La relation du Mouvement ouvrier chrétien francophone avec le débat sur la réforme de l'État de 1961 à 1972 n'est pas univoque. Les vues du président André Oleffe traduisent souvent des convictions personnelles. D'autres, dans le mouvement, sont régionalistes. Une opposition interne contribuera à l'échec d'une tentative de recomposition du paysage politique francophone, axée sur l'adhésion en masse de militants du MOC au Parti social-chrétien.
L'attitude d'André Oleffe à l'égard du fédéralisme peut sembler étonnante. Son pragmatisme s'explique non seulement par sa trajectoire individuelle de dirigeant du MOC, mais aussi par les autres positions institutionnelles qu'il occupe.
Paul Wynants situe André Oleffe dans le système de la décision politique, comme grand commis de l'État et comme dirigeant du pilier catholique. Il met en lumière l'analyse de la réalité politique belge que le président du MOC a longtemps menée : cette grille de lecture repose sur le croisement du clivage Église ? État et du clivage possédants ? travailleurs, avec une ligne de fracture communautaire perçue comme un élément perturbateur, voire comme un danger.
Dans la seconde partie, l'auteur retrace le parcours d'André Oleffe en matière de réformes institutionnelles, depuis sa première prise de position publique en 1961 jusqu'à la reconnaissance par le MOC de son pluralisme politique interne en 1972. Elle s'attache aussi aux résistances auxquelles Oleffe a été confronté au sein de son propre Mouvement.
Paul Wynants éclaire ainsi certains épisodes de l'histoire du MOC et de son équivalent flamand, l'ACW. Son analyse est également susceptible de confirmer l'ébranlement causé, au sommet du monde catholique, par des événements comme la grève de l'hiver 1960-1961 et l'affaire de Louvain.