Contenu du sommaire : Services en réseaux, services sans réseaux dans les villes du sud
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Numéro | no 56-57, avril-septembre 2004 |
Titre du numéro | Services en réseaux, services sans réseaux dans les villes du sud |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier : Services en réseaux, services sans réseaux dans les villes du Sud
- Être branché ou pas : Les entre-deux des villes du Sud - Sylvy Jaglin p. 4-12
- Services d'eau et d'électricité au Cap, ou comment la sortie de l'apartheid fabrique des débranchés - Marie Plancq-Tournadre p. 13-26 L'article se propose de mettre en lumière, dans le cadre d'une étude portant sur la ville du Cap, les origines de la multiplication actuelle des « débranchements » pour cause d'impayés dans les villes sud-africaines. Les politiques publiques de la période post-apartheid ont été guidées par deux impératifs : celui de la réparation et celui de la normalisation du traitement des populations qui avaient été laissées pour compte par le gouvernement raciste. L'impératif de réparation s'est traduit pour les pauvres, par une politique massive d'accès à un logement branché celui de normalisation par l'obligation de paiement des factures de services. La conjonction de ces deux politiques se solde, du fait du coût de ces factures par rapport aux revenus des ménages pauvres, par la fabrication de débranchés. L'article insiste également sur l'hétérogénéité de la catégorie « débranchés », hétérogénéité qui tient en grande partie à l'utilisation de deux techniques de recouvrement des coûts : le compteur dit « classique » et le compteur à pré-paiement.
- Les « débranchés » des réseaux urbains d'eau et d'électricité à Buenos Aires : Opportunité commerciale ou risque pour les opérateurs ? - Sarah Botton p. 27-43 La privatisation de l'ensemble des services publics argentins au début des années 1990 est un cadre intéressant pour analyser les articulations entre les stratégies des nouveaux opérateurs privés et les besoins sociaux en matière de services urbains. Dans les secteurs de l'eau et de l'électricité en particulier, les phénomènes de « débranchement » d'un nombre important de quartiers défavorisés de l'agglomération de Buenos Aires ont largement orienté les pratiques des entreprises et les ont amenées à redéfinir progressivement les missions qui leur avaient été initialement assignées dans les contrats de concession. De plus, la crise que traverse le pays depuis décembre 2001 et la renégociation des contrats suite à la dévaluation du peso viennent accentuer les préoccupations des opérateurs privés de maintenir une activité rentable tout en garantissant à tous l'accès à un service de qualité, dans un contexte de massification de la pauvreté. Cet article propose une lecture de la construction progressive des stratégies des opérateurs pour les « quartiers débranchés » de l'agglomération, stratégies guidées par des logiques sectorielles très contrastées et par un contexte politique de net retrait des autorités publiques dans ce domaine.
- Pratiques quotidiennes des communautés populaires mal branchées aux réseaux d'eau et d'assainissement dans les métropoles brésiliennes : les cas de Rio de Janeiro et Salvador - Mauro Kleiman p. 44-56 Une des marques importantes du processus d'urbanisation brésilien est l'inégalité socio-spatiale dans l'accès aux services de base d'eau et d'assainissement. Ces réseaux construits selon les techniques les plus modernes desservent largement les zones de haut standing, mais sont absents ou très précaires dans les quartiers pauvres. En se fondant sur une analyse qualitative à base d'observations de terrain et d'entretiens, il s'agit d'identifier les pratiques quotidiennes mises en ?uvre par les communautés populaires pour faire face à cette situation, et de mesurer les impacts de programmes gouvernementaux mis en place à partir de 1995 pour y remédier. En l'absence de services en réseaux de base, les habitants élaborent eux-mêmes, au quotidien, des pratiques individuelles et/ou collectives pour tâcher de résoudre la question de l'accès aux services. Se sont ainsi développées diverses formes de collecte de l'eau, ainsi que la pratique du branchement clandestin au réseau officiel. La sensibilisation à la nature collective de l'eau et la nécessité d'évacuer les eaux usées ont également conduit à l'auto-construction de réseaux d'assainissement alternatifs. D'autre part, les réseaux officiels d'eau et d'assainissement nouvellement installés dans ces quartiers populaires reposent sur des normes techniques ? surdimensionnement et sophistication ? identiques à celles des infrastructures des secteurs de haut standing. Elles signifient l'introduction d'une autre culture, que les habitants ne se sont pas appropriée et qui entre en conflit avec la culture locale, rendant difficile le passage des pratiques anciennes aux nouvelles. Cependant, ces réseaux ? lorsque leur construction est achevée ? modifient profondément la vie quotidienne en renforçant l'intimité des ménages et en libérant du temps pour d'autres activités que la collecte ou l'évacuation de l'eau. Surtout, ils ouvrent la possibilité de s'intégrer à la ville officielle et légale.
- Branchements collectifs et pratiques sociales à Metro Cebu, Philippines : des services d'eau en quête de légitimation - Véronique Verdeil p. 57-70 Les branchements collectifs sont rarement pris en compte dans la mesure du taux de desserte, focalisé sur le seul service domiciliaire d'approvisionnement en eau. Dans l'agglomération de Metro Cebu (Philippines), ils constituent pourtant une alternative majeure pour la population qui n'est pas raccordée directement au réseau. L'entreprise d'eau locale y développe timidement des bornes-fontaines subventionnées, gérées par des associations d'usagers et ferme les yeux sur la revente au détail, théoriquement illicite, effectuée par des abonnés privés, tout en contestant la légitimité de tels services. Celle-ci leur est accordée par les usagers : ces offres, quand elles sont spatialement accessibles, contribuent à la formation de demandes originales, en particulier parce qu'elles représentent un accès facilité à l'eau potable du réseau qu'il est possible de combiner à d'autres modes d'approvisionnement pour les usages non potables. L'analyse montre comment revendeurs, associations et usagers tirent parti de cette situation en reconstruisant des règles de fonctionnement fondées sur les réseaux sociaux, où la logique économique est en permanence débordée par la socialisation des pratiques de l'eau au sein du voisinage. Ces formes d'appropriation des branchements collectifs, à travers lesquelles se mélangent branchements privés des revendeurs et branchements publics des bornes-fontaines, servent un processus d'adaptation aux carences publiques et aux inégalités urbaines. À moyen terme, cette acceptation par les usagers d'une situation de fait se saurait cependant suffire à constituer une véritable politique sociale de l'accès à l'eau.
- Desserte collective des quartiers pauvres en Zambie, un long apprentissage - Anne Bousquet p. 71-86 Ne pas être branché aujourd'hui en Zambie signifie, en termes d'approvisionnement en eau, avoir recours à des sources alternatives et exposer ainsi sa santé à nombre de maladies hydriques, dont le choléra, qui fait toujours des victimes dans les quartiers les plus pauvres des villes zambiennes. La situation actuelle résulte de plusieurs décennies d'actions non coordonnées des principaux acteurs du secteur de l'eau : ministères, autorités locales, régies puis entreprises d'eau, ONG, groupes de résidants, bailleurs? Après le constat d'échec de la desserte publique et gratuite, les acteurs du secteur de l'eau zambien, institutionnels et non institutionnels, ont tenté de résoudre la question de l'approvisionnement en eau des quartiers périurbains, selon diverses modalités, collectives et payantes, expérimentées par chacun. Les expériences et autres projets pilotes menés ont montré la difficulté de mise en ?uvre de solutions équitables et pérennes. De ce large panel d'expériences, le tout nouveau régulateur (NWASCO) a essayé de retenir les leçons en proposant une harmonisation des dispositifs techniques et gestionnaires. Il apporte également des outils nouveaux, comme l'établissement d'associations d'usagers. Ainsi, le statut des « non-branchés » s'est vu considérablement amélioré par les expériences successives et leur inscription dans les nouveaux textes officiels émanant des autorités publiques et du régulateur. Alors qu'ils n'avaient pas droit à la parole, du fait de leur statut d'occupation des sols, on leur reconnaît désormais collectivement le droit à être desservis, en les incluant dans les périmètres de desserte des nouvelles entreprises de l'eau et ils font entendre progressivement leur voix. Mais, malgré ces nouvelles dispositions, tout semble indiquer que la route est encore longue pour que le « statut » de non-branché, en Zambie, soit synonyme d'accès pérenne et satisfaisant à l'eau potable.
- Le recouvrement en Afrique, les logiques sociales oubliées - Alain Henry p. 87-95
- Avec ou sans réseau, des services publics essentiels pour les populations les plus démunies : Le point de vue d'un bureau d'études français - Antoine Malafosse p. 96-105
Le sens de l'événement
- Pourquoi le fret ferroviaire va-t-il si mal en France ? : Autour du plan Véron (Fret 2006) - Pierre Zembri p. 106-111
Portrait d'entreprise
- Le secteur électrique aux États-Unis - Christophe Defeuilley p. 112-126
Histoire de courbe
- Le réseau de points de vente de la presse en France - Jian Zhuo p. 127-133
Repères bibliographiques
- Notes de lecture - p. 134-142
- À signaler - p. 143-146
- Revue des revues - p. 147-149