Contenu du sommaire : Millénarisme
Revue | Annales. Histoire, Sciences Sociales |
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Numéro | vol. 63, no 1, janvier 2008 |
Titre du numéro | Millénarisme |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Les jansénistes et le millénarisme : Du refus à la conversion - Catherine Maire p. 7-36 L'article tente de suivre la conversion progressive des jansénistes à ce qu'ils refusaient avec la dernière énergie au XVIIe siècle : le millénarisme. Cette trajectoire du mouvement qui constitue sans doute l'un des fils conducteurs les plus continus de son histoire se déroule (non sans contestations internes au parti janséniste) en plusieurs étapes. Elles représentent autant de formes particulières du millénarisme qui encadrent à chaque fois des ouvertures au siècle et des accommodements avec lui. Comme si les jansénistes avançaient à reculons, en quelque sorte, en reprenant des cadres eschatologiques traditionnels pour conjurer des concessions à la modernité qu'ils sont amenés à faire. La propre conversion postrévolutionnaire de l'abbé Grégoire au millénarisme janséniste illustre parfaitement, une fois de plus, la manière de continuer à refuser le monde tel qu'il se développe tout en s'y adaptant.
- Retour à Waterloo : Histoire militaire et théorie des jeux - Philippe Mongin p. 39-69 L'article propose d'appliquer à l'histoire militaire et, plus précisément, aux récits de campagne à la manière de Clausewitz, les modèles venus des théories mathématiques des jeux et de la décision. Il illustre la méthode en revenant sur la campagne de Waterloo et les hypothèses qu'a suscitées l'échec de Napoléon chez les historiens. Ils ne s'accordent pas sur le sens rationnel de la décision qu'il prit le 17 juin 1815 de lancer le détachement de Grouchy contre les Prussiens battus le 16 à Ligny, mais la théorie des jeux permet dans une certaine mesure de les départager. Une fois obtenu ce résultat, l'article se développe sur le plan réflexif et méthodologique. Il compare les objections qu'on peut faire à sa formalisation et celles déjà élevées contre l'école du « récit analytique », puis amplifiant ses réponses, il examine le conflit des modèles mathématisés du choix rationnel avec le récit, mode d'expression canonique de l'historien. La réconciliation qu'il propose finalement se fonde sur une analyse des concepts de narration, de récit explicatif et de modèle.
- Pouvoir et propriété dans l'entreprise : Pour une histoire internationaledes sociétés à responsabilité limitée - Timothy W. Guinnane, Ron Harris, Naomi R. Lamoreaux, Jean-Laurent Rosenthal p. 73-110 Une longue tradition admet la supériorité de la société anonyme comme forme d'organisation. Une autre, plus récente, estime que les systèmes juridiques anglo-américains donnent aux investisseurs une meilleure protection que les systèmes de droit civil. Cet article remet en cause ces deux idées. Il s'intéresse à l'introduction des sociétés à responsabilité limitée en France, en Allemagne, au Royaume-Uni et aux États-Unis à la fin du XIXe siècle et au XXe siècle. Ces sociétés combinent les avantages de la personnalité juridique et de la société par actions avec des règles de gouvernance interne flexibles. Sont ainsi évités la menace de dissolution inhérente aux sociétés en partenariat et le danger propre aux sociétés anonymes d'une oppression des minoritaires. La SARL fut introduite avec succès d'abord en Allemagne, régie par un code juridique, et en dernier lieu seulement aux États-Unis, pays où domine la common law. La SARL fut partout privilégiée par les sociétés petites et moyennes, même dans les pays où les sociétés anonymes étaient faciles et peu coûteuses à créer et où les règles juridiques les régissant étaient assez légères.
- Qu'est-ce qu'un « enthousiasme civique » ? : Sur l'historiographie des fêtes politiques en France après 1789 - Nicolas Mariot p. 113-139 À partir d'une série chronologique d'ouvrages consacrés aux fêtes de souveraineté depuis 1789 en France, l'article questionne la fonction intégrative qui leur est ordinairement reconnue : le fait d'éprouver ensemble les mêmes émotions fabriquerait et/ou renforcerait le lien social. La démonstration suivie discute l'idée que les manifestations de liesse (applaudissements, acclamations) puissent représenter un bon indicateur de l'engagement militant, sinon des pensées politiques, des participants. À la question de savoir ce qu'est un enthousiasme civique, il répond simplement : un enthousiasme manifesté dans une situation civique reconnue comme telle par les participants eux-mêmes et/ou ainsi qualifiée par les organisateurs et commentateurs, profanes comme savants, de l'événement.
- Une vieille affaire ? : Les « Pâques de sang » d'Ariel Toaff - Sabina Loriga p. 143-172 Avec Pasque di sangue. Ebrei d'Europa e omicidi rituali, le médiéviste Ariel Toaff a proposé à nouveau à l'attention publique la vieille accusation de meurtre rituel contre les juifs. Le livre a suscité des débats nourris et tendus, en Italie d'abord, mais bientôt au-delà : en l'espace de seulement deux mois, plus de cent cinquante articles ont été publiés dans les plus importants journaux italiens, israéliens, américains et même français. À la suite de l'auteur, d'autres protagonistes ont pris la parole : de nombreux historiens, la presse, des maisons d'éditions, des représentants de diverses confessions (juive, catholique, musulmane), des groupes politiques, des commanditaires, l'opinion publique (à travers des pétitions et dans des blogs). L'analyse présentée dans cet article s'emploie à montrer que le débat s'est engagé sur une série de scènes discontinues, désaccordées et superposées, dont il importe de restituer les configurations et les logiques.
- Comptes rendus. Histoire religieuse (Moyen Âge, époque moderne) - p. 175-236