step back. The opening of the EU accession process legitimised the AKP to change the public administration system. It also enabled central government to draw back from its role of investor and take on the role of facilitator. The new local administrations law brought de-concentration rather than decentralisation and made institutions weaker via implementation of new public management. This article depicts the current status of cultural policy by showing the contradictions between discourse and practice under AKP government, and also discusses this transformation against the backdrop of 90 years of Turkish cultural policy-making.
    • La Turquie : une future puissance économique mondiale ? - Jean-Claude Vérez p. 93-107 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La Turquie est considérée comme une économie émergente. Membre des BRIC ou des MIST, elle compte en 2013 en tant que puissance économique classée dans les 20 premières puissances mondiales. Depuis l'avènement de la République, l'interventionnisme a laissé place à davantage de libéralisme. La crise de 2001 puis l'arrivée de l'AKP au pouvoir en 2002 ont modifié la structure productive du pays et les réformes engagées avant 2002 ont porté leurs fruits. La croissance économique retrouvée et régulière a permis de combler certains retards et de projeter la Turquie vers d'autres horizons, au moment où les négociations avec l'UE sont au point mort. Désormais, la Turquie veut intégrer le classement des 10 premières puissances à un horizon de moyen terme et devenir une puissance régionale. Ce n'est pas impossible mais ce n'est pas acquis non plus tant il reste des défis à surmonter.
      Turkey is considered to be a developing economy. As a member of BRIC or MIST, in 2013, it is one of the first 20 world economic powers. Since the advent of the Republic, interventionism has made place for more liberalism. The crisis of 2001 followed by the arrival of AKP to power in 2002 modified the production structure of the country and the reforms implemented before 2002 bore fruit. The renewed and stable economic growth allowed to compensate for the delays and to turn Turkey towards other horizons, as the negotiations with the EU are at a standstill. Henceforth, Turkey desires to be listed amongst the first 10 economical powers, over a medium-term period, and to become a regional power. This is possible but it will be difficult to achieve as long as there are challenges to be overcome.
    • The Geopolitics of Energy Cooperation between Turkey and the European Union - Tolga Demiryol p. 109-134 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article examine les perspectives et les défis pour établir une coopération énergétique globale entre la Turquie et l'UE. L'argument principal est que la politique énergétique est essentiellement conduite par l'intérêt national plutôt que par les intérêts communs, ce qui empêche la consolidation de la coopération régionale. Il existe trois mécanismes spécifiques par lesquels la prédominance des intérêts nationaux mine la coopération énergétique. Tout d'abord, la divergence des intérêts nationaux énergétiques des États membres rend difficile la mise en application d'une politique extérieure commune par l'UE. En second lieu, la Russie suit la stratégie de division (wedge strategy), qui combine des incitations sélectives avec des instruments coercitifs pour empêcher la formation d'un bloc d'énergie anti-russe unifié au sein de l'UE. Troisièmement, la dépendance de la Turquie en matière de gaz russe limite la marge de manœuvre d'Ankara dans la politique énergétique régionale. Bloquée entre l'UE et la Russie, la Turquie cherche fréquemment à jouer les uns contre les autres. Ce balancement constant mine la crédibilité de l'engagement de la Turquie dans la coopération en matière d'énergie.
      This article discusses the prospects and challenges of establishing a comprehensive energy cooperation between Turkey and the EU. The main argument is that energy politics is primarily driven by national rather than collective interests, which impedes the consolidation of regional cooperation. There are three primary mechanisms through which the prevalence of national interests undermines energy cooperation. First, the divergence of national energy interests of member states makes it difficult for the EU to implement a common external energy policy. Second, Russia follows a “wedge strategy,” which combines selective incentives with coercive instruments to prevent the formation of a unified anti-Russian energy bloc within the EU. Third, Turkey's dependency on Russian gas limits Ankara's room for maneuver in regional energy policy. Stuck between the EU and Russia, Turkey frequently seeks to play the two sides against each other. This balancing act undermines the credibility of Turkey's commitment to energy cooperation.
  • Tribunes

  • Chronique

  • Lectures

    • Lectures - Jean-Pierre Gouzy p. 195-199 accès libre