Contenu du sommaire : Applications de l'économie normative
Revue | Revue d'économie politique |
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Numéro | volume 117, janvier-février 2007 |
Titre du numéro | Applications de l'économie normative |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Applications de l'économie normative - Marc Fleurbaey p. 1-5
- Fair allocation of production externalities : recent results - Hervé Moulin, Yves Sprumont p. 7-36 Nous passons en revue les résultats récents de la théorie axiomatique du partage des coûts. Une méthode de partage répartit le coût total d'un service entre ses utilisateurs en fonction du profil de leurs consommations et de la fonction de coût. En général, le coût total dépend de façon asymétrique des consommations individuelles. Nous discutons deux interprétations normatives radicalement différentes de ces asymétries. Selon la théorie de la pleine responsabilité, chaque utilisateur est responsable du coût qui découle indiscutablement de sa propre consommation; les parts de coût doivent alors refléter les asymétries de la fonction de coût. Selon la théorie de la responsabilité partielle, seules les différences dans le niveau de consommation peuvent justifier des parts de coût différentes. Nous formulons des exigences d'équité et de stabilité stratégique au moyen d'axiomes d'invariance et de monotonie. Nous examinons la compatibilité logique de ces axiomes dans les deux théories ci-dessus. Dans l'approche de la pleine responsabilité, ils nous permettent de caractériser les trois méthodes le plus souvent discutées dans la littérature: celle de Shapley et Shubik, celle d'Aumann et Shapley, et la méthode sérielle classique. Dans le contexte de la responsabilité partielle, ils conduisent à des méthodes naturelles, de type proportionnel, et à une variante de la méthode sérielle.
- Social orderings and the evaluation of public policy - François Maniquet p. 37-60 Une nouvelle méthode d'évaluation des politiques publiques a été proposée récemment. Elle requiert que soient construits des ordres complets des allocations des ressources, basés sur des critères d'efficacité, de justice distributive et d'invariance par rapport à des modifications de variables irrelevantes. Ensuite, on déduit la politique publique appropriée en maximisant un tel classement sous les contraintes imposées par l'asymétrie d'information ou d'autres contraintes institutionnelles. L'article propose une illustration de cette nouvelle approche dans le cas de la production et du partage des coûts d'un bien public et le cas du système de taxation des revenus du travail.
- Macrojustice : distribution, impôts et transferts optimaux - Serge-Christophe Kolm p. 61-89 Le système d'impôts et de transferts distributifs actuel engendre des gaspillages économiques considérables et est contradictoire. Pour l'optimiser, l'opinion générale demande d'évaluer la distribution globale (macrojustice) non pas selon des critères de bien-être, mais d'après des principes de liberté, d'égalité, et d'efficacité sociale. Il en résulte un système d'impôts et de transferts très simple, riche de sens moraux variés et importants, et facilement réalisable par des réformes simples et classiques.
- Inégalité de milieu d'origine et destin salarial en France,1977-1993 - Arnaud Lefranc, Nicolas Pistolesi, Alain Trannoy p. 91-117 Etudier l'inégalité des chances consiste à étudier des distributions concernant les résultats d'une génération conditionnellement à des caractéristiques du milieu familial. Nous étudions l'évolution de l'inégalité des chances entre 1977 et 1993 dans l'obtention du revenu salarial en fonction du rang ou du niveau de revenu du père à l'aide de l'enquête FQP. En faisant appel à des instruments de dominance stochastique, on montre que l'inégalité des chances est restée stable quand on conditionne par rapport au niveau du revenu du père mais qu'elle a diminué lorsque l'on conditionne par rapport au rang du père. On propose ensuite un indice d'inégalité des chances basé sur l'écart logarithmique moyen et une méthode originale de décomposition de l'évolution de cet indice qui s'appuie sur des régressions intergénérationnelles de revenu. Il est alors montré que le premier résultat s'explique par la constance de la valeur estimée de l'élasticité intergénérationnelle de revenu, tandis que le second résultat provient de la baisse de l'inégalité des salaires dans la génération précédente. En d'autres termes, l'égalisation partielle des revenus au sein de la génération des descendants, entre les deux dates, provient uniquement de l'égalisation des revenus au sein du groupe des pères, entre ces deux dates, et non pas d'un plus faible déterminisme social.
- Will democracy implement long-run equality of opportunity when tax policy is simple ? - John E. Roemer p. 119-133 Nous modélisons un processus politique dynamique dans lequel, à chaque date, deux partis se forment de façon endogène et entrent en compétition sur l'espace unidimensionnel des taux de taxe. Le revenu disponible des ménages finance leur consommation et l'éducation des enfants. En l'absence de redistribution, l'inégalité de capital humain dans les différentes dynasties persiste indéfiniment. Nous examinons si la compétition électorale peut éliminer cette inégalité à long terme, à travers le financement de l'éducation qu'elle engendre. La réponse dépend de certains aspects du jeu politique et du degré d'asymétrie de la distribution initiale du capital humain. En un mot, la démocratie ne va pas nécessairement éliminer l'inégalité des chances à long terme.
- Violent crime, gender inequalities and well-being : models based on a survey of individual capabilities and crime rates for England and Wales - Paul Anand, Cristina Santos p. 135-160 A l'aide d'une enquête sur les capabilités individuelles couvrant diverses dimensions de vie, l'article étudie les inégalités de sexe en ce qui concerne les causes, l'expérience et les conséquences des aggressions violentes. En mesurant non seulement la violence vécue, mais aussi les sentiments de peur et de vulnérabilité aux aggressions futures, nous essayons de montrer comment ces deux types de variables interagissent et affectent le bien-être. Les caractéristiques socio-démographiques, économiques, de personnalité et d'environnement sont prises en compte. Les principaux résultats empiriques sont les suivants: l'identification d'un groupe spécialement vulnérable en utilisant les données concernant les hommes et les femmes séparément; des inégalités entre sexes relatives à la propensité à subir différentes formes de violence; des inégalités entre sexes relatives à l'impact de factors importants comme le nombre d'enfants à charge, le statut d'emploi, le revenu (de ménage et personnel) et l'éducation, sur la probabilité de subir des violences; un lien fort entre la violence domestique subie et la vulnérabilité à la violence domestique future, pour les femmes; et un impact négatif très net de la vulnérabilité ressentie sur le bien-être.