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À partir des réflexions fondatrices de Simmel sur la fin du conflit, cette contribution explore l'articulation, au lendemain d'une guerre civile marquée par des massacres de masse, entre l'objectif de réconciliation et les processus de négociation ou de médiation post-conflit. Trois modèles d'articulation sont identifiés. De ce point de vue est ensuite analysé un processus de facilitation post-conflit inspiré des travaux de Burton et animé par les auteurs et leur équipe depuis 2003 au Burundi puis en R. D. Congo. Trois principes inhérents à ce dispositif semblent vecteurs de réconciliation. Enfin, une grille comportant huit niveaux d'analyse est proposée pour analyser l'impact, en termes de réconciliation, de ce processus ? lequel est susceptible de transposition sur d'autres théâtres post-conflits.

L'article s'interroge sur la portée et les limites d'une « justice négociée » dans le cadre du Rwanda. La mise en place des juridictions gacaca pour faire face à l'extraordinaire défi de la justice après le génocide de 1994 se base sur une pratique ancestrale qui fait appel aux sages d'une colline pour régler un litige. La réflexion est structurée autour de trois parties. La première décrit les ambitions des juridictions gacaca. La deuxième partie analyse deux notions clefs relatives à cette procédure : l'aveu et le pardon. La troisième et dernière partie souligne les écueils aujourd'hui dénoncés par nombre de Rwandais. Cette étude de cas permet d'éclairer sous un angle précis l'articulation des notions de négociation et de réconciliation au lendemain de violences extrêmes. Est-il opportun d'appeler à la réconciliation quatorze ans après le génocide ? Quelle place accorder à la négociation dans une société en état de choc ?

Malgré un processus de paix relativement efficient aux niveaux institutionnel et politique, les interfaces urbaines en Irlande du Nord, entre quartiers protestants et catholiques, demeurent le théâtre de nombreuses violences, physiques et symboliques. Seuls lieux potentiels de rencontre de membres de « l'autre » communauté pour beaucoup de Nord-Irlandais, ces interfaces offrent de multiples opportunités de conflits tout autant qu'elles constituent l'un des seuls lieux possibles de négociations ayant pour but ultime d'instaurer une véritable réconciliation dans la province. Cet article réfléchit aux articulations entre les négociations mises en ?uvre aux interfaces et les discussions menées à l'échelle de la province, et s'interroge sur les difficultés spécifiques liées à la négociation au niveau local.

Par son enthousiasme et son élégance, Mandela a tracé le sillon d'une réconciliation chaleureuse et généreuse qui a séduit la population sud-africaine. Les membres des différentes communautés cherchent à en définir les règles afin d'exiger le maximum de concessions de la partie adverse. Fondé sur un corpus d'entretiens menés auprès de militants et de cadres de l'ANC ainsi qu'auprès de militaires et de policiers ayant servi sous l'apartheid, ce travail se penche sur le processus de négociation symbolique par lequel les individus participent à reconstruire les rapports au sein de la sphère publique et à énoncer les modalités d'application du nouveau pacte social. En cherchant à préserver la cohérence de leur trajectoire, l'estime d'eux-mêmes et à acquérir une place valorisante dans la société démocratique, les anciens protagonistes du conflit butent sur le sens à donner au passé et sur la question de la mise en ?uvre de l'égalité.

La libération de Nelson Mandela se signala surtout par son caractère pacifique, alors même qu'on avait largement prédit un bain de sang dans tout le pays et que le régime d'apartheid était marqué par des tensions de plus en plus importantes. Quatre ans après cette libération, à la suite d'une série de négociations conduites par Mandela et F.W. De Klerk, l'Afrique du Sud organisa, avec succès et pacifiquement, sa première élection démocratique. Comment ce miracle de la négociation a-t-il pu advenir ? Comment ces deux hommes si différents, ennemis implacables pendant des décennies, sont-ils parvenus à interrompre le cycle de la violence et trouver une solution négociée ? Cet article mobilise un jeu fréquemment utilisé dans les cours de médiation et de négociation afin d'analyser la dynamique de cette négociation historique. Sur la base d'interviews non publiés et de textes historiques et biographiques, il cherche à identifier les événements qui ont marqué un tournant dans la négociation sud-africaine et à tirer les enseignements de cette expérience pour d'autres situations de conflits, politiques ou autres.

Cet article propose de jeter un regard sur le processus de négociation d'une loi, en particulier, celle de la réforme du régime de régulation des rapports collectifs du travail au Québec (Code du travail) en 2001. L'étude de cette négociation appelle à remettre en question les frontières entre la négociation inter et intra-organisationnelle notamment en s'attachant à l'approche cognitive des politiques publiques. Initié dans un contexte de confrontation entre deux univers cognitifs, le débat sur la réforme du Code s'est rapidement transposé au sein de l'État. Ainsi, la négociation intra-étatique a fini par intégrer les diverses manifestations des divisions patronales-syndicales sur l'enjeu de la réforme. Dans un tel contexte, où les contraintes se multiplient, les ministres et fonctionnaires responsables du dossier sont parvenus à négocier la réforme du Code en redéfinissant les frontières de « l'organisation » et en développant un compromis qui prend appui sur les matrices cognitives entourant la négociation de cette loi.