Contenu du sommaire : Réseaux sociaux et politiques
Revue | Annales. Histoire, Sciences Sociales |
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Numéro | vol. 62, no 4, septembre 2007 |
Titre du numéro | Réseaux sociaux et politiques |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Violences religieuses au Moyen Âge
- Une société face à l'altérité : Juifs et chrétiens dans la péninsule Ibérique 1391-1449 - David Nirenberg p. 755-790 Cet article décrit les façons dont les chrétiens qui vivaient dans la péninsule Ibérique au Moyen Âge définissaient et affirmaient leur identité à l'égard de la communauté juive. Certaines de ces manifestations étaient violentes, certaines déployant même l'idéal d'une société purifiée de tous les juifs. En 1391, cette représentation utopique aboutit à des conversions et des massacres si massifs qu'ils menacèrent d'éliminer toute présence juive en Castille et en Aragon. Comment une communauté qui a presque réussi à détruire l'altérité dans une période de forte attente messianique parvient-elle alors à reconstruire sa capacité à marquer et maintenir les différences dans un monde qui demeure imparfait ? La suite de l'article montre que la société chrétienne affronte ce problème en faisant de nouveaux usages de l'idée de « judéïté » après l'époque des conversions de masse. Une nouvelle catégorie religieuse, les convertis (conversos, marranes, nouveaux chétiens), émerge alors, contre laquelle l'identité et les privilèges des chrétiens peuvent à nouveau être définis et affirmés.
- Une société face à l'altérité : Juifs et chrétiens dans la péninsule Ibérique 1391-1449 - David Nirenberg p. 755-790
Les rythmes de la vie
- L'invention de l'anniversaire - Jean-Claude Schmitt p. 793-835 Depuis quand fêtons-nous l'anniversaire de notre naissance? La question a dû paraître suffisamment anecdotique aux historiens pour qu'ils ne se la soient guère posée. Intéressé par les rythmes sociaux et la scansion de la vie, l'auteur invite le lecteur à le suivre dans le cheminement de sa recherche, partie de son étonnement devant le caractère encore tardif et irrégulier de la célébration de l'anniversaire au début de l'époque moderne. En remontant dans le temps, il tente d'élucider les raisons pour lesquelles le Moyen Âge, peu soucieux du jour de la naissance et de l'âge exact des individus et préoccupé au contraire par le jour de leur mort, a effectué au cours du XIVe siècle un retournement lourd de conséquences de la mort vers la vie, de l'anniversarium funéraire vers la « natalité ». Mais la question initiale ne trouvera de réponse que dans la « longue durée» : ce sont les 53 bougies de Goethe en 1802 qui scellent l'invention de l'anniversaire tel que nous le connaissons aujourd'hui...
- L'invention de l'anniversaire - Jean-Claude Schmitt p. 793-835
Charonne
- Anthropologie historique d'un massacre d'État - Marc Olivier Baruch p. 839-852 Quand, comment et pourquoi, hors situation de guerre ouverte, la police d'un État républicain se sent-elle en mesure de conduire sa mission de maintien de l'ordre jusqu'à laisser une manifestation se conclure par la mort de manifestants ? Pour répondre à cette question, qui prolonge ses interrogations antérieures sur les modes de légitimation par l'État de pratiques d'espionnage et d'action secrète, Alain Dewerpe nous propose une étude de cas, particulièrement fouillée, de la manifestation parisienne qui, le 8 février 1962, vit huit personnes trouver la mort dans la station de métro Charonne. Largement fondée sur l'instruction très serrée conduite par la justice aux lendemains du drame, son analyse met en évidence la fermeté de la chaîne d'autorité qui, au sein de l'appareil d'État, anticipe, valide puis innocente la violence meurtrière; pour l'auteur, le pouvoir gaullien signe bien là un véritable massacre d'État.
- Anthropologie historique d'un massacre d'État - Marc Olivier Baruch p. 839-852
Réseaux sociaux et politiques
- Configurations sociales et jeux politiques aux confins de l'empire espagnol - Michel Bertrand p. 855-884 L'interrogation relative aux structures sociales coloniales n'a cessé de proposer, de longue date, une orientation de réflexion particulièrement féconde. Pourtant, si l'objet d'enquête n'a pas été radicalement modifié, la manière de l'aborder a, depuis une quinzaine d'années, profondément changé. L'approche en termes de structures a été progressivement abandonnée au profit de nouveaux questionnements provenant de la microanalyse du social. Dans cette démarche, le recours à de nouveaux outils ? liens, réseaux sociaux, configurations, à même de restituer les dynamismes sociaux et non plus seulement les structures ? s'est imposé. C'est cette optique méthodologique qui est appliquée ici au monde des élites sociales de la ville de Guatemala à l'extrême fin du XVIIIe siècle. À la suite de l'imposition des réformes administratives, processus qui s'accéléra avec la décennie 1780, les élites cherchèrent à s'adapter aux nouvelles règles du jeu politique. Les années ultérieures, faites de tensions, de conflits et de crises, se révèlent alors comme un moment particulièrement propice pour repenser les modalités de structuration sociale.
- La mer Égée au XVIIe siècle : Parcours, liens familiaux et recomposition sociale - Maroula Sinarellis p. 885-918 La Méditerranée orientale forme un espace de relations d'une grande plasticité, structuré par d'importants déplacements d'individus et de familles qui affectent considérablement l'univers insulaire. Le passage de la domination latine au pouvoir ottoman constitue, entre la dernière décennie du XVIe siècle et tout au long du XVIIe siècle, un long processus marqué par l'aliénation des domaines seigneuriaux, la préservation des terres acquises avant l'arrivée des Ottomans, le renforcement de l'institution communautaire, la formation de nouveaux réseaux marchands, etc. Ce texte essaye de saisir les mécanismes de ces phénomènes par l'étude des parcours géographiques qui représentent un aspect de la mobilité sociale. La documentation notariale a permis de reconstituer toute sorte de liens entre familles traditionnelles et nouvellement arrivées (alliances, acquisition de terres, héritages, associations, différentes formes de solidarité et de conflits, etc.), ainsi que de mouvements croisés entre les îles. Entre ces liens et ces mouvements s'est construit une importante recomposition des élites insulaires. Cette modification du paysage social est suivie à travers, d'une part, l'histoire de deux familles et, de l'autre, le voyage en Italie d'un groupe d'étudiants. La notabilité des premières est le produit d'une intense mobilité spatiale, tandis que les déplacements des seconds mettent en évidence l'ampleur des parcours géographiques et l'apparition d'un nouveau profil de notable.
- Configurations sociales et jeux politiques aux confins de l'empire espagnol - Michel Bertrand p. 855-884
COMPTES RENDUS
- Comptes rendus. Histoire culturelle - p. 921-997