Contenu du sommaire : Les références des géographes
Revue | Géocarrefour |
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Numéro | volume 78, no 1, 2003 |
Titre du numéro | Les références des géographes |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Sur une expérience : les références des géographes - François Durand-Dastès p. 1
- Analyse spatiale et materialisme : introspection - Franck Auriac p. 2 On indique les étapes qui ont conduit à l'adoption d'une positions scientifique associant plusieurs courants théoriques. Successivement : les contextes des choix fondamentaux, liés à un certain type de formation ; la place des rapports entre la pratique et les options théoriques ; la prise de contact avec les outillages nouveaux, et la part faite à des attitudes positivistes ; l'adoption de la perspective systémique, la place faite à la dialectique et à l'interaction. Pour finir, on insiste sur la place importante donnée à l'économique, et au désir de légitimer l'entrée par l'espace dans l'étude des rapports entre espaces et sociétés.
- Raisons et saisons de géographe - Roger Brunet p. 3 On décrit le cheminement qui a conduit à "une approche scientifique de la géographie appuyée sur des innovations de sciences connexes et nourrie par une formation laïque et républicaine, enrichie d'une culture marxiste". Après des réflexions sur ce qui a amené au choix de la géographie comme discipline, on passe en revue l'acquisition d'une suite de "stocks" intellectuels, connaissances et conceptions : le fond laïque, la géographie physique, le marxisme et ses fondements dialectiques et systémiques, contacts avec l'organisation de la recherche dans d'autres sciences sociales, contacts avec le monde politique dans le cadre de l'aménagement. On passe ensuite à des considérations plus générales sur des notions comme le rôle de la théorie critique, des lois et des universaux, l'interdisciplinarité. On envisage aussi quelques "antiréférences".
- Gé(o)nération, géo-narration - Christian Grataloup p. 4 On a choisi délibérément de mettre de côté les références internes à la géographie, dans la présentation d'une "archéologie d'un savoir" personnel. Le retour sur le choix de la géographie est l'occasion d'une réflexion sur les rapports à l'histoire et aux autres sciences sociales. On s'interroge aussi sur les liens entre la curiosité pour ces disciplines et l'intérêt pour l'espace mondial comme objet géographique. Les rapports et les références sont ensuite précisés, à propos de l'histoire, de l'anthropologie, des synthèses transversales de certains grands auteurs. On fait état de l'intérêt porté aux "grandes fresques", malgré leurs dangers. Dans tout le cheminement décrit, on relève le poids d'un "effet générationnel", d'une expérience qui a incité à la fois à garder des distances vis à vis des grandes grilles de lecture, mais sans les rejeter complètement.
- Une approche de la complexité en géographie - Denise Pumain p. 5 Pour construire une théorie géographique du changement qui ne se limite pas à la simple spatialisation d'une théorie de l'histoire ou des transformations sociales, on propose de formaliser les observations de l'évolution des systèmes spatiaux à l'aide des concepts et des méthodes élaborés par les sciences de la complexité. Au cours des trente dernières années, des avancées des théories physiques de l'auto-organisation, des théories de l'évolution du vivant ou des systèmes cognitifs adaptatifs ont renouvelé notre conception de la dynamique des systèmes, en interrogeant notamment les conditions d'émergence de la nouveauté. La géographie pourrait ainsi proposer une interprétation de la formation et de l'évolution d'entités localisées qui, à côté d'autres réseaux intermédiaires comme les groupes ou les institutions, structurent les interrelations entre les individus et le monde.
- Géographie et aire culturelle : témoignage et perspective - Cynthia Ghorra-Gobin p. 6 Evoquer en tant que géographe son travail de recherche en mettant en évidence les choix épistémologiques et méthodologiques est loin d'être aisé quand de surcroit on s'inscrit dans une aire culturelle. Expliquer la manière de "faire société" aux Etats-Unis à partir de l'objet "ville" exige de prendre en compte le paradigme des américanistes et de reconnaître que la ville n'est pas non plus un objet exclusivement abordé par la géographie. Tout en reconstituant la démarche de géographe et d'américaniste ancrée sur Los Angeles, l'article met en évidence les références et les emprunts faits à d'autres disciplines afin de valider l'hypothèse d'une conception américaine de la ville. La conclusion suggère un regard comparatiste entre aires culturelles pour expliquer métropolisation et mondialisation.
- Le marxisme en arrière-plan - Paul Claval p. 7 L'article commence par une évocation historique des rapports de l'auteur avec le marxisme. La rencontre pendant la deuxième guerre mondiale, avec le prestige de l'URSS, puis l'incontour-nable fréquentation du marxisme dans l'après-guerre, alors qu'il est devenu une référence majeure pour une grande partie des intellectuels français. La prise de distance commence cependant assez vite, avec la critique des pratiques de l'URSS et des Partis Communistes, mais aussi avec la prise de conscience des insuffisances du marxisme pour la compré-hension de l'économie. Ces insuffisances intellectuelles sont développées dans une deuxième partie, qui traite successivement de la notion de classe sociale, de la place faite à l'espace, limitée chez Marx, moins chez certains marxistes, du poids de la confusion entre sciences sociales et idéologie. A chaque étape, l'auteur évoque les solutions différentes qu'il a été amené à proposer.
- Références marxistes, empreintes marxiennes, géographie française - Joël Pailhé p. 8 Les références au marxisme sont apparues assez tard de manière explicite dans la géographie française, et affirmées peu fréquemment par des auteurs. Si certains thèmes ont semblé privilégiés, comme l'attention portée sur les questions de géographie sociale ou les questions épistémologiques, ils n'ont jamais été une exclusivité de la part de chercheurs se réclamant du marxisme. Plus que des références, il conviendrait de considérer le rapport aux catégories du marxisme en termes d'empreintes, qui se retrouvent de manière discontinue dans de nombreux travaux, et dans les orientations sur le primat du social sur le culturel, sans son élimination, jusque dans des aspects inattendus, notamment dans certains débats contemporains sur l'aléatoire ou le chaos.
- Les géographes au risque de la complexité - Henri Chamussy p. 9 Le statut du réel est au c?ur de la philosophie des sciences ; les géographes, pourtant particulièrement concernés, ne s'en sont souvent guère préoccupé. Le positivisme plus ou moins affiché auquel ils adhéraient facilitait, s'il ne l'excusait pas, cette indifférence. L'entrée dans le paradigme de la complexité les mets au pied du mur : il ne peut plus y avoir de bonne science ? donc de bonne géographie ? sans une réflexion en profondeur sur l'idée que le scientifique se fait du réel.
- Contribution à une réflexion géographique sur les représentations et l'espace - Muriel Rosemberg p. 10 Une réflexion géographique sur le rôle des représentations dans la production de l'espace n'est pas contradictoire aux fondements positivistes de la géographie théorique, contrairement à ce que suggère la "géographie culturelle", qui tend à s'approprier ce champ de recherches sous le signe d'un postmodernisme implicite. On se propose de montrer que le paradigme culturel repose sur des implicites qui conduisent à nier la spécificité du regard géographique et l'enjeu du savoir géographique.
- Références scientifiques et préférences littéraires. Pour un déchiffrement brunetien - Isabelle Lefort p. 11 Conçu et rédigé sur le principe d'une certaine mimesis, cet article a pour objectif d'identifier les caractéristiques démonstratives, argumentatives et rhétoriques de l'auteur du Déchiffrement du monde. La tension entre références scientifiques souvent allusives et références littéraires explicites sert de base à la problématique. Par le biais d'une analyse stylistique l'auteur cerne les fonctions des tropes les plus usités (métaphore, analogie). Les formes rhétoriques sont abordées dans cet article comme une clef de lecture possible de la tentative brunétienne de fonder une géographie légitimée par les lois et nourrie du sensible et des représentations, à l'articulation du structuralisme et de l'herméneutique. Comme si la facture litttéraire, l'ironie constante, les changements de registre également, permettaient simultanément à Roger Brunet de dire un projet et d'exprimer, implicitement, les conditions de sa fabrication.
Débat
Comptes rendus de lecture
- SIVIGNON M., AURIAC F., DESLONDES O., MALOUTAS T. (éds.), 2003, Atlas de la Grèce : Paris, CNRS et La Documentation française, 2003, (Coll. Dynamiques du territoire), 190 p., 281 cartes, 59 graph., 29 tabl. - Pierre-Yves Péchoux p. 13
- MONNIER G., 2000, L'architecture moderne en France, t.3, De la croissance à la compétition. 1967-1999 : Paris, Picard, 310 p. - François Tomas p. 14
- CHARVET J.-P., SIVIGNON M. (dir.), 2002, Géographie humaine : questions et enjeux du monde contemporain : Paris, Armand Colin, 347 p., 64 fig. - Jacques Bethemont p. 15
- CARROUE L., CLAVAL P., DI MEO G., MIOSSEC A., RENARD J.-P., SIMON L., VEYRET Y., VIGNEAU J.-P., 2002, Limites et discontinuités en Géographie : Paris, SEDES Dossiers des Images Economiques du Monde, 159 p. - Brigitte Prost p. 16