Le pari de l'unité du syndicalisme en Europe, lancé en 1973 par la Confédération européenne des syndicats, a profondément changé de contenu : ce n'est plus un mouvement vers une convergence idéologique forte, mais plutôt la conciliation de tendances syndicales de plus en plus diverses. Ainsi la CES représente trente ans après sa fondation une sorte de synthèse de l'état de la pensée et de l'action syndicales sur notre continent. Corinne Gobin s'attèle à un double bilan. D'une part, elle situe les résolutions adoptées par la CES au cours de son congrès de Prague dans l'évolution des textes adoptés par l'organisation lors de ses congrès précédents. D'autre part, elle s'interroge sur l'engagement actuel du syndicalisme belge dans le soutien à l'euro-syndicalisme. L'arrêt particulier sur la dimension belge à ce moment de l'actualité syndicale européenne s'imposait suite à deux événements. Tout d'abord, ce congrès fut traversé par un événement symboliquement marquant : la FGTB, membre fondateur de la CES parmi les plus actifs, a pris la décision de pratiquer la politique de la chaise vide, ses dirigeants politiques étant absents du congrès. Ensuite ce congrès fut l'occasion d'officialiser l'adhésion à la CES du syndicat belge libéral, la CGSLB, dont l'affiliation était jusqu'alors refusée. Les syndicalistes belges s'affichent comme résolument européens, mais résolument pour une autre Europe. L'Union économique et monétaire leur avait donné l'espoir que la poursuite de l'intégration se ferait, ensuite, à travers l'élaboration d'un pouvoir politique plus démocratique et plus social. Les orientations d'un projet de traité constitutionnel qui ne parvient pas à recueillir l'unanimité d'une Europe fonctionnant déjà, dans les faits, à 25, ne semblent pas les convaincre.