Le secteur de la construction est emblématique des évolutions en cours dans le reste de l'économie. Les entrepreneurs doivent constamment intégrer les changements techniques et l'augmentation de la productivité. De plus ils se trouvent face à une pénurie de compétences et à une incertitude à propos du carnet de commande. Ils sont amenés à exiger toujours plus de flexibilité à leur main-d'?uvre.
L'une des réponses qui s'impose à eux dans ce contexte est l'appel à la sous-traitance dans l'organisation des chantiers. L'appel aux sous-traitants conduit au développement d'ensembles organisationnels de plus en plus fragmentés, qui travaillent sous la direction d'« ensembliers » spécialistes de la coordination. Sa généralisation induit une profonde restructuration du secteur, et fait évoluer les fondements mêmes du métier d'entrepreneur général.
L'une des questions clés qui se pose aujourd'hui au secteur est celle de l'évolution du dialogue social. Car l'un des effets pervers de la sous-traitance est de mettre en péril la capacité du secteur de s'autoréguler dans le domaine des relations collectives du travail. Les entreprises sont « contraintes » d'adopter individuellement des comportements qu'elles désapprouvent collectivement. Des voies nouvelles du dialogue social sont néanmoins discernables. De nouveaux acteurs sont appelés à la table des discussions. Celles-ci peuvent être transférées vers d'autres lieux, comme les chantiers par exemple. Le dialogue social peut aussi assumer d'autres fonctions que la fonction normative traditionnelle.