En 1974, le culte islamique était officiellement reconnu en Belgique. Il a fallu plus de trente ans pour que les premières communautés locales, les mosquées, soient reconnues et que les salaires des ministres du culte qui leur sont attachés soient pris en charge par l'État.
Le gouvernement s'est lentement rallié à l'idée d'un organe chef de culte désigné au terme d'un processus d'élection. L'islam ne possédant pas de hiérarchie, au contraire de l'Église catholique, c'est sous une forme collégiale et sociologiquement représentative, exception faite des tendances jugées trop radicales, que l'organe chef de culte a été institué. Mais l'organisation des élections, l'assemblée qui en émana ainsi que l'organe chef de culte désigné par cette assemblée furent l'objet de critiques de la part de diverses composantes de la population musulmane. Les impératifs de représentativité imposés à l'organe chef de culte et les contrôles de sécurité ont été dénoncés comme des ingérences de l'État dans l'organisation du culte musulman.
Caroline Sägesser et Corinne Torrekens rappellent rapidement les débuts de l'institutionnalisation de l'islam depuis la reconnaissance du culte jusqu'au début de la décennie 1990. Elles étudient les périodes qui ont précédé les élections de 1998 et de 2005, la mise en place des Exécutifs des musulmans de Belgique, ainsi que les débats qui y furent liés. Après avoir tiré un premier bilan des deux périodes de fonctionnement de l'Exécutif, elles se penchent sur les développements récents et, en particulier, sur les conséquences de la régionalisation du temporel des cultes intervenue en 2002 ainsi que sur la dernière crise rencontrée par l'Exécutif.