Contenu du sommaire : La romanisation

Revue Annales. Histoire, Sciences Sociales Mir@bel
Numéro vol. 59, no 2, avril 2004
Titre du numéro La romanisation
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Médecine et société

    • Le don d'organes : une affaire de famille ? - Philippe Steiner p. 255-283 accès libre avec résumé
      L'article présente l'organisation actuelle du don d'organes post mortem, et la construction sociale dont elle a été l'objet, de manière à mettre en lumière le rôle central qu'y joue la famille. Le don d'organes est ensuite comparé avec les projets de marché d'organes à transplanter. Une similitude forte apparaît entre ces deux dispositifs dont l'un limite ou empêche l'expression des relations sociales (principe de l'anonymat du don), et dont l'autre élimine ces relations au profit d'une relation contractuelle. L'article compare ensuite le dispositif actuel à deux autres qui lui sont proches : les lois de succession et l'assurance décès. Il apparaît ainsi que la famille intervient dans les trois cas pour mettre en contact les valeurs ultimes et la transmission des ressources au moment de la mort. Le dispositif actuel du don d'organes est un don sociétal à un étranger par le truchement des familles, sans que celles-ci, à ce jour, bénéficie d'une forme de retour.
  • La romanisation

    • La romanisation en question - Patrick Le Roux p. 287-311 accès libre avec résumé
      La remise en question périodique, depuis une trentaine d'années, de la notion même de « romanisation » a pris récemment la forme radicale visant, chez certains archéologues et historiens, à rejeter un mot qui se rapporterait seulement à une historiographie européenne « colonialiste » et « impérialiste ». Au centre de la critique, un domaine auquel les archéologues sont particulièrement sensibles, les cultures et les transferts culturels. L'article explore les évolutions anciennes et récentes de l'histoire de la romanisation, et s'intéresse aux démarches de ceux qui tentent de réorienter les enquêtes sur les conquêtes romaines et l'Empire romain. Il apparaît, au terme d'un bilan raisonné, que le temps n'est pas encore venu de se priver d'un instrument de travail qui a permis élargissement et progrès des recherches et renvoie à une réalité perçue avec acuité par les Anciens eux-mêmes. Les débats en cours soulignent à la fois la richesse du concept, la nécessité de mieux le définir chaque fois qu'on l'emploie, et l'utilité d'un idéal-type qui a encore beaucoup à apporter à la compréhension des réalités locales et régionales, mais aussi « impériales », du monde romain, à condition de ne pas faire comme s'il résumait à lui seul l'histoire romaine.
    • La romanisation de Palmyre et des villes de l'Euphrate - Jean-Baptiste Yon p. 313-336 accès libre avec résumé
      On trouvera ici une étude sur la manière dont l'Empire romain a laissé sa marque en Orient, dans des zones souvent considérées en marge, Palmyre, Édesse et les villes de l'Euphrate. Il s'agissait peut-être plus d'hellénisation que de romanisation, et, surtout, les traditions locales jouaient un grand rôle, ce qui est particulièrement frappant à Palmyre. Doura-Europos, Zeugma ou Édesse sont profondément imprégnées de civilisations hellénique (Zeugma) et surtout sémitique (Édesse), malgré le poids de l'armée romaine et de la « civilisation impériale ». La présence d'élites cultivées ne doit pas dissimuler que la majeure partie de la population restait étrangère même à la culture hellénique, si ce n'est dans ses relations sans doute épisodiques avec l'administration romaine.
    • Les Celtes et la formation de l'Empire romain - Olivier Buchsenschutz p. 337-361 accès libre avec résumé
      La romanisation du monde celtique est un phénomène progressif, étalé dans le temps et dans l'espace. L'archéologie permet de définir aujourd'hui un fonds commun aux cultures continentales et méditerranéennes, puis des emprunts qui sont traduits et intégrés dans l'évolution des cultures nord-alpines, enfin la transformation radicale de ces dernières à partir du IIe siècle avant J.-C., qui ouvre la voie à une culture urbaine. La fusion est réalisable à partir du moment où le système républicain romain des alliances, bousculé par l'ambition des généraux, est remplacé par la politique impériale. Les territoires celtiques septentrionaux sont invités à entrer dans le système, pour peu que les cités acceptent le mode de vie romain et, bientôt, le culte impérial. Les transformations radicales des agglomérations, après une ultime floraison d'oppida, manifestent concrètement cette adhésion. À travers quelques exemples, on voit que les transformations internes du monde celtique au IIe siècle avant J.-C. ouvraient la voie à une fusion, et que l'idéologie impériale, en Gaule comme dans d'autres provinces plus proches culturellement de l'Italie, la rendaient politiquement possible.
    • La cité et son territoire dans la province d'Achaïe et la notion de « Grèce romaine » - Denis Rousset p. 363-383 accès libre avec résumé
      On considère souvent que le passage de la péninsule balkanique sous la domination romaine a transformé les cités grecques indépendantes en simples districts administratifs d'une province désormais unifiée et qu'il s'est accompagné d'une mutation dans les modes d'occupation et d'exploitation des campagnes. Il est en réalité nécessaire de réexaminer l'histoire du monde rural en s'interrogeant sur les fondements chronologiques des prospections archéologiques, et il est également possible de montrer la pérennité de la cité jusque sous l'Empire. C'est la notion même de « Grèce romaine », considérée à la fois comme un continuum spatial et une unité chronologique allant de 200 avant J.-C. à 200 après J.-C., qui est ainsi mise en question.
  • La révolition et le crédit

    • Révolution et évolution : Les marchés du crédit notarié en France, 1780-1840 - Philip T. Hoffman, Gilles Postel-Vinay, Jean-Laurent Rosenthal p. 387-424 accès libre avec résumé
      Cet article cherche à comprendre comment se créent (ou se détruisent) les techniques de savoir des marchés du crédit ainsi que les institutions auxquelles s'adosse ce capital social essentiel à leur fonctionnement. Il examine soixante-sept marchés locaux répartis dans toute la France en saisissant leur évolution à partir de trois coupes situées de part et d'autre de ce choc majeur qu'est la Révolution pour pouvoir en suivre les effets. Le crédit se réorganise alors non dans le cadre de petites régions ni dans un espace national unifié, mais plutôt en deux grands ensembles - l'un au Nord, l'autre au Sud - où des pratiques du crédit distinctes évoluent séparément. Comme chacun d'eux, loin d'être homogène, se hiérarchise entre ville et campagnes, il en résulte quatre systèmes qui se repèrent aussi bien si l'on observe les instruments de crédit, les intermédiaires ou les circuits de formation que ces derniers se donnent. Pour expliquer cette diversité, il faut accepter que les institutions formelles et informelles se déploient dans l'espace d'une façon qui dépend de l'activité des marchés mais aussi de l'inégale répartition de la richesse.
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