Contenu du sommaire : Politique étrangère et société civile

Cet article analyse l'impact des lois antisémites promulguées par Benito Mussolini en 1938 sur les relations interethniques entre les immigrés juifs et italiens aux États-Unis. Contrairement à l'opinion généralement admise, il démontre que, à de rares exceptions près, nombreux furent les Italo-Américains qui soutinrent les lois raciales fascistes. Les rivalités socioéconomiques opposant dès les années vingt les immigrés juifs et italiens aux États-Unis jouèrent un rôle non négligeable dans le développement de l'antisémitisme au sein de la communauté italo-américaine. Ainsi, les italo-américains embrassèrent la politique raciale du gouvernement italien et unirent même leur voix à celle des chantres de l'antisémitisme américain.

Bien que les Américains se considèrent a priori comme un peuple pacifique, la récurrence de leur engagement dans des conflits armés n'a cessé, tout au long de leur histoire, de les surprendre. Cette attitude reflète les circonstances de la vie politique américaine mais surtout le constat paradoxal que les États-Unis sont un empire d'anti-impérialistes. Si les sentiments des Américains recommandent la paix, la définition générale de leurs intérêts dicte la guerre.

Régi par la loi Smith-Mundt de 1948 sur les échanges culturels américains à l'étranger, le Foreign Leader Program a permis aux services culturels des ambassades américaines à partir de 1950 d'organiser pour les élites étrangères des séjours aux États-Unis sous l'égide du département d'État. Bien que le programme fût envisagé à l'échelle mondiale, l'Europe occidentale, et notamment la France, en furent les principaux bénéficiaires, les objectifs ouvertement politiques du programme visant à promouvoir l'Alliance atlantique et le leadership des États-Unis en Occident. Le FLP connut un grand succès surtout dans les milieux journalistique et universitaire où, associé au programme Fulbright, il contribua à la mise en place des Etudes américaines dans l'enseignement supérieur français.

Tandis que les États-Unis se préparent à la March on Washington pour les droits civiques, la communauté américaine à Paris organise un défilé similaire, parmi d'autres manifestations solidaires de par le monde. Les retombées sur la politique étrangère des États-Unis de ce soutien populaire international au mouvement pour les droits civiques seront importantes. En réponse, le gouvernement produira une série de réécritures de la manifestation de Washington que la diplomatie américaine orchestrera pour dépeindre la contestation, non comme une critique, mais comme une expression de la démocratie elle-même.