Contenu du sommaire : Histoire britannique (XVIIIe-XIXe siècle)
Revue | Annales. Histoire, Sciences Sociales |
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Numéro | vol. 65, no 5, octobre 2010 |
Titre du numéro | Histoire britannique (XVIIIe-XIXe siècle) |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Histoire britannique (XVIIIe-XIXe siècle)
- L'« éducation nationale » dans les îles Britanniques, 1765-1815 : Variations britanniques et irlandaises sur un thème européen - Joanna Innes p. 1087-1116 L'idée d'« éducation nationale » était débattue à travers toute l'Europe au tournant du XIXe siècle, mais l'expression cachait des différences significatives selon les lieux et les moments. Le cas britannique exploré par cet article est particulièrement révélateur : les réponses dans les quatre royaumes variaient de manière importante, souvent en lien avec les différences de structures politiques et ecclésiastiques. L'article revisite donc la diversité culturelle réelle au sein des Îles britanniques, et comment elle informe la compréhension de ce qu'était la « nation », notamment par rapport au référent que constituait la pratique en Europe continentale.“National education” in the British Isles 1765-1815 British and Irish variations on a European theme Although “national education” was a talking point across much of Europe in the late eighteenth and early nineteenth centuries, the phrase was given different meanings in different times and places. This article explores the take-up of the idea within the British Isles, emphasising differences of response in different British kingdoms ; these reflected among other things differences in ecclesiastical and political structures from one kingdom to another. It sheds light on cultural diversity within the British Isles, on understandings of the “nation” in this context, and on the varying ways in which continental practice figured as a reference point in British debates.
- Le bureau d'essai de Birmingham, ou la fabrique de la réputation au XVIIIe siècle - Philippe Minard p. 1117-1146 Le succès du secteur de l'argenterie, qui a fait la fortune de Birmingham au XVIIIe siècle, ne repose pas seulement sur l'inventivité de manufacturiers comme le célèbre Matthew Boulton. Il passe aussi par la mobilisation délibérée de ressources institutionnelles et réglementaires propres à garantir la qualité des produits et établir la réputation du label made in Birmingham. En effet, malgré l'affirmation du libéralisme économique, l'idée que la concurrence entraînera la suppression automatique des comportements déloyaux ne suffit pas toujours à assurer la confiance. L'établissement d'un « bureau d'essai » (pour tester la pureté du métal) en 1773 indique que, dans des secteurs comme l'orfèvrerie, certains « investissements de forme » sont nécessaires au bon fonctionnement du marché. L'action du Comité commercial de Birmingham et du collège des gardiens du standard montre aussi que les manufacturiers ne prennent pas à la légère les problèmes de l'organisation sociale de la confiance.The Assay Office of Birmingham : Manufacturing reputation in the 18th century The success of the silverware industry, which accounted for Birmingham's wealth in the eighteenth century, rested not only on the inventiveness of manufacturers like the famous Matthew Boulton. It depended also on the voluntary mobilization of institutional and regulatory resources appropriate to insure the quality of the products as well as the reputation of the “made in Birmingham” label. Indeed, in spite of the rise of laisser-faire and free-market ideology, the idea that competition would automatically neutralize dishonest behaviour was not always enough to induce confidence. The creation of the Assay Office in 1773–to test the purity of the metals–demonstrates that in some sectors, such as gold and silver plate, some “investments of form” were necessary for the market to operate. The actions of the Birmingham Commercial Committee and of the “Guardians of the standard of wrought plate” also indicate that the manufacturers did not take lightly the problems of the social organization of confidence.
- Forme et fonction de la parenté chez les populations pauvres d'Angleterre, 1800-1840 - Steven A. King p. 1147-1174 De récents travaux ont commencé à remettre en question l'orthodoxie historiographique qui voulait que les familles anglaises fussent des structures petites et simples, localisées dans des réseaux de parenté peu denses : la parenté anglaise aurait eu une fonction très limitée. Cet article cherche au contraire à montrer l'étendue, la profondeur et la fonction de la parenté parmi ceux qui dépendaient de l'aide sociale instaurée par la « Old Poor Law » en Angleterre et au pays de Galles. Centré sur la période 1800-1834 et s'appuyant sur une large collection de lettres écrites par les pauvres eux-mêmes, il défend l'idée selon laquelle les pauvres étaient insérés dans des réseaux de parenté complexes, dont la structure, la disponibilité et la fonctionnalité faisaient partie intégrante de la rhétorique comme de la stratégie qu'ils mettaient en œuvre pour faire valoir leurs droits.The form and function of kinship amongst the English poor, 1800-1840s Recent empirical work on English families has begun to question an historiographical orthodoxy that they were small and simple, that they were located within low density kinship networks, and that whatever the nominal density of local kinship networks, the functionality of English kin was often very limited. This article seeks to address the width, depth and functionality of kinship amongst those dependent upon and applying for relief from their communities under the English and Welsh Old Poor Law. Focussing on the period 1800-1834 and using a large collection of letters written by the poor the article argues that the poor were tied into complex and highly functional kinship networks and that the structure, availability and functionality of kinship was an important component in the rhetoric and strategy deployed by the poor as they sought to establish their entitlement.
- « Frictions » d'empire : les réseaux de circulation des successions et des patrimoines dans la Bombay coloniale des années 1780 - Margot Finn p. 1175-1204 Cet article étudie les difficultés rencontrées par les transferts de fonds et de propriété entre l'Inde et la Grande-Bretagne à l'époque où la Compagnie anglaise des Indes orientales régnait sur l'Inde. Des études récentes ont mis l'accent sur le succès des « réseaux d'empire » construits par le colonialisme britannique grâce auxquels les personnes, les biens et les capitaux circulaient entre la métropole et ses colonies. Étudiant la façon dont un chirurgien de la Compagnie à Bombay dans les années 1780 s'était inséré dans un réseau de successions et de patrimoines, l'article montre que les freins apportés à leur circulation ont profondément modelé la forme et le fonctionnement des réseaux d'échange coloniaux.Frictions of empire : Colonial Bombay's probate and property networks in the 1780s This article examines impediments to the flow of capital and personal property from India to Britain in the era of the East India Company. Recent studies have emphasised the success with which British imperialists constructed effective networks, through which persons, goods and capital circulated between colonial outposts and the metropole. Through a case study of the probate and property networks that surrounded an East India Company surgeon in Bombay in the 1780s, this article argues that impediments to circulation fundamentally shaped the form and function of colonial networks of exchange.
- L'« éducation nationale » dans les îles Britanniques, 1765-1815 : Variations britanniques et irlandaises sur un thème européen - Joanna Innes p. 1087-1116
La culture des Européens
- Peut-on écrire une histoire de la culture européenne à l'époque contemporaine ? - Christophe Charle p. 1207-1221 Depuis quelques années, nombre d'historiens tentent d'écrire une histoire de la culture européenne à l'époque contemporaine. Le dernier en date est Donald Sassoon avec son ambitieuse synthèse, The culture of the Europeans. Au terme d'une lecture critique de ce livre, la note essaie de définir les thèmes, les méthodes et les démarches qui permettraient d'écrire une véritable histoire culturelle de l'Europe. Une telle histoire devra s'attacher à construire des indicateurs transnationaux qualitatifs, quantitatifs, cartographiques et si possible dynamiques. Elle devra varier les échelles d'analyse et de synthèse, articuler les questions propres à l'histoire culturelle aux problématiques des autres approches, sans s'y subordonner ni pour autant afficher une indépendance illusoire à l'égard des autres processus historiques. Il lui faudra aussi définir des lieux d'observation stratégiques (on pense ici aux capitales culturelles) permettant d'échapper à l'enfermement local ou national, sans se noyer dans une globalisation insipide où la spécificité du moment historique, de l'œuvre, du genre ou du public concerné disparaît.Is a cultural history of modern Europe possible ? In the last few years, several historians have tried to write a history of the modern European culture. Prominent among the last attempts is Donald Sassoon's ambitious The Culture of the Europeans. Through the review of the book, this article aims at defining the themes, the methods and the approaches that would lead to a successful cultural history of Europe. It identifies several prerequisites : to build a set of qualitative, quantitative, cartographic and–if possible–dynamic indicators ; to use several scales of analysis and synthesis ; to articulate the questions explored by cultural history to the historical processes studied by other approaches (without either deferring to them nor ignoring them) ; and finally to clearly define some strategic points of observation (such as cultural capitals) to escape both from local or national parochialism and from excessive generalisation that would obscure the specificity of any historical moment or cultural object.
- Peut-on écrire une histoire de la culture européenne à l'époque contemporaine ? - Christophe Charle p. 1207-1221
Héritage jacobin et bonapartisme
- Entre Robespierre et Napoléon : les paradoxes de la mémoire républicaine sous la monarchie de Juillet - Sudhir Hazareesingh, Karma Nabulsi p. 1225-1247 Le publiciste Albert Laponneraye jouissait d'une immense réputation dans les milieux républicains sous la monarchie de Juillet. Ardent robespierriste, il se décrivait comme issu d'une génération qui avait juré « haine et mort à la tyrannie » : c'est à travers cette notion de haine, composante essentielle d'une déontologie de la vertu, que nous analyserons sa culture politique républicaine. Cette haine provoquait aussi des instabilités qui révélaient les tensions (tout à la fois théoriques, pratiques, et mémorielles) auxquelles étaient confrontés les républicains ; les rapports complexes entretenus par Laponneraye avec le mythe napoléonien en témoignent.Between Robespierre and Napoleon : The paradoxes of republican memory during the July Monarchy The pamphleteer Albert Laponneraye enjoyed an immense reputation in republican circles in the July Monarchy era. A passionate defender of Robespierre, he hailed from a generation which had sworn “hatred and death to tyranny” : it will be through this notion of hatred, a key element in a wider doctrine of virtue, that his republican political culture will be analysed here. At the same time, this hatred generated fractures which revealed the multiple tensions (in the realms of theory, practice and memory) which confronted the republicans, as will be illustrated by Laponneraye's complex relationship with the napoleonic myth.
- Entre Robespierre et Napoléon : les paradoxes de la mémoire républicaine sous la monarchie de Juillet - Sudhir Hazareesingh, Karma Nabulsi p. 1225-1247
COMPTES RENDUS
- Comptes rendus. Royaume-Uni - p. 1251-1294