Contenu du sommaire : L'expérience littéraire de l'histoire en Amérique au XIXe siècle

George Bancroft (1800-1891), conscient de sa place dans l'historiographie des États-Unis, savait qu'il jouerait un rôle fondateur dans l'écriture de l'histoire américaine, et la vision fondatrice qui était la sienne ne reposait nullement sur une opposition entre fiction et histoire. Une telle opposition, promue par les fondateurs de la discipline de l'histoire à la fin du xixe siècle et reniée ensuite par les historiens des années 1930, n'avait pas de raison d'être chez Bancroft, qui cherchait ce que Claude Lefort appelle une « mise en scène » de la démocratie. Bancroft, historien littérateur, raconte une histoire de la démocratie, dans laquelle la fiction ne s'oppose pas à une histoire démocratique mais en est la fondation même. Si la démocratie est un régime défini avant tout par sa réflexivité, son aptitude à reconnaître qu'il se fonde dans une série de représentations, Bancroft est l'historien qui a démontré la nécessité de les mettre en scène à travers ses histoires.

Comment écrire l'histoire quand celle-ci se fait au moment où l'on parle ? Comment représenter la guerre quand la guerre devient civile ? De qui est-on le représentant ? Dans l'article atypique qu'est « Chiefly about War Matters », écrit au c?ur de la Guerre de Sécession, Hawthorne s'essaye au journalisme pour décrire une guerre qui se fait au nom d'individus privés de parole. En concevant son texte comme un canular, Hawthorne déstabilise les notions d'autorité et de souveraineté et pose ainsi la question : au nom de qui écrit-on ?