Contenu du sommaire : Pragmatismes

Revue Tracés Mir@bel
Numéro no 15, 2008/2
Titre du numéro Pragmatismes
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Éditorial

  • Articles

    • La sociologie française est-elle pragmatist compatible ? - Romain Pudal p. 25-45 accès libre avec résumé
      Cet article est en partie issu d'un travail de thèse portant sur les réceptions du pragmatisme en France au xxe siècle. Nous avons décidé de centrer notre propos sur les usages et appropriations du pragmatisme, ou plutôt de pragmatismes multiples, dans deux entreprises intellectuelles d'importance depuis une vingtaine d'années à peu près : l'équipe de « Raisons pratiques » liée à l'École des hautes études en sciences sociales et l'anthropologie des sciences de Bruno Latour. Nous nous interrogeons sur la place et la nature de ces deux approches dans une reconfiguration intellectuelle générale touchant les sciences humaines et sociales. Le recours au pragmatisme constitue-t-il le symptôme d'une crise paradigmatique globale ? Est-ce un simple phénomène de mode ? Peut-on dès à présent parler d'un nouveau « paradigme pragmatique » dans les sciences sociales et quels en seraient les éléments définitionnels ?
    • L'ordinaire de la littérature. Des bénéfices pragmatistes dans les études littéraires - Florent Coste, Thomas Mondémé p. 47-65 accès libre avec résumé
      En dépit du reflux du structuralisme, la littérature continue d'être appréhendée à travers un prisme théorique d'obédience post-romantique, qui occulte son interaction avec notre expérience ordinaire et l'exclut ainsi de la cité. Après examen de certaines conséquences de ce prisme sur le concept de littérature, on se propose de tracer ici quelques pistes pragmatistes susceptibles d'aider à penser la relation constitutive entre les usages que nous faisons de la littérature, le champ de la pratique et la cognition.
    • La fécondité d'un tournant critique. Malentendus anciens et tendances récentes dans les usages croisés de l'histoire et de la sociologie en France - Thierry Dutour p. 67-84 accès libre avec résumé
      Des malentendus ont marqué les usages croisés de l'histoire et de la sociologie en France. L'exemple des travaux de Georges Duby et de Roland Mousnier révèle que l'influence d'une certaine sociologie en est responsable. Elle se présente comme théorie de la modernité, postule la simplicité primitive du passé, conçoit la société comme un tout intégré et l'acteur social comme le produit d'une intégration à un système. L'usage de la sociologie par les historiens conduit alors à une vision fonctionnaliste et évolutionniste, souvent déterministe, de la société. A contrario, le refus de la croyance en une évolution nécessaire vers des sociétés « modernes » révèle une complexité sociale irréductible à des simplifications arbitraires. Il peut réconcilier histoire et sociologie autour de l'étude de la complexité si l'on admet que le changement est l'état normal de toute société. Pour repenser le lien social dans cette perspective, le recours au pragmatisme et aux perspectives interactionnistes s'impose.
    • Sciences cognitives, tournant pragmatique et horizons pragmatistes - Pierre Steiner p. 85-105 accès libre avec résumé
      Ce texte présente et interroge la portée et les limites d'un probable tournant pragmatique au sein des sciences cognitives contemporaines. Il le met alors en contraste avec les exigences d'un possible tournant pragmatiste dans ces mêmes sciences cognitives. Des comparaisons critiques sont ainsi effectuées entre le pragmatisme classique, le pragmatisme contemporain et les sciences cognitives pragmatiques.
    • L'espace du réseau : du flux au territoire. Le tournant pragmatiste engagé par Isaac Joseph - Rémi Clot-Goudard, Marion Tillous p. 107-126 accès libre avec résumé
      Au cours des années quatre-vingt, la recherche en sciences humaines et sociales s'est affranchie des grands paradigmes qui dominaient jusqu'alors la théorie, à commencer par le structuralisme, pour se focaliser sur les acteurs, leur expérience et les situations dans lesquelles ils interagissent. Nous avons voulu montrer l'ampleur théorique et empirique de ce « tournant pragmatiste » par l'analyse des travaux d'Isaac Joseph, qui en fut une figure majeure. Dans le domaine du transport urbain, sa lecture pragmatiste du réseau comme espace public lui a permis d'accompagner et d'amplifier une mutation en cours depuis la fin des années soixante-dix : celle de l'humanisation d'un réseau conçu au départ pour accueillir des flux. Aujourd'hui encore, les pistes ouvertes par Joseph peuvent s'avérer fécondes et appellent de nouveaux prolongements.
    • Les pragmatiques à l'épreuve du pragmatisme. Esquisse d'un « air de famille » - Yaël Kreplak, Cécile Lavergne p. 127-145 accès libre avec résumé
      Partant du constat d'une relative confusion entre les usages du pragmatisme et de la pragmatique dans le vocabulaire des sciences sociales, cet article se propose comme une clarification, dont l'objectif sera autant de discriminer (au sens positif) que de tisser des liens entre les deux paradigmes, philosophique et linguistique. D'après un état des lieux des principaux débats épistémologiques en cours en pragmatique, on tâchera de faire émerger des parentés conceptuelles et méthodologiques. Sans prétendre à l'exhaustivité, on se focalisera sur quelques aspects déterminants pour expérimenter une possible « zone de congruence » entre les pragmatismes et les pragmatiques.
    • Histoire pragmatique, ou de la rencontre entre histoire sociale et histoire culturelle - Simona Cerutti, Sami Bargaoui p. 147-168 accès libre avec résumé
      L'article s'interroge sur les relations entre histoire sociale et histoire culturelle, sur l'antagonisme qui, pendant longtemps, les a séparés, ainsi que sur les raisons d'une nouvelle convergence qui, depuis quelques années, se dessine. L'exemple de la microstoria fait office de terrain d'investigation de ces relations et des limites des approches « sociale » et « culturelle ». L'article montre à quel point la rencontre entre une réflexion pragmatiste sur les archives judiciaires et les théories sociologiques de l'action permet de développer une nouvelle convergence entre histoire sociale et histoire culturelle.
    • Le public chez Dewey : une union sociale plurielle - Joëlle Zask p. 169-189 accès libre avec résumé
      La citoyenneté est une institution problématique. Au cours de l'histoire, le citoyen se voit tiraillé entre deux exigences : participer ou acquérir les compétences requises pour juger correctement des affaires communes. Le but de cet article est de montrer que seul un accord social fondé sur la pluralité des voix peut assurer une coordination entre ces deux exigences. On trouve dans la philosophie de John Dewey un bon exemple de combinaison entre le fait de prendre part et celui de développer une opinion publique véritable : le « public » est présenté comme une communauté d'enquêteurs. Afin d'insister sur l'originalité de cette conception, on distinguera le « public » des formes d'union fondées sur l'identité de leurs membres, tels la « masse » ou le « peuple ».
    • Répondre en citoyen ordinaire. Pour une étude ethnopragmatique des engagements profanes - Mathieu Berger p. 191-208 accès libre avec résumé
      Nous traitons dans ce texte des capacités à s'engager en citoyen et en non-spécialiste dans une assemblée de « démocratie technique » (Callon, 2003) en la présence d'élus, de fonctionnaires, d'experts et d'autres citoyens. Nous introduisons parallèlement une méthode d'ethnographie analytique - associant pragmatique communicationnelle et filature ethnographique - susceptible d'améliorer la compréhension de ce que ces compétences profanes ont de plus spécifique. En esquissant une application de cette méthode à l'étude d'une situation banale, nous montrons les limites des approches strictement discursives de la concertation et faisons apparaître les espaces grammaticaux infradiscursifs - le rassemblement centré, le jeu interlocutoire, l'expérience collatérale et la menée collective - contribuant à régler les engagements en public des participants. Nous discutons enfin la portée critique des compétences de concertation non discursives ainsi mises au jour par l'ethnopragmatique.
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