Contenu du sommaire : La crise sur un plateau
Revue | Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) |
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Numéro | no 130, octobre 2013 |
Titre du numéro | La crise sur un plateau |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Partie 1 : Prévisions
- La crise sur un plateau : Perspectives 2013-2014 pour l'économie mondiale - Xavier Timbeau p. 8-52 L'accélération attendue de la croissance mondiale en 2014 pourrait enfin laisser espérer la fin du marasme après six années de crise. Le terme possible de la crise dans la zone euro porte l'espoir d'une normalisation du fonctionnement de l'économie mondiale. Mais, au-delà de quelques chiffres positifs publiés depuis le début de l'année et de l'anticipation d'une fin de récession dans la zone euro, rien aujourd'hui n'indique que les difficultés sont surmontées. Les mécanismes de la crise des dettes souveraines peuvent se réactiver, les péripéties politico-budgétaires américaines, qui ont trouvé une issue temporaire, peuvent resurgir début 2014 et les tensions autour de la fiscalité et la hausse du chômage nourrissent les inquiétudes sociales.Selon les tenants de la rigueur à marche forcée, l'amélioration du climat conjoncturel dans la zone euro illustrerait les premiers bénéfices de la stratégie de consolidation budgétaire telle qu'elle a été conduite depuis 2010. C'est négliger l'effet multiplicateur très négatif de la rigueur sur l'activité, l'absence de coordination des ajustements qui a accentué l'effet récessif de ces choix de politique économique, et le mauvais calibrage de l'effort imposé aux pays qui a étouffé la reprise naissante en 2010 et empêché la résorption de la partie conjoncturelle des déficits. On peut plutôt voir dans l'embellie de la conjoncture en zone euro la conséquence des arrangements institutionnels qui ont permis de contenir la crise des dettes souveraines et qui ont consisté à faire endosser le risque de détention de dette souveraine par des tiers via une forme de mutualisation. La zone euro sera enlisée dans la faible croissance d'ici à 2015 et ne pourra guère compter sur le dynamisme vacillant de ses partenaires extérieurs, les États-Unis et les pays émergents.
- La zone euro écartelée : Perspectives 2013-2014 pour l'économie européenne - Céline Antonin, Christophe Blot, Sabine Le Bayon, Danielle Schweisguth p. 53-95 Après six trimestres de baisse, la zone euro a renoué avec une croissance positive au deuxième trimestre 2013, le PIB progressant de 0,3 %. À l'exception du secteur de la construction, les enquêtes de conjoncture sont mieux orientées, confirmant le retour d'une croissance positive dans les prochains trimestres sur l'ensemble de la zone. La confiance des marchés est revenue, comme en témoigne la poursuite de la baisse des taux souverains en Espagne en Italie. Un mouvement de convergence semble d'ailleurs amorcé puisque dans le même temps les taux sur la dette souveraine allemande et française ont augmenté. Les risques de crise de liquidité dans la zone euro semblent aussi s'atténuer. Le guichet de la BCE reste ouvert et les demandes de refinancement diminuent progressivement. La crainte d'un éclatement de la zone euro étant écartée, les principales menaces qui pourraient contrarier le retour de la croissance dans la zone euro résident dans la poursuite de l'ajustement budgétaire.Pour autant, il est encore prématuré d'affirmer que la zone euro est sortie de la récession. La poursuite, même à un moindre rythme, de la consolidation conjuguée aux pressions à la baisse des salaires en lien avec le niveau élevé du chômage pèsera sur le pouvoir d'achat des ménages dans la plupart des pays. Il ne devrait donc pas y avoir de reprise par la consommation, en dehors du cas particulier de l'Allemagne. La croissance sera insuffisante pour combler l'écart de croissance qui s'est creusé et réduire les divergences qui sont apparues dans la zone euro. Les pressions déflationnistes dans les pays du sud de l'Europe restent fortes, ce qui contraint le pouvoir d'achat et la consommation des ménages, en particulier les agents les plus endettés qui doivent faire face à leurs échéances. Dans ces conditions, la zone euro restera écartelée entre une fraction de pays où la crise laisse peu de traces et une autre durablement affaiblie économiquement, financièrement et socialement.
- France : moins d'austérité, plus de croissance : Perspectives 2013-2014 pour l'économie française - Éric Heyer, Marion Cochard, Bruno Ducoudré, Hervé Péléraux p. 97-153 En 2013, l'économie française devrait croître de 0,2 % en moyenne annuelle, ce qui lui permettrait de retrouver en fin d'année le niveau de production atteint six ans plus tôt, fin 2007. Cette performance médiocre est très éloignée du chemin qu'aurait dû normalement emprunter une économie en sortie de crise.Cinq ans après le début de la crise, le potentiel de rebond de l'économie française est important. Mais cette « reprise » a été freinée principalement par les plans d'économies budgétaires en France et dans l'ensemble des pays européens. Pour la seule année 2013, cette stratégie budgétaire aura amputé de 2,4 points de PIB l'activité en France.La prise de conscience de l'existence de multiplicateurs budgétaires élevés a été tardive, une fois que l'expérience de l'austérité eût produit ses effets sur la croissance. En mai 2013, elle a poussé les autorités européennes à étaler l'effort en prolongeant le délai imparti pour la correction du déficit excessif de six pays de l'Union, dont la France. L'allègement des exigences de la Commission offre un ballon d'oxygène au gouvernement pour atténuer l'austérité en 2014. Selon le budget présenté à l'automne 2013, l'effet interne de l'austérité s'atténuerait de 0,5 point entre 2013 et 2014, et dans la mesure où nos partenaires relâcheraient également leur restriction, une amélioration de la demande adressée à la France est anticipée. Au total, c'est près d'un point de croissance qui serait regagné en 2014 par rapport à 2013 grâce à l'allègement de la rigueur.Dans ces conditions, la croissance devrait être de 1,3 % en 2014 en moyenne annuelle, rythme trop faible pour envisager une amélioration du marché du travail. Le taux de chômage en France métropolitaine augmenterait légèrement pour s'établir à 10,9 % fin 2014. Il s'élèverait à 11,4 % pour la France entière.La contrepartie à l'allègement de la rigueur est un déficit public plus élevé que celui qui avait été initialement programmé. Il devrait s'établir à 3,5 % du PIB en 2014 après avoir atteint 4,1 % en 2013.
- La crise sur un plateau : Perspectives 2013-2014 pour l'économie mondiale - Xavier Timbeau p. 8-52
Partie 2 : Fiche thématique et fiches pays
- Pétrole : la poudrière syrienne - Céline Antonin p. 155-164
- États-Unis : une croissance plafonnée - Christine Rifflart p. 165-172
- Asie : crise ou coup de frein à la croissance ? - Amel Falah p. 173-180
- Amérique latine : en quête d'un nouveau souffle - Christine Rifflart p. 181-185
- Les PECO résistent - Marion Cochard p. 187-190
- Royaume-Uni : reprise fragile - Catherine Mathieu p. 191-198
- Allemagne : un long fleuve tranquille - Sabine Le Bayon p. 199-204
- Italie : une faible lueur au bout du tunnel - Céline Antonin p. 205-213
- Espagne : l'ajustement par la déflation - Danielle Schweisguth p. 215-221
Partie 3 : Étude spéciale
- Politiques monétaires : est-ce le début de la fin ? : Département analyse et prévision - p. 223-262 Depuis 2009, les principales banques centrales mettent en œuvre des politiques monétaires expansionnistes afin de stimuler l'activité économique, réduire les risques de spirale déflationniste et soutenir le système financier. Ces politiques se sont traduites par des taux d'intérêt fixés à leur plus bas niveau ou presque et par des mesures non conventionnelles. L'amélioration récente du climat conjoncturel et la volonté affichée des banques centrales d'organiser le retrait progressif des mesures non conventionnelles posent la question d'une éventuelle normalisation des politiques monétaires. Pour autant, toute hausse des taux d'intérêt d'ici 2014 est exclue. En effet, le risque inflationniste est inexistant et la croissance anticipée trop modérée pour entrainer une baisse rapide du taux de chômage. Or, la Réserve fédérale et la Banque d'Angleterre ont conditionné un relèvement du taux d'intérêt à une cible de taux de chômage. Cette politique de communication (forward guidance ou orientation prospective) relative aux taux d'intérêt a pour objectif d'ancrer les anticipations de taux et de fournir par ce biais un soutien à la croissance. Cette stratégie accompagne l'ensemble des mesures non conventionnelles de nature plus quantitatives telles que les programmes d'achat de titre ou les opérations exceptionnelles de refinancement du système bancaire. La normalisation des opérations de politique monétaire passe par un retrait progressif de ces mesures non conventionnelles. Mais l'annonce de Ben Bernanke d'un éventuel ralentissement progressif du rythme des achats de titres par la Réserve fédérale a provoqué de la volatilité sur les marchés et une augmentation rapide des taux à long terme. Dès lors, les banques centrales doivent faire preuve d'une grande prudence afin d'éviter une normalisation trop hâtive des politiques monétaires. Ceci d'autant plus que les risques associés à ces mesures (développement de nouvelles bulles, indépendance des banques centrales ou risques inflationnistes) ne paraissent pas être aujourd'hui la principale menace dans les pays industrialisés.
- Débat sur les perspectives économiques à court terme du 18 octobre 2013 - p. 263-274
- Politiques monétaires : est-ce le début de la fin ? : Département analyse et prévision - p. 223-262