Contenu du sommaire : Innovation et développement régional

Nous proposons une recension de la littérature qui étudie la nature des liens entre innovation, externalités technologiques au sens d'externalités de connaissances, localisation et économies d'agglomération. Au-delà des liens théoriques déjà bien établis entre les deux champs disciplinaires de l'économie de l'innovation et de l'économie spatiale, ce qui nous intéresse particulièrement, c'est de repérer les méthodes et les indicateurs des analyses empiriques qui permettent de croiser ces deux champs. Nous montrons que ces deux logiques sont complémentaires et que leur croisement permet d'affiner l'explication des mécanismes par lesquels les échanges d'information et de connaissances jouent dans la formation des économies d'agglomération. Notamment, nous pouvons introduire de nouvelles variables comme les différences sectorielles, les profils technologiques des firmes, leurs relations au sein de réseaux et les caractéristiques concurrentielles.

Aujourd'hui, l'étude du cheminement des flux de connaissances devient de plus en plus importante pour faire apparaître les modes de fonctionnement de la production scientifique et, notamment, pour faire apparaître l'existence ou non d'une limite géographique à la diffusion des externalités technologiques. Cet article présente une étude empirique sur le cas français consistant à retracer la densité des liaisons scientifiques entre départements par le biais d'une méthode originale de structuration que nous avons développée et appliquée à des données de co-publications, puis à confronter la structure scientifique obtenue à la structure géographique des départements.

L'article a pour objet de proposer une évaluation du lien entre connaissance et proximité géographique dans la coordination des activités de R&D des firmes. Cette évaluation est basée sur le traitement statistique de 614 questionnaires obtenus à partir d'une enquête réalisée auprès de 3740 établissements effectuant de la R&D en France2. Le rôle de la proximité géographique est abordé à partir de la définition d'interfaces critiques en recherche ainsi que par le recours à la notion de complexité de la base de connaissances mobilisées. Les résultats obtenus montrent que ce cadre d'analyse peut être considéré comme pertinent pour le repérage des dynamiques spatiales de la R&D industrielle. De plus, la variété des configurations sectorielles observées montre que la proximité ne constitue pas un support général et incontournable de la coordination des activités de R&D des firmes.

Dans cet article, nous présentons les résultats d'une enquête française, COMPETE, qui couvre un échantillon représentatif de 600 PME. Nous montrons que : (i) les PME qui complètent leurs connaissances et ressources internes avec des connaissances externes variées ont une plus grande propension à innover (les connaissances externes venant au moins compléter leur R&D interne) ; (ii) l'adoption de formes organisationnelles interactives est positivement liée à l'innovation technologique (de type produit) ; (iii) les firmes doivent « activer » et associer des proximités pour échanger et combiner des connaissances.Finalement, nous soulignons que la proximité géographique entre des sources variées de connaissances, associées à d'autres proximités (organisationnelle essentiellement), favorisent des interactions répétées et, par là, la combinaison de connaissances variées et localisées. En conclusion, et sur la base de ces résultats, nous mettons en avant l'importance du territoire dans ce processus.

À travers cet article, nous analysons le processus de structuration du territoire par le jeu des stratégies d'acteurs privés et publics au sein de la micro-électronique en pays d'Aix. Nous présentons les résultats d'une enquête que nous avons réalisée auprès d'établissements industriels des Bouches-du-Rhône permettant de questionner les facteurs d'ancrage territorial. À cette enquête ponctuelle est ajouté tout un ensemble de données qualitatives afin de mieux saisir le sentier d'évolution du milieu et les voies de renforcement des liens entre les acteurs par l'intermédiaire d'organismes de promotion du développement local. L'article conclut en soulignant la fragilité actuelle de l'ancrage territorial qui doit être relativisée par les récentes initiatives privées couplées à celles des collectivités territoriales.

Après une longue période de gestation, le tissu microélectronique de l'Aire Métropolitaine Marseillaise semble avoir enfin atteint une masse critique et une dynamique d'investissements susceptibles d'en assurer la pérennité. Cet article tente d'apporter un éclairage à une telle hypothèse en revenant sur la nature du processus qui a conduit à la situation actuelle. Il propose une analyse des modalités de coordination locale des acteurs, insérées dans le fonctionnement global de l'industrie et des marchés. Cette analyse doit alors permettre de comprendre comment ces coordinations locales constituent ou non des ferments d'ancrage territorial.

L'évaluation réalisée pour l'Union Européenne de 25 projets de développement utilisant les Technologies d'Information et de Communication (TIC), permet de tirer certaines leçons sur leur contribution au développement rural. Elle interroge en particulier sur la place que les TIC occupent dans les dynamiques territoriales. Pour cela, il est apparu nécessaire de préciser la problématique qu'ouvrent les TIC en matière spatiale, s'écartant des analyses contradictoires qui ont pu être menées sur leur rôle structurant. Sur la base des projets évalués, est mise en évidence l'importance du contexte économique, social et culturel dans lequel se situe l'introduction de la technologie. Nous précisons tout d'abord les conditions dans lesquelles se sont déroulés les projets, pour situer la place des TIC au regard de l'ensemble des autres critères qui interviennent dans leur mise en œuvre. Nous montrons ensuite l'importance de l'implication sociale dans le projet, la centralité de la technologie étant variable selon les projets. Enfin nous envisageons les formes de développement impulsées fonction des modes d'introduction des TIC.