Contenu du sommaire : Des camps pour étrangers
Revue | Plein droit |
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Numéro | no 58, décembre 2003 |
Titre du numéro | Des camps pour étrangers |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Édito
Des camps pour étrangers
- Sangatte, un symbole d'impuissance - Violaine Carrère p. 4-8 Emblème de l'exil, de la quête de refuge, d'un grand laxisme pour certains, et pour d'autres d'un accueil terriblement restrictif, Sangatte a marqué et marquera encore longtemps les discours, les imaginaires, les attitudes en France comme en Europe. Car si l'ouverture du camp a révélé une réalité qui peut ailleurs rester parfaitement insoupçonnée, sa fermeture n'a rien résolu.
- Des camps en France (1944-1963) - Marc Bernardot p. 9 Longtemps méconnue, l'histoire des camps français, notamment ceux de la période vichyste, a fait l'objet ces dernières années d'une importante production scientifique. Cependant, des camps ont continué à fonctionner en France après la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Certes, ils doivent être compris dans une logique d'exception à la logique démocratique et non d'exclusion comme ceux de la Collaboration. L'étude de ces formes moins connues de mise à l'écart permet néanmoins de mieux comprendre le phénomène de réapparition actuelle des « camps ».
- L'Europe des camps - Claire Rodier, Emmanuel Blanchard p. 14-17 La mise à l'écart d'étrangers, dont Sangatte est devenu le symbole, s'est généralisé, ces dernières années, au point qu'on peut évoquer la construction d'une « Europe des camps ». Par cette généralisation, ces camps perdent leur statut de réponse exceptionnelle pour devenir les instruments d'une gestion de l'immigration et de l'asile dotés d'une double fonction : lieux de relégation des indésirables, ils sont aussi et surtout, pour les Etats, une façon d'afficher, sur un mode ostentatoire, leur volonté de maîtriser les flux migratoires.
- L'internement républicain - Nicolas Fisher p. 18-24 S'il semble impossible de donner une définition du camp tant le phénomène présente une grande diversité, du moins a-t-on pu dégager une caractéristique commune essentielle à l'ensemble des camps : leur statut d'exception. Ils ont en effet pour point commun de mettre à l'écart des individus au statut juridique dégradé. Cependant, au-delà de ce fond commun, chaque camp est, en tant que dispositif de pouvoir, le carrefour de différentes manières d'articuler le rapport surveillant/surveillé.
- Cohabiter à Sangatte - Marc Bernardot, Isabelle Deguines p. 25-28 Comment l'ouverture du centre de Sangatte a-t-elle été perçue par ses habitants ? Le possible réveil d'un passé « oublié », la sécurisation de plus en plus grande du centre laissant penser que ses occupants représentaient un danger, l'ampleur de la médiatisation d'un événement – l'ouverture d'un « camp » – exceptionnel mais peu glorieux, tous ces éléments se sont combinés pour faire naître rumeurs et fausses informations qui ont généré, à leur tour, des phénomènes de rejet de la part des habitants. Avec la mise en place du collectif villageois s'est concrétisé le refus d'une identification locale stigmatisante.
- Bricolages administratifs - Marie Hénocq p. 29-32 Bien qu'il soit courant que le droit des étrangers soit appliqué avec un certain laxisme, voire ne soit pas appliqué du tout, la multiplication des détournements de procédures auxquels a donné lieu la fermeture du centre de Sangatte a atteint des sommets de manipulation des textes et parfois aussi des individus. Toutes les manœuvres de dissuasion mises en œuvre par l'administration n'ont eu qu'un effet, et probablement un seul objectif : ôter au problème sa visibilité .
- De Sangatte à Satragne - Violaine Carrère p. 33-36 En rayant de la carte le camp de Sangatte devenu un monument de visibilité, le gouvernement a mécaniquement renvoyé les exilés à la situation antérieure à l'ouverture du camp. Interdits de Calaisis, nombre de ces exilés se regroupent aujourd'hui à Paris, dans le Xe arrondissement, car ce n'est évidemment pas l'ouverture du camp de Sangatte qui avait attiré les dizaines de milliers d'étrangers qui ont transité à Calais.
- La criminalisation des réfugiés en Australie - Eva Le Pallec p. 37-40 Si l'immigration est la base de la construction de la société australienne, elle est aussi la source d'un conflit majeur. Sa désignation, ces dernières années, comme une menace, a favorisé la résurgence de la vision conservatrice d'une Australie blanche. Les événements du 11 septembre ont achevé de diaboliser certains étrangers et entériné l'amalgame entre terroristes et demandeurs d'asile. Concrètement, la nouvelle politique d'immigration s'est traduite par des camps d'internement où hommes, femmes et enfants sont détenus pour une durée illimitée dans des conditions parfois inhumaines.
- Sangatte, un symbole d'impuissance - Violaine Carrère p. 4-8
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