Contenu du sommaire : La folie
Revue | Tracés |
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Numéro | no 6, 2004/2 |
Titre du numéro | La folie |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Contextes, limites, degrés ? - p. 1
Éditorial
- Désubstantialiser la folie - Arnaud Fossier, Florent Coste p. 2
Articles
- Le non-sens de la folie : replonger le Moyen-Age dans l'interaction - Arnaud Fossier p. 3 A la suite de Foucault, nombre d'historiens, médiévistes y compris, ont continué à faire de la folie un « construit social », sans vraiment se demander pourquoi et comment on « devenait » fou au Moyen-Age. La folie médiévale n'est pas le simple produit de catégories forgées par les juristes, les médecins ou les théologiens. Une optique radicalement constructionniste nous aveugle sur la spécificité des fous du Moyen-Age et, paradoxalement, nous évite de réinscrire ces fous dans un monde très particulier, caractérisé par l'omniprésence de Dieu dans les rapports sociaux. La sociologie interactionniste permet au contraire de comprendre à quel point on ne devient fou qu'en situation, à des moments où l'on se trompe de « cité » et d'« ordre de grandeur » (Boltanski, Thévenot, 1991). Ces moments sont des « épreuves » qui exigent que chacun se justifie correctement et se fasse comprendre. Une justification hétérodoxe sera qualifiée de folie, une incapacité totale à se faire comprendre sera taxée de folie. C'est ce que cet article s'emploie à démontrer.
- La norme dans l'Histoire de la folie : La Déraison et l'excès de l'Histoire - Julien Souloumiac p. 4 Il s'agira ici de procéder à une relecture de L'Histoire de la folie à l'âge classique, en prenant comme axe de lecture le concept de norme, qui nous semble bien constituer le point focal de l'ensemble des analyses foucaldiennes. Ceci, nous semble-t-il, ne peut se comprendre qu'une fois posée l'homologie de la norme et du signe. C'est donc à partir des problèmes posés par la sémiologie que nous aborderons cet ouvrage. Pour autant, nous ne chercherons pas à développer plus que nécessaire la discussion sur les rapports existants entre ces deux concepts. Il s'agira plutôt de proposer une expérience de lecture, afin de tenter de comprendre la fascination que la figure de la Déraison a pu exercer sur Foucault, ainsi que sur ses lecteurs. Il sera possible, à ce prix, de justifier l'intérêt porté à la notion de norme, et de voir en quelle mesure la folie, telle que Foucault la conçoit, ne se réduit pas à une figure originaire et mythique dont il s'agirait de préparer le retour, mais dessine au contraire les modalités d'une transgression, ouvrant la possibilité d'une forme-homme en devenir.
- La morale comme maladie : éléments pour une psychopathologie nietzschéenne des sentiments moraux - Jean-Philippe Ferreira p. 5 Plutôt que de lire l'oeuvre de Nietzsche comme la trace laissée par un cas pathologique, et par là même aussitôt invalidée, ou même à travers un prisme psychanalytique, cet article préfère cerner la nouveauté du langage nietzschéeen dans le champ philosophique. De là découle une approche qui renverse les rapports entre folie et morale : morale et civilisation deviennent l'objet d'une analyse clinique. Le philosophe a pour tâche de se livrer à un déchiffrage généalogique des phénomènes de la culture, en les rapportant à l'état du corps dont ils sont symptomatiques. La médecine devient la métaphore d'une activité philosophique réformée, en s'instituant symptomatologie, ou philologie appliquée aux manifestations du corps. Il s'agit d'interroger avec Nietzsche la civilisation, la culture et la morale en des termes physiologiques, comme une apparence dont le sens profond réside au coeur de l'activité pulsionnelle dont elles sont l'expression.
- Folie / non-folie - Pierre Sauvêtre p. 6 Notre propos est d'interroger les possibles degrés de conceptualité du terme de « folie ». En réalité n'offrant jamais une positivité de sens, il ne peut accéder au statut de concept. Mais c'est précisément par son incessante différence, qu'elle se fait régulatrice et constituante de l'espace de la raison. La rationalité n'est qu'une non-folie qui ne peut pas ne pas s'adosser à la folie. Cet article tente d'articuler cette réflexion à l'histoire et au capitalisme. D'abord langage de la répétition, de l'improductivité et de « l'absence d'oeuvre », que l'histoire exclut, la folie comme rupture garantit pourtant le changement continu de l'histoire. De même le « schizo » deleuzien est le produit d'un capitalisme qui l'aliène, le dépossède, le marginalise, pour en faire en définitive, si ce n'est le héros, du moins le sujet éthique d'une société en crise.
- Le non-sens de la folie : replonger le Moyen-Age dans l'interaction - Arnaud Fossier p. 3
Entretiens
- Contextes, limites, degrés ? - Arnaud Fossier, Florent Coste p. 9
- Entretien avec Françoise Autrand et Bernard Guenée, à propos de la folie du roi Charles VI : Propos recueillis par Cédric Quertier et David Sassu-Normand - Cédric Quertier, David Sassu-Normand p. 7
- Entretien avec Robert Castel : Propos recueillis par Edouard Gardella et Julien Souloumiac - p. 8