Contenu du sommaire : Mondes lettrés, communautés savantes

Revue Annales. Histoire, Sciences Sociales Mir@bel
Numéro vol. 60, no 3, juin 2005
Titre du numéro Mondes lettrés, communautés savantes
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Mondes lettrés, communautés savantes

    • Présentation - Christian Jacob p. 479-481 accès libre
    • Des dieux, des scribes et des savants : Circulation des idées et transmission des écrits en Mésopotamie - Jean-Jacques Glassner p. 483-506 accès libre avec résumé
      Il existe un paradoxe, s'agissant du registre du savoir en Mésopotamie ancienne : celui-ci relève de la sphère du secret et, pourtant, il fait l'objet d'une ample diffusion et large transmission, par les voies de l'oralité aussi bien que de l'écriture. Partant, le rayonnement de la culture intellectuelle babylonienne est grand dans l'ensemble du monde connu. Tel est le résultat de l'effort constant de familles de scribes dont certaines perdurent pendant plusieurs siècles, et au sein desquelles le savoir est transmis de génération en génération. Leurs membres copient et recopient inlassablement les ouvrages anciens comme les compositions les plus récentes. Ils se montrent très actifs dans le cadre de bibliothèques privées ou institutionnelles.
    • « La table et le cercle » Sociabilités savantes sous l'Empire romain - Christian Jacob p. 507-530 accès libre avec résumé
      Plutarque, Aulu-Gelle et Athénée de Naucratis sont trois auteurs représentatifs de la littérature savante d'époque impériale. Au-delà de la différence de leurs projets, ils partagent un trait commun : ils mettent en scène les pratiques et le statut même du savoir lettré, sous la forme de dialogues réunissant des interlocuteurs occasionnels ou appartenant aux mêmes cercles sociaux. Cette étude voudrait prendre au sérieux ce choix d'exposition narratif et théâtral pour des textes de savoir et explorer les rituels de la sociabilité savante à Rome et en Grèce (conversation, visites, banquets), aux deux premiers siècles de notre ère, ainsi que les enjeux d'une forme d'activité intellectuelle qui repose sur la confrontation dialectique des points de vue et l'exploration ludique d'une mémoire culturelle partagée.
    • Wahb b. Munabbih, une figure singulière du premier islam - Alfred-Louis de Prémare p. 531-549 accès libre avec résumé
      Wahb b. Munabbih est souvent cité comme transmetteur de « traditions israélites » destinées à expliquer les textes coraniques concernant les prophètes anciens. Il nous faut cependant aller au-delà de ce cadre convenu, et reconsidérer les informations diverses disponibles sur Wahb (origines familiales, curriculum vitae et fonctions, activités intellectuelles, relations avec ses pairs et avec les autorités politiques, etc.), en vue de mieux le situer non seulement dans le milieu naissant des clercs musulmans, mais encore dans le contexte général, politique et culturel, de l'histoire ommeyade.
    • L'Anynyam : Un rituel de récitation des textes sacrés au Kerala - Cezary Galewicz p. 551-571 accès libre avec résumé
      Transmettre les textes sacrés en Inde a toujours été l'affaire des communautés de lettrés. Dans le cas du Veda, longtemps préservé sous une forme orale seulement, il s'agissait de faire preuve d'une grande dextérité en matière de connaissances textuelles, nourries d'une mémorisation à la fois individuelle et collective. L'écrit n'était pas considéré comme un médium assez sûr pour préserver le savoir sacré, entraînant très tôt la croyance magique dans le fait que le Veda ? le savoir sacré par excellence ? devait être récité sans aucune erreur ou faute de prononciation. L'article examine les méthodes mnémotechniques sophistiquées destinées, sous forme d'une compétition, à assurer une transmission parfaite du Veda, ici dans le cas de la communauté Nambudiri du Kerala.
  • COMPTES RENDUS

  • Pays en armes

    • Mémoires divisées : Résistance et guerre aux civils en Italie - Maria Ferretti p. 627-651 accès libre avec résumé
      L'article présente les recherches conduites en Italie au cours de la dernière décennie sur ce que l'on a appelé « la mémoire divisée de la Résistance ». Acte fondateur et légitimant de la République italienne née après la guerre, la Résistance fut figée dans une image d'Épinal qui célébrait l'unité du peuple italien, partisans et civils confondus, dans la lutte de libération nationale contre l'occupant nazi et le fascisme. Or, cette image lisse a été remise en cause dans les années 1990 : on a commencé, d'une part, à montrer comment la mémoire publique de la Résistance avait été construite, et, d'autre part, à restituer la complexité de la mémoire populaire, elle-même divisée de l'intérieur, en raison des blessures profondes laissées par la violence des massacres nazis. Ceux-ci ont en effet provoqué une fracture entre civils et partisans, considérés dans certains cas comme responsables, par leurs actions, des représailles des occupants.
    • De Sandino aux contras : Formes et pratiques de la guerre au Nicaragua - Gilles Bataillon p. 653-688 accès libre avec résumé
      Comment interpréter les guerres civiles ? Somoza/sandinistes; sandinsistes/contras ? dont le Nicaragua a été le théâtre de 1978 à 1987 ? Alors que la plupart des analyses mettent l'accent sur les « blocages » socio-politiques internes et le rôle des interventions étrangères, on s'efforce ici d'analyser ces guerres en les réinscrivant dans un continuum avec les autres affrontements armés qui ont marqué le XXe siècle nicaraguayen. L'ancrage de ces deux guerres dans un « temps long » de la violence nicaraguayenne permet ensuite de comprendre comment, tout au long du siècle, la violence fut une modalité d'action légitime et codifiée et comment celle-ci permit tout à la fois l'apparition de nouveaux acteurs socio-politiques et, ce faisant, leur accès légitime à des ressources économiques. On décrit ensuite quelles furent les modalités de structuration interne de ces acteurs, puis la « culture politique » dans laquelle s'inscrivit cette succession d'actions guerrières. On s'interroge pour finir sur le basculement qui s'est fait jour lors de la fin de l'affrontement contras/sandinistes et lors du mandat de Violeta Barrios de Chamorro.